AccueilExpressions par Montaigne[Le Monde de Trump] - États-Unis : "À l’ombre du parapluie américain, les Européens ont fait la...La plateforme de débats et d’actualités de l’Institut Montaigne États-Unis et amériques15/07/2025ImprimerPARTAGER[Le Monde de Trump] - États-Unis : "À l’ombre du parapluie américain, les Européens ont fait la sieste"Auteur Michel Duclos Expert Résident, Conseiller spécial - Géopolitique et Diplomatie Découvreznotre série Le Monde de TrumpPour Walter Russell Mead, éminent historien de la politique étrangère américaine, membre du centre de réflexion Hudson Institute à Washington, et chroniqueur au Wall Street Journal, la politique étrangère de Donald Trump ne vient pas de nulle part : du point de vue américain, l’Asie et l’Europe ont sous-traité aux États-Unis leur sécurité pour se concentrer sur leur expansion commerciale, et il convient de renverser ce scénario. Le géopolitologue, interrogé par Michel Duclos et Soli Özel pour la série [Le monde de Trump], analyse une présidence américaine qui est le symptôme plus que le déclencheur des mutations profondes de l'ordre international.Institut Montaigne - Comment caractériser le "trumpisme" en tant que politique étrangère ? Qu’en est-il en tant que phénomène intérieur ? Ces deux aspects sont-ils compatibles ?WALTER RUSSEL MEAD - Le trumpisme, en matière de politique étrangère, a des racines historiques anciennes. Trump ne débarque pas de la Lune : ses choix ne sont pas étrangers aux grands courants de pensée politique qui ont traversé les États-Unis par le passé. Son approche est nourrie, à son insu ou non, des différentes traditions de politique étrangère américaine que je décris dans Special Providence : American Foreign Policy and How It Changed the World.Les quatre écoles de politique étrangère américaine selon Walter Russell Mead : Jefferson, Hamilton, Jackson, WilsonThomas JeffersonThomas Jefferson (1743- 1826 / président des États-Unis de 1801 à 1809) : néo-conservatisme qui se caractérise notamment, en matière de politique étrangère, par une diplomatie pacifique marquée par la restriction des budgets militaires et le refus de toute intervention. Le Jeffersonianisme est une variante du Jacksonisme, moins la dimension populiste.Alexander HamiltonAlexander Hamilton (1757-1804, Secrétaire au trésor de George Washington de 1789 à 1795) : le Hamiltonianisme est caractérisé par un nationalisme désireux de favoriser la liberté du commerce et la stabilité de l’ordre mondial, nécessaire à la prospérité économique. Le Hamiltonianisme représente, avec le Wilsonianisme, l’une des deux grandes tendances de la politique américaine.Andrew JacksonAndrew Jackson (1767-1845, président des États-Unis de 1829 à 1837) : le Jacksonianisme peut être résumé comme un populisme patriotique à l’intérieur et un isolationnisme en politique étrangère : les États-Unis ne doivent pas jouer de rôle dans le monde mais se concentrer sur la prospérité du peuple américain.Woodrow WilsonWoodrow Wilson (1856 -1924 / président des États-Unis de 1913 à 1921) : un certain idéalisme en politique étrangère, appuyé sur une diplomatie ouverte et le respect des traités internationaux dans un ordre multilatéral visant à promouvoir le libéralisme. Le Wilsoninianisme peut se traduire par une dimension plus offensive visant à imposer la démocratie par la force.On considère le plus souvent - à juste titre selon moi - que la politique étrangère de Donald Trump s’inspire surtout de l’école jacksonienne. Sur le plan intérieur, les Jacksoniens considèrent que la première mission du gouvernement est de soutenir la classe moyenne, si nécessaire par des allocations. Ils se méfient des grandes entreprises, des élites et des classes les plus aisés, mais se montrent tout aussi critiques envers les bénéficiaires d’aides sociales.En matière de relations internationales, le jacksonisme n’est pas doctrinaire. Donald Trump ne l’est pas davantage : pour le président américain, il n’est question ni de promouvoir la démocratie, ni de faire émerger un nouvel ordre du monde. À bien des égards, le jacksonisme