AccueilExpressions par MontaignePortrait de Benyamin Netanyahou - Premier ministre d'IsraëlL'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.21/12/2018Portrait de Benyamin Netanyahou - Premier ministre d'Israël Vie démocratique Moyen-Orient et AfriqueImprimerPARTAGERAuteur Anshel Pfeffer Senior Correspondent et éditorialiste pour Haaretz Qui est Benyamin Netanyahou ? En quoi certaines de ses positions le rapprochent-t-il des néo-autoritaires ? Réponses d’un grand journaliste israélien, Anshel Pfeffer, dont la récente biographie du Premier Ministre ("Bibi : The Turbulent Life and Times of Benjamin Netanyahu", Basic Books, 2018) a été remarquée.Michel Duclos, conseiller spécial géopolitique, rédacteur en chef de cette série Peu après avoir été élu fin 2012, le Premier ministre nationaliste japonais Shinzo Abe est allé rencontrer Benyamin Netanyahou. Selon l'un des diplomates israéliens présents, cette expérience fut rafraîchissante pour le Premier ministre israélien. "Ils ont passé une heure à parler de commerce, de technologie et de sécurité. Vers la fin, l'un des diplomates japonais toussa et transmit un morceau de papier à Abe, qui y lut une brève condamnation des politiques de colonisation d'Israël et l’affirmation de l'engagement du Japon en faveur de la solution à deux États entre Israël et les Palestiniens. Il était clair qu'Abe n'était pas intéressé par ce qu'il lisait. Quand il eut terminé, il regarda Netanyahou et lui demanda s'il souhaitait répondre. Netanyahou répondit "non" et Abe, soulagé, dit "allons déjeuner"."À la Maison-Blanche, Netanyahou tentait de centrer leur conversation sur la menace du programme nucléaire iranien, le Président américain Barack Obama exigeait qu'Israël fasse plutôt des concessions aux Palestiniens.Il y a six ans, ce type de rencontre avec le dirigeant d'une grande nation était encore inhabituel pour Netanyahou. Il avait l'habitude que ses homologues étrangers le sermonnent sur la question palestinienne et qu'ils fassent pression pour obtenir des réponses sur la stratégie qu’Israël comptait déployer dans le processus diplomatique. La question israélo-palestinienne figurait alors en bonne place à l'ordre du jour mondial et l'orthodoxie diplomatique voulait que le règlement du conflit soit la clé de la stabilité au Moyen-Orient.Ces dirigeants étaient lassés des excuses de Netanyahou. Lors de réunions houleuses à la Maison Blanche, alors que Netanyahou tentait de centrer leur conversation sur la menace du programme nucléaire iranien, le Président américain Barack Obama exigea qu'Israël fasse plutôt des concessions aux Palestiniens. Sous pression, Netanyahou annonça donc en 2009 qu'il acceptait la solution des deux États, et consentit même à un "gel" limité de dix mois de la construction de colonies. Or, aucun progrès sérieux ne fut accompli avec les Palestiniens. En 2011, une conversation entre Obama et le Président français Nicolas Sarkozy concernant Netanyahou fut entendue lors d'un sommet du G20. "Je ne le supporte pas, c'est un menteur", se plaignit Sarkozy. "Tu en as marre de lui ?" répondit Obama. "Je dois le gérer tous les jours." Telle était l'attitude des dirigeants du monde de l'époque à l'égard de Netanyahou. Mais la situation n’allait pas tarder à changer.A partir de janvier 2011, l'enchaînement d'événements en Tunisie, qui fut ensuite connu, pendant au moins quelques mois, sous le nom de "Printemps arabe", déclencha non seulement des révolutions et la guerre dans le monde arabe, mais fit également descendre la question palestinienne dans la liste de priorités de l'agenda international. Même le plus ardent partisan de la cause palestinienne n'était plus en mesure d’affirmer - alors que la Syrie, le Yémen et la Libye étaient déchirés par la guerre et que l’Etat Islamique montait en puissance - que la création d'un État palestinien était la clé permettant de résoudre tous ces problèmes.Abdelfattah al-Sissi et Mohammed ben Salman étaient disposés à voir en Israël un allié contre l'Iran, plutôt que l'oppresseur des Palestiniens.Pendant cette même période, la fracture sunnite s’exacerba dans la région et de nouveaux dirigeants arabes arrivèrent au pouvoir, comme le président Abdelfattah al-Sissi en Égypte et le prince héritier Mohammed ben Salman. Ceux-ci étaient disposés à voir en Israël un allié contre l'Iran, plutôt que l'oppresseur des Palestiniens. Netanyahou s'empressa de capitaliser sur ces changements régionaux et tissa discrètement des liens avec eux. Pendant ce temps, sur la scène