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Opération spéciale
Avril 2025

Baromètre européen des
impôts de production 2025
Quatrième édition

Auteurs
Lisa Darbois
Directrice des études France, Experte Résidente

Lisa Darbois est Directrice des Études France à l’Institut Montaigne.

Nicolas Laine
Responsable des Publications - Études France

Nicolas Laine est Responsable de projets, Publications aux études France.

Raphaël Tavanti-Geuzimian
Chargé de projets - Économie

Raphaël Tavanti est chargé de projets sur les questions économiques à l’Institut Montaigne depuis 2023.

Groupe de travail

Pour cette quatrième édition du baromètre européen des impôts de production, l’Institut Montaigne a de nouveau collaboré avec les équipes de Forvis Mazars. Leurs experts en fiscalité ont proposé une approche juridique harmonisée des impôts de production grâce à l’appui d’un réseau international basé dans chacun des treize pays concernés par l’étude.


Contributeurs et coordinateurs du projet technique :

  • Élena Aubrée, Avocate associée chez Forvis Mazars Avocats
  • Lauranne Quesne, Avocate chez Forvis Mazars Avocats
  • Bruno Pouget, Associé chez Forvis Mazars

Dans la continuité des trois années précédentes, l’Institut Montaigne dévoile sa quatrième édition du baromètre européen des impôts de production,  dont l’objectif est de comparer, les poids de la fiscalité de production dans plusieurs pays, alors qu’elle constitue un réel enjeu de compétitivité et de dynamisme économique, national et européen.

En 2020, la France a fait le choix d’une politique volontariste pour réduire le poids de sa fiscalité de production, historiquement plus élevée que chez ses voisins européens. Ces efforts, dont notre baromètre rend compte, semblent néanmoins souffrir des contextes politiques et économiques dégradés, ainsi qu’en témoigne   le report de la suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) à 2030. Vient s’ajouter à cette dynamique, les premiers signes d’un ralentissement de la réindustrialisation après 7 ans de progression.

Face à ces tendances, la simplification et la visibilité des politiques fiscales demeurent des points d’ancrage importants pour les décideurs économiques et participent de l’attractivité du pays. Ainsi, ce baromètre constitue  plus que jamais, un outil qui apporte de la visibilité et permet de mesurer, dans le temps long, les marges de manœuvre françaises au sein du marché unique.

Cette quatrième édition cherche à poursuivre cet objectif, et propose une analyse comparative des différentes tendances observables parmi les principaux pays européens, entre 2022 et 2023. Quelle nouvelle tendance observe-t-on globalement au niveau européen de la fiscalité sur la production ? La France maintient-t-elle une dynamique à la hausse?

Périmètre retenu

Dans la continuité de nos deux précédentes éditions, le Royaume-Uni n’a pas été retenu dans le périmètre de l’étude : sa sortie du marché commun ne le soumet plus aux mêmes contraintes législatives et modifie profondément l’environnement économique dans lequel il évolue. La République tchèque fait son entrée dans cette quatrième édition après l’ajout de l’Autriche l’an dernier. Sa présence se justifie par la compétitivité et la densité de son tissu industriel, qui représente près de 38 % de son PIB. Le pays s’appuie sur des secteurs stratégiques tels que l’automobile, l’électronique et la métallurgie, bénéficiant d’une main d'œuvre qualifiée et d’un environnement favorable aux investissements. Par ailleurs, sa position géographique centrale en Europe en fait l'un des pays les plus intégrés dans les chaînes de valeur industrielles, notamment avec l’Allemagne, son principal partenaire commercial.La vitalité du modèle économique de la République tchèque rend ainsi d’autant plus pertinente l’étude de sa fiscalité de production.

Construction de l'indicateur

Les experts de Forvis Mazars en France, équipe coordinatrice du projet, ont élaboré un cahier des charges listant les informations nécessaires à l’identification et à l’analyse des impôts sur la production pour chacun des treize pays retenus. Ils se sont appuyés sur le règlement européen n° 549/2013 du 21 mai 2013 définissant les impôts sur la production ainsi que sur les normes juridiques françaises, notamment issues de jurisprudences rendues par les juridictions françaises.

