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[Le Monde de Trump] - Corée du Sud : "Trump est fort avec les faibles, faible avec les forts"

[Le Monde de Trump] - Corée du Sud :
 Michel Duclos
Auteur
Expert Résident, Conseiller spécial - Géopolitique et Diplomatie
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Le Monde de Trump

Après la rencontre entre le président Trump et son homologue sud-coréen, Lee Jae-myung, le 29 octobre à Séoul, Michel Duclos s’entretient avec Chung-in Moon, ancien conseiller spécial du président Moon Jae-in [2017-2022] pour les Affaires étrangères et la Sécurité nationale, désormais Professeur à la Yonsei University, dans un nouvel épisode de sa série [Le monde de Trump]. Chantage aux investissements, conditionnalité du parapluie nucléaire américain, fin du libre-échange : où va l’alliance entre les États-Unis de Trump et la Corée du Sud ?

Institut Montaigne - Quel bilan faire de la récente tournée du président Trump en Asie ? et que révèle-t-elle de l’état des relations sino-américaines ?

Professeur Moon - Quelle que soit la négociation, le président Trump revendique la victoire. Lors de sa visite en Chine, il a obtenu l'accord du président Xi pour acheter du soja américain et assouplir certains contrôles à l'exportation de terres rares. À première vue donc, Trump semble gagnant. Mais Xi n’est pas en reste : réduction des droits de douane américains, assouplissement des contrôles américains à l'exportation sur les technologies critiques et, surtout, pas un seul mot sur le détroit de Taiwan. Les relations sino-américaines en ressortent donc mutuellement renforcées mais … Trump est perdant, Xi gagnant. La posture de négociation de Xi a remarquablement bien fonctionné. L'épisode confirme, une fois de plus, que Trump est fort avec les faibles, faible avec les forts.

L'épisode confirme, une fois de plus, que Trump est fort avec les faibles, faible avec les forts.

Lors de cette tournée,Trump a également assisté au sommet de l’ASEAN — dont il s'est surtout servi comme d’une plateforme d’arbitrage pour le conflit entre la Thaïlande et le Cambodge.

Il s'est ensuite rendu à Tokyo pour rencontrer la nouvelle Première ministre, Sanae Takaichi, avant d’aller en Corée pour le sommet de l'APEC [Forum de coopération économique Asie-Pacifique] qui se tenait les 31 octobre et 1er novembre, sans participer formellement au sommet : il s'est contenté de rejoindre un dîner en amont et s’est réuni, de façon bilatérale, avec le président Lee Jae-myung et le président Xi Jinping. Cela ne laisse guère de doute sur la place de l’ASEAN et de l’APEC dans ses priorités stratégiques.

Institut Montaigne - La Chine s’est servie de ses terres rares comme moyen de chantage sur les États-Unis : ce fut un élément clé de son succès, voire de sa victoire. Est-on à un tournant ?

Professeur Moon - La Chine s’inscrit dans un schéma donnant-donnant très classique. Elle dispose d'un énorme pouvoir d'achat et de vastes réserves de minéraux critiques, ce qui lui permet un positionnement très simple : ne pas provoquer en premier les États-Unis, mais si ceux-ci en prennent l’initiative, riposter de manière à paralyser l'Amérique. Cette stratégie a fonctionné.

Institut Montaigne - Plus largement, si l’on observe les relations des États-Unis avec la région au sens large : Trump privilégie–t-il avant tout les relations bilatérales ?

Professor Moon - Oui. Pour le président Trump, le terme d’“ouverture régionale” n'a pas plus de sens que celui de “multilatéralisme”. Son approche est massivement bilatérale et même unilatérale, sans qu’on puisse lire une approche trilatérale. On s’attendait à ce que Trump organise un sommet États-Unis-Corée du Sud-Japon, comme l'avait fait le président Biden. Ce ne fut pas le cas. 

Institut Montaigne - Qu'en est-il de la relation entre la Corée du Sud et les États-Unis ? La Corée du Sud est-elle prête à faire des compromis, et quelles sont ses lignes rouges ? Comment réagirait Séoul si Washington réduisait finalement sa présence militaire en Corée du Sud ?

Professor Moon - Séoul a une importance stratégique bien au-delà des sujets de droits de douane ou d’investissements : pour Washington, il s’agit de moderniser le système d'alliance entre la Corée du Sud et les États-Unis, avec trois exigences fondamentales de la part des États-Unis : 

  • L'argent : Trump considère la Corée du Sud comme un passager clandestin en matière de sécurité et de défense, et voudrait qu’elle prenne en charge une plus grande partie du fardeau, sur au moins deux aspects :  premièrement, l'augmentation des dépenses de défense, avec une Corée du Sud qui consacre actuellement environ 2,6 % de son PIB à la défense, alors que Trump veut hausser cette part à 5 %. Deuxièmement, l'augmentation du partage des coûts générés par les forces américaines stationnées en Corée du Sud : Washington cherche à faire passer la contribution de Séoul de 1 milliard de dollars US par an à 10 milliards.
  • La “flexibilité stratégique” : Washington veut le droit de déplacer les forces américaines à l’intérieur et en dehors de la Corée du Sud sans consultation préalable de Séoul.
  • Un engagement formel de la Corée du Sud à soutenir les forces américaines si nécessaire dans le détroit de Taiwan ou la mer de Chine méridionale. 