est plutôt proche de ce que certains théoriciens des relations internationales appellent le "réalisme" : une certaine indifférence à l’égard du soft power ou des idéaux, et à la place la maximisation des rapports de force au service des intérêts concrets des États-Unis.Il n’est pas contre le fait d’avoir des alliés, à condition que ceux-ci se sentent les premiers concernés par les menaces qui pèsent sur eux, et qu’ils agissent en conséquence sans compter inconsidérément sur les États-Unis.Donald Trump se rapproche aussi de la pensée jacksonienne par sa conception des alliances. Il n’est pas contre le fait d’avoir des alliés, à condition que ceux-ci se sentent les premiers concernés par les menaces qui pèsent sur eux, et qu’ils agissent en conséquence sans compter inconsidérément sur les États-Unis. À ce titre, Israël est l’allié idéal pour un président jacksonien : l’État hébreux, extrêmement préoccupé par l’Iran, prend les choses en main directement.Bien sûr, il réclame du président Trump un appui contre le Hamas à Gaza ou les ayatollahs en Iran et attend idéalement de la Maison-Blanche une couverture diplomatique et la fourniture d’armes sophistiquées, mais il se charge lui-même pleinement des opérations.IM - Comment concilier les différentes dynamiques de pouvoir et les divergences internes au sein du cercle MAGA/Trump ? Wall Street, la Silicon Valley, la sphère économique, la Cour suprême, les conservateurs ou encore les libertaires, ne poursuivent-ils pas des objectifs incompatibles ?WRM - On a trop souvent tendance à oublier que le président Trump, comme tout autre dirigeant politique, préside une coalition. Le mouvement MAGA n’est pas une force unifiée. En son sein coexistent différentes idées, différentes priorités, différentes ambitions : il est traversé par des courants multiples.La coalition qui a porté Trump au pouvoir en 2024 est un attelage fait de populistes d’une part, de milliardaires et d’entrepreneurs de la Silicon Valley d’autre part. Sans la ferveur des uns et l’argent des autres, Trump n’aurait pas remporté l’élection.Ces deux groupes peuvent sembler fort éloignés : quasi tout oppose un Steve Bannon [stratège de la première campagne de Donald Trump et, depuis sa mise à l’écart du pouvoir en 2017, animateur du podcast War Room], dans l’aile populiste, d’une personnalité comme celle d’Elon Musk. Donald Trump a pourtant tout intérêt à les faire tenir ensemble pour remplir son objectif politique : demeurer le pivot dominant de la coalition, et ne laisser à aucune des deux camps le soin d’en contrôler l’agenda.Des objectifs incompatibles ? Pas tant que ça. Les représentants de la tech et les "populistes" se retrouvent autour d’un facteur clé : l’économie. Certes, les populistes anti‑entreprises soutiennent les droits de douane, alors que nombre de dirigeants économiques les jugent contre-productifs, voire dangereux pour la croissance et l’intérêt national. Mais tout cela tient ensemble parce que les intérêts économiques de la Silicon Valley sont plus alignés avec la vision MAGA qu’on ne l’imagine. Les entreprises de l’IA ne dépendent pas tellement des importations ou des exportations, en tout cas beaucoup moins qu’un constructeur automobile, par exemple.C’est ainsi que l’on comprend mieux comment le secteur de la tech est passé du post-nationalisme cosmopolite des années 1990 à une soudaine fièvre patriotique tout entière tournée vers la puissance nationale. C’est aussi un effet de la compétition sino-américaine : dans la tech, les firmes américaines considèrent que leurs rivales chinoises sont subventionnées de façon déloyale par un État qui, dans le même temps, les spolie de leurs droits de propriété intellectuelle, compromet leur modèle économique et affiche le dessein de les supplanter. Pour la Silicon Valley, la victoire chinoise dans cette compétition signerait la fin de sa domination économique, et fragiliserait l’État américain dont elle partage les intérêts.Les représentants de la tech et les "populistes" se retrouvent autour d’un facteur clé : l’économie.Le gouvernement considère