internationale, un autre changement générationnel s'opérait. L'impact de la crise financière mondiale de 2008, le contrecoup de la mondialisation et les crises plus profondes d’identité nationale de l'après-Guerre Froide commençaient progressivement à affecter les systèmes politiques, mettant ainsi en avant des dirigeants plus au goût de Netanyahou dans de nombreux pays à travers le monde. Le genre de leaders qui ne l'embêteraient pas avec la question palestinienne. Benjamin Netanyahou est né le 23 octobre 1949 à Tel Aviv. Sur les 11 hommes et une femme qui ont été Premier ministre d'Israël, il est toujours le seul à être né après l'indépendance d'Israël. À 69 ans, il ne semble pas avoir la moindre intention de quitter volontairement la scène politique. Cela peut paraître lointain, mais il fut à un moment le plus jeune Premier ministre israélien de l'histoire, élu pour la première fois en 1996 à l'âge de 46 ans.Benjamin Netanyahou est-il un leader populiste enclin à l'autoritarisme ?Il n'y a pas de réponse simple à cette question. Son père, le professeur d'histoire Benzion Netanyahou, l'a élevé dans l'élite intellectuelle. Il est diplômé du prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) en architecture et en commerce. Il a parallèlement fait un doctorat en sciences politiques à Harvard. C'est un lecteur vorace, qui tue les heures en lisant des livres d'histoire, de philosophie et d'économie pendant les débats de la Knesset.Cependant, non seulement la circonscription naturelle de Netanyahou est-elle composée en grande partie d'électeurs à faible revenu, traditionnels et religieux, dont la plupart ne sont pas allés à l'université, mais le politicien qu’il est sait utiliser les tactiques populistes et nationalistes les plus grossières, qui souvent frisent le racisme, pour obtenir leur soutien. Il personnifie à bien des égards les deux courants différents et contradictoires du mouvement révisionniste - dont descend le parti actuel du Likoud.Lorsque Zeev Jabotinsky, journaliste, écrivain et poète sioniste russe, fonda le mouvement révisionniste en 1925, ce dernier se construisit rapidement en opposition à trois autres courants importants du sionisme. Ceux de gauche, qui pensaient que les Juifs pouvaient retourner dans leur patrie et la reconstruire aux côtés de la majorité arabe actuelle. Le courant dominant, ou les sionistes politiques, qui, eux, ne croyaient pas en un État binational avec les Arabes locaux, mais pensaient que la diplomatie internationale était le meilleur moyen d'obtenir le statut d'État juif. Puis enfin, les "sionistes pratiques", qui croyaient en la création de "faits sur le terrain", à travers l'établissement de colonies agricoles, principalement des kibboutzim, dans ce qui était alors encore la Palestine.Le jeune Netanyahou fut élevé dans un environnement séculier, intellectuel et ultra-nationaliste, où le nom de Begin était synonyme de faiblesse et de défaitisme, et où les socialistes sionistes étaient régulièrement traités de "bolcheviks".À certains égards, le sionisme révisionniste de Jabotinsky était semblable au courant pratique. Mais alors que la plupart des sionistes pratiques étaient aussi des socialistes convaincus que la création de syndicats ouvriers et d'une économie collectiviste était la clé de la construction d'un Etat juif, Jabotinsky détestait le socialisme, préférant le nationalisme européen du révolutionnaire italien Giuseppe Garibaldi, et celui du maréchal polonais Jozef Pilsudski. Les socialistes sionistes, menés par David Ben Gourion, qui allait par la suite devenir le premier Premier ministre d'Israël, croyaient en la construction d'un État par l'agriculture et l'industrie. Les révisionnistes étaient plus militaires, et avaient tendance à porter des uniformes. Jabotinsky considérait que ce n'est qu'en formant une armée que les Juifs pourraient former un État.Jabotinsky était un homme aux nombreuses contradictions. Il a adopté un politique radicale, et initialement même le fascisme, qu’il abandonna cependant assez vite. Ce qui ne l'empêchait pas de prêcher à ses jeunes disciples "bienséance" et "dignité". Il pensait que l'Etat juif aurait besoin de construire un "mur de fer de baïonnettes juives" pour survivre, et en même temps parlait dans ses écrits d'un État où "prospérera l'Arabe, le chrétien et le juif". Il est mort en 1940, avant qu'Israël ne se matérialise, et son mouvement de droite continua d'être scindé en deux courants contradictoires.Quand Israël fut fondé en 1948 par les