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15/07/2024

[Afrique : les rivalités stratégiques] - Tchad, Côte d’Ivoire, RDC : dans le viseur de Moscou

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[Afrique : les rivalités stratégiques] - Tchad, Côte d’Ivoire, RDC : dans le viseur de Moscou
 Jonathan Guiffard
Auteur
Expert Associé - Défense et Afrique

[Série Afrique : les nouvelles rivalités stratégiques] Dans cette nouvelle série, notre expert Jonathan Guiffard propose de mettre en lumière les stratégies de différents acteurs internationaux sur le continent africain. Entre rivalités politiques, compétitions stratégiques et choc des modèles de valeur, les changements rapides qui ont lieu en Afrique Centrale et en Afrique de l’Ouest imposent de renouveler la compréhension des enjeux.

Dans le cadre de ces nouvelles rivalités et à l’aune du basculement des juntes sahéliennes aux côtés de la Russie, plusieurs pays sont actuellement ciblés par Moscou pour opérer un rapprochement stratégique ou pour déstabiliser leurs responsables politiques. Le Tchad, la Côte d’Ivoire et la République Démocratique du Congo sont probablement les trois pays les plus à risque.

Au mois de mai 2024, le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, était en tournée dans plusieurs pays d’Afrique. Il s’est rendu en Guinée (Conakry), au Burkina Faso, en République du Congo (Brazzaville) et au Tchad. Ce déplacement serait bénin, comme toute activité diplomatique classique, s’il ne s’inscrivait pas dans un espace traversé par de vives tensions depuis 2021.

Depuis la "prise de contrôle" progressive de la République Centrafricaine par les conseillers militaires et politiques russes (2018), l’intervention musclée en Libye des mêmes forces auprès du maréchal Haftar (2019), et surtout le soutien politique et militaire apporté aux trois juntes sahéliennes, issues de coups d’États au Mali (2020), au Burkina Faso (2022) et au Niger (2023), les rivalités russo-occidentales sont devenues très aiguës sur le continent africain.

Les rivalités russo-occidentales sont devenues très aiguës sur le continent africain.

Les raisons de ces rivalités, en premier lieu l’invasion russe en Ukraine, s’aggravent, ce qui rajoute du carburant à la compétition/confrontation sur le continent africain, espace devenu central dans ces rivalités et dont les responsables politiques jouent plus ou moins habilement pour leurs propres intérêts et agendas nationaux.

Dans ce cadre, d’initiative ou à la demande d’acteurs africains, la Russie poursuit une stratégie de déstabilisation des positions diplomatiques, économiques ou militaires de la France, de l’Europe et des États-Unis dans la région. Désormais, le Tchad, la Côte d’Ivoire et la République Démocratique du Congo (RDC, Kinshasa) sont dans le viseur.

Tchad, un domino déjà tombé ?

Une perspective géographique est utile pour entrer dans la situation tchadienne.

Le Tchad est bordé au Nord par la Libye, dont la frontière est contrôlée partiellement par les forces du maréchal Haftar, allié de la Russie. Ce territoire sert de plateforme logistique pour les conseillers militaires russes, leur présence ayant récemment augmenté localement, mais aussi de sanctuaires pour des forces opposées au régime du clan Déby, notamment le FACT à l’origine de plusieurs raids contre N'djamena, le dernier ayant tué l’ancien président Idriss Déby en avril 2021.

Le Tchad est bordé à l’Ouest par le Niger, désormais sous contrôle de la junte militaire du général Tchiani et de ses alliés russes. Les forces françaises et américaines y ont été récemment conduites vers la sortie. La société civile y est verrouillée. Les conseillers militaires russes y sont arrivés récemment.

Le Tchad est bordé à l’Est par le Soudan, actuellement en prise à une guerre civile et une situation humanitaire désastreuse. Les forces du général Hemetti sont soutenues par des conseillers militaires russes. Or, il est en contrôle de la frontière avec le Tchad étant bien implanté dans la région du Darfour limitrophe. Le Tchad est bordé au Sud-Est par la République Centrafricaine, actuellement sous contrôle total de la Russie par l’entremise du président Touadéra et son entourage. La présence militaire russe y est significative.