quant à lui la capacité de la Silicon Valley à rivaliser avec la Chine comme essentielle pour permettre aux États-Unis de maintenir leur rang. De façon inédite, le nationalisme vigoureux des MAGA sied bien aux intérêts de la tech, scellant une alliance entre le l’État fédéral et le monde économique comme on n’en avait plus vue depuis la fin de la guerre froide.L’alignement ne concerne plus seulement les questions commerciales : il touche aussi la politique migratoire, qui était autrefois un facteur de division entre sphères économique et politique. Certes, la Silicon Valley réclame ses visas H‑1B pour les travailleurs étrangers spécialisés, mais elle ne dépend pas de cette immigration peu qualifiée qui fournit la main-d'œuvre indispensable aux secteurs de la construction ou de la restauration rapide. La Silicon Valley est donc plus proche du populisme MAGA qu’on ne le pense.De plus, dans la coalition Trump, aux côtés de ces Jacksoniens évoqués, figurent les "jeffersoniens", une autre tendance de politique américaine qui se rapproche des libertariens. La tendance jeffersonienne est une variante de la jacksonienne, mais sans sa dimension populiste. Les Jeffersoniens, qu'ils soient démocrates ou républicains, défendent les libertés civiles et souhaitent limiter le pouvoir de l’État, tout en évitant les engagements extérieurs. Prônant un repli quasi complet des États-Unis sur la scène internationale, la plupart considère par conséquent l’alliance américaine avec Israël comme une source de risques et de dépenses inutiles, et nuisibles. Les Jeffersoniens de la coalition actuelle sont très mécontents de la politique en cours à la Maison-Blanche, aussi bien sur le plan intérieur - où Donald Trump incarne une puissance exécutive forte qu’ils abhorrent - qu’à l’international - où le président américain, même s’il ne cherche pas la guerre, poursuit des desseins hégémoniques fort peu en phase avec la vision jeffersonienne. Ils font néanmoins partie de l’assemblage MAGA. IM - Que les Européens fassent figure de "passagers clandestins" de la politique étrangère menée par les Américains n’a rien de neuf : d'où vient que cela semble subitement insupportable ? Les Américains n’ont-ils plus besoin des Européens ?WRM - Les sommets de Donald Trump avec Vladimir Poutine, le 15 août à Anchorage, en Alaska, puis le 18 août à Washington avec Volodymyr Zelensky et une délégation de dirigeants européens (le Français Emmanuel Macron, l’Allemand Friedrich Merz, l’Italienne Giorgia Meloni, le Britannique Keir Starmer, et le Finlandais Alexander Stubb, ainsi que le chef de l’Otan Mark Rutte et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen) ont mis en lumière les limites de l’influence européenne sur le président américain. Il n’y avait aucun dirigeant européen en Alaska lors de l’échange avec Vladimir Poutine pour discuter de l’avenir de l’Ukraine. À Washington, alors que le président Trump interpellait les dirigeants européens par leur prénom, il se voyait, lui, appelé d’un formel "Monsieur le Président", comme pour mieux symboliser le décalage du rapport de forces transatlantique.Donald Trump est le premier président américain, au moins depuis le début de la Guerre froide, à se détacher de ses alliés européens.Un tel spectacle est sidérant. Donald Trump y voit la preuve que les puissances européennes, qui au XXe siècle dominaient le monde, ont perdu toute leur influence. Donald Trump est le premier président américain, au moins depuis le début de la Guerre froide, à se détacher de ses alliés européens.Faut-il pour autant imputer cela à une extravagance de milliardaire excentrique ? Rien n’est moins sûr. Au Liban ou en Syrie, l’influence de la France, puis de l’Europe, appartient désormais au passé. La Turquie, longtemps candidate à l’adhésion à l’Union européenne, a désormais bien d’autres projets. En Afrique de l’Ouest, la Russie a pratiquement écarté la France de ses anciennes colonies. Sur l’ensemble du continent, les influences chinoise, russe et, dans une moindre mesure, indienne remplacent peu à peu les Européens.Il n’est pas