socialistes, certaines figures de proue du mouvement révisionniste appelèrent à un coup d'Etat militaire. Mais Menahem Begin, qui était devenu le principal dirigeant du mouvement après Jabotinsky, accepta les règles de la démocratie et forma le parti Herout (qui, en 1973, fut rejoint par d'autres partis de centre-droite pour devenir le Likoud). En tant que chef du parti, Begin perdit huit élections consécutives face aux socialistes, jusqu'à ce qu'il gagne enfin et devienne Premier ministre en 1977. Or malgré le leadership presque incontesté de Begin, certains révisionnistes ne le considéraient pas comme le digne successeur de Jabotinsky. Ils trouvaient qu'il manquait à la fois de profondeur intellectuelle et de rigueur idéologique et, même après qu'il fut devenu Premier ministre, pensaient qu'il était trop faible pour gouverner comme un chef nationaliste digne de ce nom. Il avait gardé trop de vieux fonctionnaires socialistes au pouvoir et avait ensuite commis l'impardonnable, en abandonnant la péninsule du Sinaï à l'Egypte, comme prix à payer pour les accords de paix de Camp David. Benzion Netanyahou appartenait à la faction anti-Begin. Jeune homme, il s'était profondément impliqué dans la politique révisionniste, rédigeant les journaux du mouvement et, dans les années 1940, dirigeant le bureau du mouvement à New York. Mais après l'indépendance, il ne parvint pas à obtenir de poste politique et se plongea pour le restant de sa vie dans ses recherches historiques sur les Juifs d'Espagne à l'époque de l'Inquisition. Le jeune Bibi Netanyahou fut élevé dans un environnement séculier, intellectuel et ultra-nationaliste, où le nom de Begin était synonyme de faiblesse et de défaitisme, et où les socialistes sionistes étaient régulièrement traités de "bolcheviks". Il est difficile de mesurer l’ampleur de l’impact qu’un tel environnement a eu sur sa vision du monde actuelle. Le Likoud de Menahem Begin est demeuré empreint de contradictions. D'une part, le "décorum" - un respect de la démocratie et de l'Etat de droit. De l'autre, une démagogie populiste. Sous Benjamin Netanyahou, l'aile digne du Likoud, incarnée par les anciens partisans de Begin, tels que le Président Reuven Rivlin, l'ancien patron politique de Netanyahou Moshe Arens et le fils de Begin, Benny, fut écartée du pouvoir. Le Likoud de Netanyahou n'est-il pas devenu aujourd’hui un parti d'opportunistes peu cultivés et de racistes sans vergogne ? Les membres de la Knesset représentant le parti plaident en faveur de lois limitant les droits civils et restreignant les pouvoirs de la Cour suprême. La plupart de ces lois ne franchissent pas les étapes de la législation et Netanyahou lui-même semble jouer un double jeu en les soutenant publiquement, tout en les abandonnant généralement en chemin lorsqu’elles sont examinées par les comités. Se livrant lui-même à l’exercice de démagogie de son parti, il vante sur la scène internationale les vertus de la démocratie israélienne, de son système judiciaire (qui enquête actuellement sur lui pour corruption) et de ses médias libres et farouches (qui ne cessent de le critiquer).Qui est le vrai Netanyahou ? Est-il l'homme qui exploite cyniquement le racisme et le populisme pour gagner les élections ou le leader plus urbain et libéral qu'il tente de persuader le public international qu’il est ?Sans doute les dirigeants du monde avec lesquels il s'est entretenu peuvent-ils nous éclairer. Depuis sa réélection en 2015, Netanyahou occupe également le poste de Ministre des Affaires étrangères. Depuis, il a effectué en moyenne au moins une visite à l'étranger par mois, souvent deux. Bien que certaines de ces visites soient des arrêts routiniers du circuit diplomatique - la Maison Blanche à Washington, les Nations Unies à New York, Paris, Berlin, Londres -, il s'est également rendu dans des pays moins habituels pour un Premier ministre israélien.Netanyahou a toujours aimé voyager et a projeté l'image d'un homme d’Etat fort pendant toute sa carrière politique, qu'il a entamée comme ambassadeur d'Israël auprès des Nations Unies.En septembre 2017, il fut le premier Premier ministre israélien à se rendre en Amérique latine. Souvent, il essaie de se rendre dans trois ou quatre pays en un seul voyage ou de participer à des sommets régionaux en Afrique de l'Ouest, en Europe centrale et en Europe de l'Est - ce qui lui permet de rencontrer un certain nombre de dirigeants mondiaux en une seule visite. Netanyahou a toujours aimé voyager et a projeté l'image d'un homme d’Etat fort