En cas de refus de ces trois exigences, Washington est claire : ce serait une réduction, voire le retrait des forces américaines de Corée du Sud. Mais Séoul, comme l'a exposé clairement le Président Lee, ne peut pas pleinement s’y conformer  : 

  • La Corée du Sud augmentera les dépenses de défense à 3,5 % du PIB d’ici trois ans, et vers 5 % dans un avenir proche, mais elle n'augmentera pas le partage des coûts au-delà d'un milliard de dollars US.
  • Séoul ne peut pas accepter la doctrine américaine de flexibilité stratégique, qui saperait la stabilité stratégique de la péninsule coréenne.
  • La Corée du Sud ne peut pas déployer de forces à Taïwan ou en mer de Chine méridionale, car cela serait une invite à l'aventurisme militaire de la Corée du Nord et accélérerait la coopération et la coordination entre Pékin et Pyongyang. Tout est lié.

Enfin, Séoul insiste pour reprendre le contrôle opérationnel de ses propres forces, environ 500 000 hommes actuellement sous contrôle opérationnel américain. Le secrétaire à la Défense des États-Unis aurait accepté le transfert. C'est une évolution positive. Dans l'ensemble, le président Lee cherche à ne pas surréagir face aux retournements de posture des forces américaines : il sait que Séoul doit maintenir son alliance avec les États-Unis et qu’il en va du sort de la dissuasion nucléaire. La logique est irrésistible : si la Corée du Sud ne peut désormais plus compter sur le parapluie nucléaire américain, elle devra envisager de se doter de l'arme nucléaire.

Institut Montaigne - N'est-ce pas une opportunité pour la Corée du Sud ?

Professor Moon - Le pays est agité par de vifs débats internes. Les conservateurs estiment que le parapluie nucléaire américain est “déchiré” : ils appellent au transfert des armes nucléaires tactiques américaines sur le sol de la Corée du Sud. Washington refuse, au motif qu’un redéploiement serait un facteur de perturbation plutôt que de stabilisation  pour la dissuasion nucléaire. Certains conservateurs en appellent donc à un partage nucléaire de type OTAN, mais les obstacles juridiques et politiques sont immenses. La Déclaration de Washington signée par le président Biden et le président Yoon le 26 avril 2023 a créé un Groupe consultatif nucléaire pour la planification, les exercices conjoints et le partage de renseignements. L’administration Trump interprète cette déclaration comme une solution de substitution au partage nucléaire, ce que les conservateurs récusent, considérant la déclaration comme plus symbolique qu’autre chose et arguant que la Corée du Nord représente une menace existentielle majeure pour la Corée du Sud. Ils prônent une stratégie d’équivalence, arme nucléaire contre arme nucléaire. D’autres souhaitent que la Corée du Sud dispose de capacités nucléaires latentes, comme le Japon, mais le gouvernement Lee refuse pour l’instant de chercher à doter la Corée du Sud de capacités nucléaires indépendantes — position qui pourrait être amenée à évoluer sous pression de l’opinion publique intérieure.

Institut Montaigne - À Washington, le président Lee a déclaré qu'il n'était plus possible pour la Corée du Sud de concilier recherche de ses intérêts économiques avec la Chine d’un côté et recherche de ses intérêts sécuritaires avec les États-Unis de l’autre. Est-ce que ce n’est pas prendre le risque de “mettre tous ses œufs dans le même panier”, surtout si les États-Unis venaient à faire défaut à Séoul sur les enjeux de sécurité ?

Historiquement, Séoul a eu une double approche : la sécurité avec les États-Unis, l’économie avec la Chine.

Professeur Moon - Historiquement, Séoul a eu une double approche : la sécurité avec les États-Unis, l’économie avec la Chine. Au Center for Strategic and International Studies [CSIS] à Washington en août dernier, le président Lee a déclaré : “Désormais, les États-Unis seront un partenaire en matière de sécurité, mais aussi d'économie”.

