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Note d'action
Février 2025

Pour une administration stratégique de notre sécurité nationale

Auteur
Jonathan Guiffard
Expert Associé - Défense et Afrique

Spécialisé sur le Sahel et l'Afrique de l'Ouest, la crise syrienne et le Moyen-Orient, mais aussi la Turquie, Jonathan Guiffard est Expert Associé à l'Institut Montaigne en relations internationales et questions stratégiques.

Alors que la Corée du Nord envoie des troupes en Ukraine pour aider la Russie, que le Sahel se fragmente sous les coups des jihadistes ou que le Proche-Orient s’embrase sous les pressions croisées iranienne et israélienne, la France parvient de plus en plus difficilement à s’orienter et s’imposer sur la scène mondiale. Les experts font le constat d’un bouleversement fondamental de l’ordre international qui va accroître durablement la conflictualité, imposant à la France de se mobiliser pour être prête.

Un tel bouleversement impose de changer la manière d’appréhender ces crises, non seulement pour en améliorer notre compréhension collective, en limiter les effets négatifs et s’en défendre, mais aussi pour concevoir des stratégies proactives utiles et efficaces. Car alors même que les défis se multiplient aussi sur le plan intérieur et budgétaire, le cadre institutionnel reste le même et s’épuise.

Cette étude s’intéresse au renouvellement des mécanismes de pilotage, leurs problèmes structurels et conjoncturels, et propose des scénarios pour créer en France un Conseil de sécurité nationale (CSN) ou des institutions qui s’en rapprochent. Les fragilités du système actuel le rendent peu efficace et dans l’incapacité de prendre en compte le changement d’échelle des enjeux géopolitiques et d’une pratique institutionnelle de l’exécutif plus investie. Les autres systèmes internationaux offrent ainsi un parangonnage intéressant pour identifier des solutions reproductibles en France, notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni. L’objectif n’est pas d’importer ces modèles mais d’en adapter les bonnes idées au contexte historique et institutionnel français.

Se dessinent alors, pour le système français, trois options, relativement simples à mettre en œuvre et susceptibles de redonner des marges d’action à l’État pour un pilotage politique, stratégique et intégrateur de la politique étrangère et de défense nationale, actuellement en surchauffe :

  1. Un renforcement du Secrétariat Général de la Défense et de la Sécurité Nationale (SGDSN) par la mise en place d’une sous-direction dédiée au pilotage des conseils de défense et de sécurité nationale. Cette option peut être mise en place rapidement pour un coût annuel de 1 à 2 millions d’euros. Des défis persistent toutefois.
     
  2. La création d’un CSN modeste par extension de la cellule diplomatique de l’Élysée. Cette solution plus ambitieuse est envisageable dès 2025, avec un budget annuel de 50 millions d’euros. Elle vise à retrouver du poids et de la cohérence dans le pilotage.
     
  3. La création d’une nouvelle administration, le véritable CSN, fusionnant les missions des administrations existantes et dotée de nouveaux personnels. Cette option très ambitieuse nécessiterait un budget annuel d’environ 100 millions d’euros, ainsi qu’un travail de préfiguration dès 2025, avant de rendre des conclusions d’ici 2027.
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