pendant toute sa carrière politique, qu'il a entamée comme ambassadeur d'Israël auprès des Nations Unies. Ces dernières années, il s’est découvert une affinité particulière pour la génération actuelle de dirigeants populistes autoritaires. Il a noué des relations étroites avec le Président russe Vladimir Poutine, l’appelant régulièrement et le voyant tous les deux ou trois mois. Malgré la pressions américaine, Israël n’a pas dit un mot lorsque la Russie a envahi et annexé la Crimée. Son silence lui permit d’obtenir carte blanche auprès de la Russie pour opérer contre des cibles iraniennes en Syrie. Le 9 mai, Netanyahou fut l'invité d'honneur de Poutine lors du défilé annuel du Jour de la Victoire à Moscou. Netanyahou est également très lié avec le Premier ministre nationaliste indien Narendra Modi. Lors de la visite de Modi en Israël, en juillet 2017, les deux hommes ont retiré leurs chaussures et sont entrés ensemble dans la mer. Six mois plus tard, lorsque Netanyahou arriva en Inde, Modi mit de côté toutes ses obligations pendant trois jours afin de lui montrer le pays. L'une des cibles de la diplomatie de Netanyahou ces dernières années fut les membres les plus rebelles de l'Union européenne. Il estime que l'UE est le dernier bastion de la politique "anti-israélienne", qui le pousse toujours à faire des concessions aux Palestiniens et à essayer de maintenir l'accord nucléaire iranien en vie. Dans l'espoir de perturber la politique étrangère de l'UE. C'est pourquoi il a courtisé le groupe des nations d'Europe centrale de Visegrad, en participant à leur sommet et en proposant de l'accueillir à Jérusalem. Netanyahou compte sur eux pour bloquer les condamnations de la politique de colonisation israélienne à Bruxelles, en particulier sur le membre le plus controversé du groupe, son allié, le Hongrois Viktor Orbán.Beaucoup furent scandalisés par d’autres amitiés naissantes de Netanyahou, notamment par celles avec Duterte et Bolsonaro. Mais son amitié avec Trump fut la plus controversée.Netanyahou ne partage pas seulement les croyances nationalistes d’Orbán : les deux hommes ont aussi eu recours aux mêmes conseillers pendant leurs campagnes électorales. Orbán fut soutenu par Netanyahou lorsque la communauté juive hongroise locale critiqua le ton antisémite de la campagne de son gouvernement contre le financier juif libéral George Soros. Netanyahou annula la déclaration de l'ambassadeur d'Israël à Budapest, en soutien à la communauté juive, et se mit lui-même à attaquer Soros.Netanyahou dit qu'il parle au nom de tout le peuple juif, mais beaucoup d'Israéliens et de Juifs de la diaspora furent furieux des déclarations qu’il fit alors qu’il visitait d'autres pays alliés européens, la Pologne et la Lituanie, qui semblaient blanchir les actes des pays qui avaient collaboré avec les Allemands pour déporter les Juifs dans les camps d'extermination pendant l'Holocauste. Beaucoup furent scandalisés par d’autres amitiés naissantes de Netanyahou, notamment par celles avec le Président philippin Rodrigo Duterte, qui se compare à Hitler, et le nouveau Président brésilien d'extrême droite Jair Bolsonaro. Mais son amitié avec Donald Trump fut la plus controversée. Au premier abord, deux personnes ne pouvaient pas être plus différentes l’une de l’autre queNetanyahou, un intellectuel instruit ayant une connaissance approfondie de la géopolitique et de la macroéconomie, et Trump, le businessman ignorant et capricieux de la télé-réalité. Or, lorsque le monde fut bouleversé le 9 novembre 2016 par l'élection du candidat Républicain, Netanyahou bénéficiait d’un avantage unique. Il était le seul dirigeant mondial à déjà connaître le Président élu. Ils s'étaient rencontrés à l'époque où Netanyahou était à New York, lorsque des amis communs avaient présenté l'ambassadeur au magnat de l'immobilier. Netanyahou et son ambassadeur aux Etats-Unis, Ron Dermer, entretenaient des liens étroits avec les membres du cercle restreint de Trump. Pendant l'élection, Netanyahou était resté résolument neutre, persuadé qu'Hilary Clinton gagnerait, mais dès que les résultats furent connus, il fut prompt à se jeter dans les bras Trump, et il y est resté. L'intimité entre les deux dirigeants a consterné l'écrasante majorité des Juifs américains, qui non seulement votent Démocrate, mais considèrent que Trump a inauguré une nouvelle ère d'intolérance et de racisme aux Etats-Unis, qui a également eu un impact violent sur les Juifs, avec des violences antisémites meurtrières. Cela n'empêche