En réalité, l’approche n’est pas tellement politique, mais plutôt rhétorique : il s’agit surtout d’adresser un signal diplomatique à l’auditoire conservateur de Washington. À Pékin, on aurait tout aussi bien pu affirmer que la Chine était un partenaire crucial tout à la fois pour les enjeux économiques et sécuritaires…

Toutefois, la protection nucléaire de la Corée du Sud repose sur les États-Unis : le président Lee doit donc préserver son alliance avec Washington, en dépit de sa volonté de nouer un partenariat stratégique de coopération avec la Chine. En sous-main, les discussions en coulisses entre Xi Jinping et Lee Jae-myung, lors du sommet de l'APEC, ont été bien plus poussées que ce que ne l’ont laissé entendre les rapports publics. Lee est conscient que la Chine est à la fois puissante et proche, et que par conséquent la Corée du Sud doit éviter de s’en faire un adversaire.

Institut Montaigne - Sachant le peu d’intérêt porté par Trump aux forums multilatéraux, et compte tenu de sa préférence pour les accords bilatéraux, voyez-vous une stratégie américaine cohérente, ou procède-t-elle du cas par cas ?

Professor Moon - L’approche américaine n’est pas cohérente. Elle combine une approche transactionnelle - celle de Trump-, l'idéologie MAGA et les faucons lancés contre la Chine, ceux que, tels Elbridge Colby ou Pete Hegseth, l’on appelle les “prioritizers”. Pour le dire en résumé, concernant l’Asie, deux visions se font concurrence aux États-Unis : l'approche transactionnelle de Trump et celle des prioritizers. Par conséquent, Washington envoie des signaux contradictoires. D’un côté, Trump est disposé à un accord avec Kim Jong-un et demeure largement indifférent à Taiwan : il privilégie le plus offrant, en espèces sonnantes et trébuchantes ou d’investissements — à la différence des prioritizers.  De l’autre, des figures clés du Département d'État et du Pentagone poussent à un endiguement stratégique de la Chine et veulent nouer des liens solides avec les alliés et partenaires, tout en attendant de ces derniers qu’ils partagent davantage le fardeau de la défense.

La Corée du Sud reste sceptique. Tant que les États-Unis n’auront pas une stratégie plus cohérente et unifiée avec la Chine, la Russie ou la Corée du Nord, la fiabilité de leur alliance  sera compromise, et il sera difficile pour les Coréens de compter sur Washington. L’absence de visibilité de la politique américaine à leur égard alimente chez les Sud-Coréens le désir de réduire leur dépendance vis-à-vis des États-Unis et de renforcer la posture d'autodéfense du pays.

Institut Montaigne - Qu’est-ce que cela implique pour la relation entre la Corée du Sud et l'Europe ?

Professor Moon - La Corée du Sud voudrait approfondir ses liens avec les pays européens. La première raison à cela est que nous savons que l'Union européenne ne démantèlera pas son accord de libre-échange avec la Corée du Sud (2011), contrairement à ce qui s’est passé avec le président Trump. Les décideurs politiques coréens veulent identifier de nouveaux enjeux stratégiques de coopération avec l'Europe. La coopération avec l'Europe fait largement consensus en Corée du Sud, que ce soit économiquement, socialement ou culturellement.

Institut Montaigne - Revenons aux relations entre la Corée du Sud et les États-Unis. Votre gouvernement a plus ou moins accepté les droits de douane de Trump, malgré l’accord de libre-échange de 2006. Quelles sont les conséquences pour l'économie coréenne ? L'industrie coréenne se diversifie-t-elle ? Le Partenariat économique régional global [RCEP, entre 15 pays de la zone pacifique] ou l'APEC pourraient-ils remplacer le marché américain ? Et la nouvelle coopération avec les États-Unis  dans le secteur de la construction navale conduira-t-elle la relation dans une nouvelle direction ?

Professor Moon - Lors de son premier mandat, Donald Trump avait déjà exigé, et obtenu, des amendements importants à l’Accord de libre-échange entre la Corée du Sud et les États-Unis, extorquant efficacement de nombreuses concessions à la Corée du Sud. Pourtant, les États-Unis ont continué à enregistrer un déficit commercial avec la Corée du Sud. Lors de son second mandat, Trump est allé plus loin : il a mis fin à l’accord de libre-échange, imposé des droits de douane de 50 % sur l'acier et l'aluminium, et déclaré des droits de douane réciproques de 25 % sur tous les produits coréens, menaçant jusqu'à 100 % de droits de douane sur les semi-conducteurs et les produits pharmaceutiques. Il a ensuite suggéré de réduire les droits de douane réciproques de 25 % à 15 % si la Corée du Sud investissait 350 milliards de dollars US aux États-Unis. Ce point a cristallisé l’attention des parties : 350 milliards de dollars US représentent près de 82 % des réserves de change totales de la Corée du Sud — une demande injuste et inacceptable pour Séoul.