Seules les frontières Sud/Sud-Ouest ne sont pas sous le contrôle d’un allié de la Russie, au Nigéria et au Cameroun, mais celles-ci sont sous pression des jihadistes de Boko Haram et de l’État Islamique (ISWAP).

L’encerclement géographique du Tchad par des forces adverses est une réalité. Ainsi, le Tchad est un territoire qui relie pas moins de 4 espaces de présence des forces russes. Il accueille un commandement des forces françaises à Ndjamena et constitue un allié symbolique de la France, de l’Europe et des États-Unis, même si ceux-ci ont accru leurs distances récemment. En effet, alors que le président de transition, Mahamat Déby, avait promis en 2021 d’organiser un dialogue national et de se retirer à l’issue, celui-ci, sous pression de son clan (Zaghawa) et pour ses intérêts personnels, a fait le choix de se présenter à l’élection présidentielle, qu’il vient de remporter le 6 mai 2024.

 

Il a réussi à se maintenir par une succession de coups politiques (dialogue national compliqué avec le retour à Ndjamena d’opposants historiques ; nomination de l’opposant Succès Masra à la primature), d’une répression importante (journée noire du 22 octobre 2022 ; décès de l’opposant Yahia Dillo, le 28 février 2024, lors d’une opération d’arrestation) et d’une stratégie de funambule à l’égard de la Russie.  En effet, il a initialement négocié le maintien d’un soutien occidental en faisant peser les risques associés d’une bascule dans le camp russe, comme le demandent plusieurs membres du clan au pouvoir et de l’armée.

L’encerclement géographique du Tchad par des forces adverses est une réalité. Ainsi, le Tchad est un territoire qui relie pas moins de 4 espaces de présence des forces russes.

Ce chantage est en train de basculer en faveur de la Russie, bien que celle-ci reste prudente. En janvier 2024, le président Déby s’est rendu en Russie où il aurait sollicité un soutien plus important de Moscou, mais les autorités russes seraient restées prudentes en raison d’un supposé déficit de popularité du président Déby. D’autres leaders du clan Zaghawa, notamment des opposants historiques comme les frères Erdimi, pro-russes, auraient pu constituer des alternatives plus sérieuses. Une chose est sûre : Mahamat Déby a gagné l’élection de mai avec une avance confortable, ce qui pourrait avoir levé les réserves russes. En effet, des conseillers politiques russes ont été signalés à N'djamena le jour de l’élection, sans que les raisons de leurs présences ne puissent être précisées. Un relâchement à la frontière tchado-centrafricaine a aussi été observé, pouvant annoncer un apaisement des relations avec Bangui. Et maintenant la venue du ministre Lavrov. Un nouveau vent souffle à N'djamena, qui pourrait rapidement tourner en faveur de Moscou.

La Côte d’Ivoire, le colosse au pied d’argile

En Afrique de l’Ouest, la seconde cible de l’ingérence offensive russe est la Côte d’Ivoire. Première ou seconde économie, avant/après le Nigéria selon les critères, ce géant régional est considéré comme un allié des Occidentaux et présente suffisamment de failles politiques à exploiter pour que la Russie tente une manœuvre de déstabilisation, notamment dans la perspective des élections présidentielles de 2025. À ce stade, cette stratégie semble passer par 3 axes : une politique de confrontation menée par les chefs de l’Alliance des États du Sahel d’abord ; un soutien indirect à l’opposant politique Guillaume Soro ensuite ; une campagne informationnelle contre le président Alassane Ouattara enfin.