en aucun cas Netanyahou de continuer à protéger Trump de toute accusation. Netanyahou considère que soutenir les dirigeants d'extrême droite et racistes du monde est une politique judicieuse. Non seulement le Président Trump s'est retiré de l'accord avec l'Iran et a déplacé l'ambassade des États-Unis à Jérusalem, mais il a contribué à transformer le discours international sur le Moyen-Orient et à dévaloriser la question palestinienne. Deux dirigeants européens, beaucoup plus modérés, en ont bien pris note. La Première ministre britannique Theresa May est allée à l'encontre de la politique de son gouvernement et a publiquement rejeté une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies condamnant les colonies israéliennes, dans l'espoir d'obtenir la faveur de Trump. La Chancelière allemande Angela Merkel, qui, dans le passé, avait de forts désaccords avec Netanyahou au sujet des colonies, a atténué ses critiques lors de sa dernière visite en Israël lorsqu'elle a déclaré que l'expulsion du village palestinien Khan al-Ahmar était un "problème interne à Israël". En juin 2018, lorsque Netanyahou décida de boycotter la Haute représentante de l'UE pour les affaires étrangères Federica Mogherini, aucun des dirigeants européens ne défendit cette dernière.Mais ces alliances, et le fait que les dirigeants autoritaires le considèrent comme l'un des leurs - si ce n’est comme un père - nous donnent-ils une meilleure idée de qui est vraiment Netanyahou ?En tant qu'idéologue, Netanyahou a toujours prétendu soutenir des mesures de sécurité sévères et ne faire aucune concession aux Palestiniens, mais aussi qu’il promouvait la démocratie libérale. En tant que politicien, c'est un survivant qui croit que sa base électorale est de droite nationaliste. Le titre officiel du Likoud sous sa direction, "parti libéral national", reflète cette contradiction. Il a permis aux membres de son parti d'attaquer la Cour suprême, mais il a rarement fait adopter des lois limitant son pouvoir. Cependant, ces dernières années, il s'est de plus en plus attaqué à la presse et aux forces de l'ordre, d'autant plus qu'il est lui-même devenu la cible de multiples enquêtes pour corruption. Certaines des enquêtes à son encontre portent en effet sur ses tentatives de conclure des accords apparemment illégaux avec des propriétaires de médias.En tant qu'idéologue, Netanyahou a toujours prétendu soutenir des mesures de sécurité sévères et ne faire aucune concession aux Palestiniens, mais aussi qu’il promouvait la démocratie libérale. En tant que politicien, c'est un survivant qui croit que sa base électorale est de droite nationaliste.Netanyahou est aujourd'hui Premier ministre d'Israël depuis près de 13 ans et n'a pas l'intention de renoncer au pouvoir. Pour remporter l'élection de 2015, il a employé une rhétorique raciste, avertissant que "les Arabes se déplaçaient en masse" pour voter. En juillet 2018, il a poussé sa coalition à adopter une loi d'État-nation controversée, qui marginalise la place des citoyens non-juifs en Israël, dans un geste que beaucoup voyaient comme un signe adressé à sa base politique dure. En 2019, les sondages prévoient que Netanyahou remportera une cinquième élection, battant ainsi le record de David Ben Gourion du Premier ministre israélien ayant été le plus longtemps au pouvoir. Sous sa direction, l'économie d'Israël est en croissance depuis une décennie, sa sécurité s'est accrue et le monde ne fait plus pression sur lui pour résoudre la question palestinienne. Il est néanmoins confronté à un grave défi personnel, celui d'éventuelles accusations criminelles de corruption et de fraude. Si, malgré les accusations, il tente de s'accrocher au pouvoir, il risque de provoquer une crise constitutionnelle en tant que Premier ministre en procès - ce qui résoudra enfin le mystère qui enveloppe sa véritable nature. Il s'avérera ainsi être un leader autoritaire. Anshel Pfeffer est l'auteur de Bibi : La vie et l'époque turbulentes de Benjamin Netanyahou, (Basic Books, 2018)illustration : David MARTIN pour l'Institut Montaigne.ImprimerPARTAGERcontenus associés 17/07/2018 Portrait de Vladimir Poutine - Président de la Fédération de Russie Quentin Peel 19/07/2018 Portrait de Viktor Orban - Premier ministre de Hongrie Jacques Rupnik 24/07/2018 Portrait de Recep Tayyip Erdogan - Président de la République de Turquie François Livet 26/07/2018 Portraits de Mohamed ben Salmane (MBS) et Mohamed ben Zayez (MBZ) - Prince ... 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