Afrique : les nouvelles rivalités stratégiques

Les années 2021, 2022 et 2023 ont vu le Mali, le Burkina Faso et le Niger opérer un changement stratégique significatif en s’alliant avec la Russie, dans le prolongement de son implantation en République Centrafricaine (2018) et de son renforcement en Libye (2019). La Russie poursuit ainsi sa stratégie des dominos, pour reprendre un vocable imagé de la Guerre Froide, avec plusieurs pays dans le viseur. Cette situation alerte particulièrement les démocraties occidentales, en raison de la profondeur stratégique considérable que pourraient offrir ces pays. Pour cette raison, les États-Unis essayent de changer de stratégies, vers une prise en compte plus large des enjeux (économiques, politiques), tout en parvenant difficilement à sortir d’un cadre très sécuritaire (lutte contre le terrorisme notamment). La France fait de même, prise dans une nécessaire mais difficile autocritique, subissant une séquence politique dont elle peine à se sortir et essayant une nouvelle approche.

Les chercheurs et observateurs, comme les responsables politiques africains, contestent parfois la grille de lecture de l’Afrique comme territoire de compétition stratégique, en raison d’une invisibilisation des dynamiques africaines qui en résulteraient. Ce point est important et impose d’étudier les stratégies propres des acteurs africains qui sont aussi partis de ces rivalités. Qu’on le veuille ou non, se joue actuellement une "Guerre Froide 2.0" sur le continent africain et celle-ci impacte en premier lieu les peuples africains. Ces dynamiques sont centrales dans la montée en tension actuelle du monde. Cette série d'été propose de les décrypter.

Copyright image : Yasuyoshi CHIBA / AFP