Les sanctions prises par la CEDEAO contre les juntes sahéliennes et les fortes tensions qui en ont résulté ont accru les rivalités entre les juntes militaires de l’Alliance des États du Sahel (AES) et des pays comme le Nigéria, le Bénin et la Côte d’Ivoire. Cette dernière est désormais dans le viseur du Mali et du Burkina Faso : en 2022, les autorités maliennes avaient par exemple arrêté arbitrairement 49 soldats ivoiriens, ouvrant ainsi une longue crise diplomatique, et les tensions politico-économiques réapparaissent souvent, notamment sur le sujet de l’électricité que fournit au Mali la Côte d’Ivoire. De même, le Burkina Faso a fortement accru les tensions avec son voisin ivoirien : envois d’officiers de renseignement pour décrier la CAN en ligne ; accrochage à la frontière entre les deux armées ; prises de position très fortes du capitaine Traoré, chef de la junte burkinabé, contre la Côte d’Ivoire, accusée d’accueillir l’opposition burkinabé.

Les sanctions prises par la CEDEAO contre les juntes sahéliennes et les fortes tensions qui en ont résulté ont accru les rivalités entre les juntes militaires de l’Alliance des États du Sahel (AES) et des pays comme le Nigéria, le Bénin et la Côte d’Ivoire.

En raison de ces tensions, les autorités ivoiriennes sont pleinement conscientes d’être la cible de leurs voisins sahéliens, mais restent particulièrement discrètes sur le plan médiatique. Un choix semble avoir été pris à Abidjan de ne pas envenimer cette situation, d’apaiser les tensions, alors même que, par exemple, Ouagadougou est désormais la base arrière de Guillaume Soro (GS), ancien premier ministre ivoirien en exil, condamné par la justice ivoirienne et premier opposant d’Alassane Dramane Ouattara, ADO.

En effet, depuis novembre 2023, GS est revenu s’installer au Sahel dans l’optique d’un retour ultérieur en Côte d’Ivoire. Opposant déclaré à ADO, il souhaite se présenter à l’élection présidentielle de 2025. Dans ce cadre, il a repris une forte activité sur les réseaux sociaux et se voit soutenu par un dispositif très actif de comptes, assumés ou anonymes. Or, l’entourage de GS semble reprendre les mêmes techniques de contestation que les oppositions qui ont permis d’installer les juntes sahéliennes, en s’attaquant notamment à la coopération qu’il entretient avec la France.

Considérant le nouveau positionnement de GS qui, avant 2020-22, n’avait pas encore emprunté une voie pro-russe et anti-française, le retour de GS de son exil annonce une période de déstabilisation à venir en Côte d’Ivoire. En effet, à partir de novembre 2023, il se met en scène au Niger et au Burkina Faso, où il rencontre les chefs des juntes. Peu de temps avant, il se serait rendu plusieurs fois au Mali, pour rencontrer les autorités militaires. Cet alignement affiché avec les trois juntes militaires sahéliennes, pro-russes et anti-françaises, ayant quitté avec fracas la CEDEAO, est une prise de position qui ne trompe pas. Son rôle supposé dans l’affaire des 49 soldats ivoiriens arrêtés ou son possible lien avec l’ancien désinformateur "Gauthier Pasquet" permettent d’émettre l’hypothèse d’une volonté de renverser ADO par tous les moyens.

En janvier 2023, un dessin animé attribué à Wagner, ancien groupe de mercenaires russes, ciblait pour la première fois la Côte d’Ivoire et appelait à sa libération par la Russie : GS pourrait être le responsable politique en mesure de faire advenir cet objectif stratégique. La convergence des intérêts est claire, même si GS indique maintenir une distance avec la Russie.

Une étude fine du comportement en ligne des trolls et comptes anonymes pro-russes et pro-AES permet de comprendre que la République de Côte d’Ivoire (RCI) est un objectif de la Russie. Un volume assez conséquent de critiques, mais aussi de désinformation, sont poussés contre les autorités ivoiriennes par des relais d’influence et désinformateurs connus pour soutenir activement la Russie ou les juntes sahéliennes en ligne (et faire taire les oppositions et critiques), mais aussi par des comptes anonymes soutenant GS. Rien n’indique que GS et son entourage soient maîtres de leurs activités, mais il est vraisemblable que les fermes à trolls russes ou sahéliennes aient choisi de soutenir GS et son retour dans la vie médiatique, numérique et politique.