jusqu’à l’Ukraine où l’Europe ne s’est pas avérée capable d’imposer un compromis ou de contenir Poutine, alors même que la Russie est incontestablement plus faible, économiquement et technologiquement parlant, que ses adversaires européens français, allemand ou britannique. Ainsi, faute d’une pensée stratégique suffisante, d’une culture de défense convaincante et d’une vraie unité, l’Union européenne ne cesse de perdre en influence face à Moscou, Ankara, Pékin et, de plus en plus, face à Washington.C'est trop peu de dire que pour Donald Trump, l’Europe est un "passager clandestin" qui profite des efforts américains pour s’exonérer d’en faire. En réalité, Donald Trump voit la relation transatlantique comme, si l’on me pardonne l’expression, un mariage désastreux dans lequel la femme porterait la culottte tout en trompant allègrement un mari trop indulgent.Les Européens considèrent que l’alliance transatlantique est avant tout fondée sur la défense du Vieux continent face à la Russie. Cela fait pourtant vingt‑cinq ans que les présidents américains adjurent les Européens de faire plus pour leur défense, de ne pas trop se rapprocher de Moscou, de mettre fin au projet Nord Stream ou de renforcer leurs forces armées : en vain.L’Europe a au contraire préféré profiter de la protection des États-Unis, non seulement pour faire une petite sieste à l’ombre de leur parapluie de sécurité et prendre des vacances loin des avanies de l’Histoire, mais pour commercer massivement avec la Russie. Le petit refrain de l’’Allemagne était de dire : "Pas la peine de s’inquiéter de la Russie, on peut faire des affaires, les États-Unis pourvoiront à tout !"Donald Trump est en train d’inverser le scénario : aux États-Unis, maintenant, d’occuper la place qu’Angela Merkel avait donnée à l’Allemagne, c’est-à-dire de laisser aux Européens le soin de gérer le "problème russe", qui les concerne au premier chef, pour permettre aux États-Unis de se concentrer sur les bénéfices d’un partenariat commercial avec la Russie. Non que Trump espère une invasion russe de Berlin ou de Paris — il n’y croit pas — mais il n’accepte pas que les Européens excipent de leur vulnérabilité stratégique comme levier diplomatique dans leurs discussions avec les États‑Unis. De son point de vue, la Russie est avant tout, et de loin, le souci des Européens ; elle ne présente pas de risque direct pour les États-Unis. D’une certaine manière, il a raison : à elle seule, la Russie ne peut rien contre les États-Unis, mais elle est bien un danger vital pour les Européens. IM - Qu’en est-il du Japon, de la Corée, de l’Australie ou de l’Inde ? Peut-on dire que les Asiatiques ont remplacé les Européens ? Donald Trump les considère-t-il différemment ?WRM - Selon l’analyse classique, Donald Trump délaisse les vieux alliés européens parce qu’ils comptent désormais moins pour la politique étrangère américaine et opère un pivot vers l’Asie, parce que c’est en Chine que tout se passe désormais. Le Japon gagnerait alors en importance stratégique du fait même de sa proximité avec la Chine. Encore une fois, c’est l’analyse "classique" : est-elle la bonne ?En réalité, la politique menée par Donald Trump en Asie est assez analogues à celle qu’il mène en Europe : remise en question de la présence de troupes au sol et imposition de droits de douane.La Maison-Blanche estime que les Japonais et les Taïwanais s’en remettent un peu trop aveuglément au parapluie de sécurité américain, et que cela a deux conséquences : ils sont trop passifs en matière de défense ; ils peuvent se permettre le luxe de commercer tranquillement avec la Chine. L’administration Trump ne veut plus de ce statu quo dont les États-Unis lui semblent être les dupes et réclame que ses alliés asiatiques renforcent leur défense et rééquilibrent leur partenariat sur le plan économique.Quant à l’Ukraine, il ne s’agit pas seulement, pour Donald Trump, de résoudre le conflit, mais aussi d’initier des relations économiques lucratives entre Washington et Moscou.Quant à l’Ukraine, il ne s’agit pas seulement, pour Donald Trump, de résoudre