Au terme de trois mois de négociations intenses, on a finalement trouvé un compromis : sur les 350 milliards de dollars, 150 milliards seront dévolus à la construction navale ; le financement sud-coréen combinera investissements public et privé et sera progressif : 20 milliards de dollars par an pendant dix ans ; les investisseurs sud-coréens auront leur mot à dire sur les investissements à réaliser ; et les bénéfices seront d'abord partagés à parts égales.

Ce compromis a un coût pour l'économie sud-coréenne : un tel exode de capitaux signifie également des délocalisations, une réduction des investissements intérieurs et une migration de main-d'œuvre. Cela a déclenché un important débat en Corée du Sud pour déterminer quelles sont les options restantes. Les États-Unis représentent 18 % des exportations totales du pays, la Chine 19 %, l'UE 10 % et le Japon 4 %. Et ces exportations sont concentrées dans seulement six ou sept secteurs clés, dont les semi-conducteurs, l'automobile, la construction navale et les produits chimiques. Par conséquent, le gouvernement souhaite désormais faire de la réduction de sa dépendance vis-à-vis du marché américain, de la diversification de ses partenaires et des biens l’élément central d’un réalignement stratégique.

Le président Lee a clairement indiqué que les entreprises devaient exploiter de nouveaux marchés et développer le commerce avec l'Europe, l’ASEAN et même certains pays des BRICS (hors Chine).

Le président Lee a clairement indiqué que les entreprises devaient exploiter de nouveaux marchés et développer le commerce avec l'Europe, l’ASEAN et même certains pays des BRICS (hors Chine). Se diversifier en dehors des États-Unis ne sera pas facile, mais la Corée du Sud peut capitaliser sur les accords de libre-échange qu'elle a déjà conclus avec de nombreux partenaires. L'Inde, en particulier, est un partenaire de choix pour la Corée du Sud : Hyundai y est désormais le premier vendeur de voitures, Samsung domine le marché de la téléphonie mobile, et la coopération entre les deux pays est appelée à croître encore davantage.

Institut Montaigne - Quel a été l’impact du raid de l'ICE à l'usine Hyundai sur l’image des États-Unis ?

Professeur Moon - [​Le 4 septembre, l'ICE, Immigration and Customs Enforcement, police fédérale de l’immigration, a mené une perquisition sur le site industriel d'Hyundai et de LG, en Géorgie, qui a conduit à l'arrestation de 475 personnes.] Les Sud-Coréens ont été profondément traumatisés. Les 320 ingénieurs et techniciens coréens qui se sont installés à Savannah pour construire l'usine travaillaient pour des sous-traitants coréens, étaient payés en Corée et sont entrés aux États-Unis avec des visas ESTA et B1 valides. Cela ne les a pas empêchés d’être menottés, enchaînés et traités comme des criminels. C’est pourtant la Géorgie qui a tout fait pour bénéficier de cet investissement coréen. L'incident a donc suscité l'indignation. On estime qu’au moins six entreprises coréennes ont depuis annulé leurs projets d'investissement aux États-Unis.

Institut Montaigne - Si l’on tire les leçons de notre conversation, ne faut-il pas conclure qu'en abusant de l’avantage de leur rapport de force, les États-Unis sont en train de miner leur puissance et leur prestige pour l’avenir ?

Professor Moon - Absolument. Pendant des décennies, on a considéré, en Corée du Sud, les États-Unis comme des libérateurs, nos défenseurs contre les communistes nord-coréens et un parrain économique. Mais la puissance hégémonique bienveillante de naguère s’est transformée en une puissance qui extorque et manipule ses partenaires. Cela soulève des questions fondamentales : pouvons-nous continuer à compter sur les États-Unis pour notre sécurité et notre prospérité ? Selon moi, la Corée du Sud devrait réfléchir à l’hypothèse d’un changement de posture de défense, pour passer d’une défense collective centrée sur l'alliance avec les États-Unis à celle d’arrangements de sécurité collective plus larges, fondés sur des régimes de coopération multilatérale en matière de sécurité.

Institut Montaigne - C’est paradoxal : plus les États-Unis se font coercitifs, plus ils apparaissent affaiblis.

Professeur Moon - Oui. Une chose est d’être imprévisible, une autre est d’être affaibli et contraint par des ressources limitées. Le pays doit naviguer dans un paysage de politique intérieure singulier  — marqué par une politique indigne, une polarisation qui interdit toute cohésion sociale, la rigidité idéologique et un manque d'empathie qu’on peut qualifier d’hubris stratégique. Les dirigeants américains dont nous parlons se mettent rarement à la place des autres. Des personnalités comme J.D. Vance illustrent ce glissement idéologique, ne serait-ce que dans leur manière de s’exprimer. L’inquiétude est d’autant plus grande que cette tendance pourrait survivre à Trump, même après qu’il aura eu quitté ses fonctions.


Copyright image : Alan Ducarre

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