Les récits mis en œuvre sont ceux qui constituent actuellement une rente politique importante dans la sous-région :

  • attaque de l’influence française par une condamnation systématique et coordonnée des actions de la France dans la région ;
  • dénonciation des liens entre la France et la Côte d’Ivoire, qui impliquera un moment ou un autre la présence française (FFCI), les entreprises françaises et la coopération politico-sécuritaire ;
  • la dégradation sécuritaire au nord du pays, en cas de reprises des attaques terroristes, sera exploitée contre le gouvernement ivoirien ;
  • les codes du panafricanisme sont utilisés pour mobiliser la jeunesse, mais aussi les partisans de Laurent Gbagbo (LG) qui pourraient opportunément jouer la carte souverainiste, panafricaine, pro-russe ou anti-française depuis l’intérieur du pays. Un rapprochement entre GS et LG n’est pas à exclure, ce dernier ayant récemment dénoncé plusieurs fois l’exil de GS et le traitement de ses partisans dans le pays ;
  • la solidarité avec d’autres causes régionales, notamment au Sénégal ou en RDC, comme certains relais d’influence ont déjà commencé à le faire ;
  • la mise en cause des institutions démocratiques.

 

La RDC, un géant en proie à une situation sécuritaire très dégradée

Sur le plan méthodologique, le suivi de l’activité en ligne des trolls pro-russes en Afrique de l’Ouest est un bon indicateur des objectifs de Moscou et reflète d’une manière ou d’une autre des ordres passés par les organes de force russes. En effet, depuis le début de l’année 2024, un sujet (et ses hashtags associés tels que #freecongo, #alleyesoncongo ou #rwandaiskilling) apparaît de plus en plus : la situation en République Démocratique du Congo et le supposé génocide qui serait mené dans l’Est du pays par le Rwanda. La situation sur place est sensiblement plus complexe et nuancée, mais ces signaux faibles montrent que le dispositif d’ingérence politique russe va se saisir progressivement de la situation en RDC pour avancer ses pions.

La situation en RDC est dans le viseur de la Russie depuis au moins la reprise de l’offensive du mouvement rebelle M23, fin 2021. En effet, cette rébellion armée a repris les armes contre le pouvoir congolais, dans l’Est du pays, et poursuit toujours sa progression. Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir cette rébellion, celle-ci ayant été active dans les années 2000/2010 et soutenue à l’époque par le Rwanda et l’Ouganda.

 La situation en République Démocratique du Congo et le supposé génocide qui serait mené dans l’Est du pays par le Rwanda

Depuis 2022, la France et les États-Unis animent des négociations entre les présidents Tshisekedi et Kagame pour réduire les tensions et parvenir à un cessez-le-feu. Le contexte de racisme et de répression des populations rwandophones de RDC par le pouvoir, les échauffourées entre les armées congolaises et rwandaises à la frontière, le contrôle illégal de ressources minières par le M23, la présence des héritiers du génocide rwandais mené par les Hutus au sein des FLDR, le rapprochement franco-rwandais malgré la proximité franco-congolaise, la présence de l’ancien président Joseph Kabila dans l’opposition congolaise (à l’origine du cessez-le-feu de 2013) sont autant de facteurs explicatifs de la crise actuelle et des difficultés à la résoudre.

Or, dans ce contexte compliqué, une partie de l’armée congolaise accroît la pression sur le président Tshisekedi pour s’aligner avec Moscou et recevoir ainsi une aide militaire significative pour repousser le M23. Cette demande est d’autant plus pressante que les cadres militaires et politiques les plus anti-rwandophones considèrent que Paris et Washington sont alignés avec le Rwanda et que c’est la raison pour laquelle ils font maintenir par l’ONU une résolution d’embargo sur les ventes d’armes à la RDC pour les forces non conventionnelles. Il existe donc une opportunité à saisir pour Moscou afin d’accroître son influence et sa présence dans le plus grand pays d’Afrique Centrale, le plus riche en ressources (bois, minerais, terres rares) et un allié des démocraties occidentales, malgré une classe politique prédatrice et bien peu démocrate. La présence de la RCA à la frontière nord est un avantage supplémentaire pour les forces russes.