le conflit, mais aussi d’initier des relations économiques lucratives entre Washington et Moscou. Ainsi, répliquant le modèle d’Anchorage, un éventuel sommet Trump–Xi pourrait se préparer sans la présence de Tokyo ni de Taipei.IM - On ne saurait toutefois pas examiner la politique étrangère américaine en faisant abstraction de la solidité intérieure des États‑Unis. Le dynamisme américain est-il intact ? Comment est-il affecté par la présidence actuelle ?WRM - Aux États‑Unis, la réalité présente un double visage. D’un côté, un malaise social et institutionnel inquiétant, qui se manifeste par des institutions politiques sous tension et une polarisation croissante. Les Américains semblent avoir perdu confiance dans la capacité du capitalisme à améliorer leur vie. Ce contexte nourrit l’essor de figures politiques radicales, à l’extrême gauche comme à l’extrême droite, qui remettent en cause les grandes valeurs consensuelles du système américain, qui sont liées à la démocratie et au capitalisme.Mais d’un autre côté, l’économie est plus inventive et innovante que jamais. Qui sont les plus grandes sociétés mondiales en termes de capitalisation boursière ? Qui sont les entreprises qui façonnent l’avenir technologique — à l’exception de TikTok — du globe ? Elles sont presque toutes américaines.Le dynamisme américain est toujours là, et je dirais même que les difficultés sociales sont le signe qu’il va s'accélérant. L’intensité des transformations, notamment grâce à l’IA, ouvre une période de changements rapides et structurants, dont on voit l’impact sur le marché du travail. Autrefois, quelqu’un qui obtenait son diplôme en informatique était assuré d’avoir une belle carrière professionnelle et un travail intéressant. Aujourd’hui, face à l’IA, les futurs programmeurs ont peur d’être mis au chômage technique… Les bouleversements économiques et technologiques bousculent profondément les structures sociales et les opinions publiques.Si l’on remonte aux révolutions industrielles ou même à la Guerre de Sécession, la force du modèle américain a toujours consisté dans sa capacité à absorber les chocs mais aujourd’hui, chacun peut légitimement s’interroger sur la résistance de ce modèle et la résilience de la société américaine. Bien malin qui peut prédire l’avenir, et je ne m’en prévaux pas pour ma part, mais je dirais, en m’appuyant sur les leçons de l’Histoire, que les États-Unis ont des chances de s’en sortir. IM - À quoi ressemblera le monde post‑Trump ? Quelles traces laissera la présidence MAGA ?WRM - Une chose est sûre : on ne reviendra pas au monde de 2015, ce monde où Donald Trump n’était pas encore descendu de son escalator doré vers l’arène politique. De même que le monde n’a plus jamais été le même après Napoléon. Waterloo ou pas Waterloo, l’Europe n’est jamais retournée à l’Ancien Régime. Le temps façonne notre réalité. L’irruption de Trump montre combien le rythme du changement a accéléré : nous assisterons à l’arrivée de toute une nouvelle génération de politiciens, qui ne perdra pas les leçons du trumpisme. Comment mobiliser ses partisans en passant par-dessus la presse ? Comment construire un programme populiste ? Les universitaires et économistes peuvent toujours faire les dégoûtés, dès lors que ce sont ces propositions-là qui séduisent les électeurs, ceux qui les portent seront élus. Faut-il redouter les conséquences qui en résulteront, par exemple sur le plan économique ? L’avenir le dira.Le temps façonne notre réalité. L’irruption de Trump montre combien le rythme du changement a accéléré : nous assisterons à l’arrivée de toute une nouvelle génération de politiciens, qui ne perdra pas les leçons du trumpisme.Quoi qu’il en soit, les politiciens regardent ce qui fonctionne le mieux. Dès lors que l’ancien establishment démocrate a été terrassé par Trump, et que celui des républicains a été marginalisé, les acteurs politiques à venir, quel que soit leur bord, prendront Donald Trump comme modèle, et pas ses adversaires, qui ont échoué. L’ancien monde ne reviendra pas.Copyright image : AlanDucarreImprimerPARTAGER