Récemment, dans un contexte de retrait progressif de la MONUSCO, Moscou a effectué une prise de position tenant du signal stratégique en se disant prête à signer des accords de coopération militaire avec Kinshasa, qui n’ont en réalité pas été validés par les institutions congolaises. Celles-ci ont d’ailleurs dû répondre par un communiqué afin d’éteindre les rumeurs de rapprochement. Cette sortie diplomatique de Moscou a lieu en même temps que les récits des trolls russes appelant à mettre fin à un supposé génocide des congolais. Sans excuser aucun crime du M23, mouvement rebelle extrêmement violent et peu contrôlé, la qualification volontairement provocatrice, cherchant à retourner le stigmate des Rwandais contre eux, est une tactique classique des mesures actives russes. Elle constitue une bonne focale pour générer du soutien auprès des autorités et forces armées congolaises, coutumiers de crimes sur le terrain.

Une méthodologie russe d’ingérence en cours de raffinement

Le piège de cette nouvelle Guerre Froide est en train de se refermer à N’djamena et de s'attaquer à la RCI et la RDC : les forces politiques africaines au pouvoir ou souhaitant y accéder peuvent désormais utiliser le levier stratégique russe contre les réserves des démocraties. Les plaques tectoniques bougent vite et l’absence de stratégies, de moyens de pression et de contre-leviers par les Occidentaux en fait des cibles faciles sur le plan stratégique. La Russie n’étant pas un épouvantail pour des populations africaines soumises à d’autres enjeux quotidiens (terrorisme, sous-développement, réchauffement climatique), les démocraties occidentales sont temporairement délégitimées et prises en étau : critiquer les dérives autoritaires, poussant leurs alliés vers la Russie, ou soutenir des régimes dictatoriaux en minimisant les critiques pour ne pas les perdre, leur offrant de nouvelles marges de manœuvre qui à la fin se retournent contre les démocraties. Cette position est actuellement perdante-perdante et impose de revoir complètement le cadre stratégique.

Le piège de cette nouvelle Guerre Froide est en train de se refermer à N’djamena et de s'attaquer à la RCI et la RDC.

Pendant ce temps, la stratégie russe se raffine progressivement et évolue, malgré la consommation des ressources militaires en Ukraine. La détermination russe ne semble pas entamée sur le territoire africain.

Le fil stratégique pourrait se résumer ainsi :

  • installer des têtes de ponts politiques et logistiques, depuis lesquelles mener des campagnes d’ingérence et d’influence politique dans des pays tiers ;
  • répondre par une assurance stratégique (politique et militaire) aux forces politiques susceptibles de saisir le pouvoir contre les Occidentaux et leurs alliés ;
  • ou identifier et soutenir des responsables d’opposition pour favoriser leurs prises de pouvoir ;
  • déployer des conseillers militaires dès qu’un alignement est admis, pour sécuriser les nouveaux alliés et, dans un second temps, répondre éventuellement à leurs enjeux de sécurité, sans limites mais avec contreparties économiques ;
  • déployer des conseillers politiques pour structurer les nouvelles autorités (campagnes de pub, campagnes politiques, propagande et désinformation en ligne, changement constitutionnel, connexions d’acteurs régionaux entre eux) ;
  • poursuivre cette expansion par des campagnes de propagande, de désinformation et de signal stratégique vers des nouvelles cibles présentant des avantages (expulsion des Occidentaux ; intérêts économiques ; positions stratégiques).


Cette mécanique se poursuivra tant que les démocraties occidentales n’auront pas identifié de stratégies propres et innovantes, ou que les forces politiques africaines, notamment démocratiques, ne parviendront pas à opposer des digues solides.


Copyright image : Mikhail METZEL / POOL / AFP
Le 24 janvier 2024, le président du Tchad Mahamat Idriss Deby rencontrait Vladimir Poutine à Moscou.

 

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