Le cahier des charges établi comprend la liste de tous les impôts, taxes et contributions existants et signale ceux répondant à la définition d’impôts sur la production. Ces impôts doivent ainsi répondre à quatre critères :

  • ils sont obligatoires ;
  • ils sont dus par les entreprises ;
  • ils sont prélevés par les administrations publiques ou les institutions de l’Union européenne ;
  • ils sont dus au titre des capacités de production.


Ce cahier précise également les points de difficultés et propose une justification étayée du classement de certains impôts. Par exemple, la taxe sur les friches commerciales est exclue car elle est due au titre de la détention d’un immeuble inexploité et ne constitue donc pas un moyen d’exploitation.

Sur la base de ce cahier des charges, les experts de Forvis Mazars basés dans les douze autres pays concernés par l’étude ont classé les informations d’Eurostat et, si nécessaire, revu la classification au regard des critères établis. Les équipes ont alors dressé la liste exhaustive de l’ensemble des impôts par pays puis ont déterminé, ligne par ligne, s’il s’agissait ou non d’un impôt sur la production en justifiant leur choix et en prenant en compte la complexité des règles fiscales propres à chaque pays.

Ces données ont ensuite été transmises par Forvis Mazars à l’Institut Montaigne qui, avec l’aide d’HEC Junior Conseil, les a exploitées afin de construire l’indicateur nécessaire à la comparaison du montant global annuel des impôts sur la production entre la France et les douze autres pays européens. Cet indicateur commun est présenté en proportion du PIB 2023.

Si les conclusions de notre baromètre ne font pas différer sensiblement notre  classement de celui d’Eurostat, elles offrent donc un degré de précision plus important via une méthodologie juridique affinée.

Précision méthodologie

Si le degré de précision atteint par cet exercice est inédit, il existe une marge d’erreur s’agissant de l’exercice d’isolement des parts de ces impôts due par les ménages et par les entreprises. Pour certains pays, tels que l’Espagne ou la Pologne, certaines données sont manquantes et ne permettent pas de conclure à une absence de contribution des ménages sur des impôts de production. En France, certaines taxes identifiées par le cahier des charges comme relevant des impôts de production et collectées par les collectivités locales souffrent également d’un manque de transparence et ne sont pas systématiquement remontées à Eurostat.

Une stabilité relative au niveau européen

Alors que la précédente édition avait révélé une augmentation générale des impôts de production dans les économies européennes, cette édition marque un retournement de tendance. En effet, parmi les 13 pays étudiés, dix ont connu une baisse relative de leur poids fiscal, avec des réductions significatives en République tchèque (-6,6 %), en Allemagne (-5,5 %) et aux Pays-Bas (-5,1 %). Seuls la Pologne, le Danemark et la Suède affichent une hausse de leur fiscalité de production rapportée au PIB. La hausse importante de la Pologne contribue à légèrement relever la moyenne du baromètre, qui passe de 2,46% du PIB en 2022 à 2,54% en 2023.

Une baisse généralisée des impôts de production en Europe

Une baisse généralisée des impôts de production en Europe

Évolution des impôts de production entre 2023 et 2024
Données Eurostat 2023
Baromètre Institut Montaigne / Forvis-Mazars 2023

Des efforts français non coordonnés

La France connaît une légère baisse de 0,1 point du produit de cette fiscalité, passant de 3,9% en 2022 à 3,8 % en 2023, mais conserve son avant-dernière position.

Les impôts de production en France représentent 106 milliards d’euros en 2023

Les impôts de production en France représentent 106 milliards d’euros en 2024

Poids des impôts de production par pays (en pourcentage du PIB)

L’année 2023 voit notamment les recettes de la CVAE se réduire sensiblement, une conséquence directe de la politique engagée par le Gouvernement depuis 2020. Précisément, elle passe de  9 Md € en 2022 à 5,4 Md € en 2023.  Cependant, cette baisse est toutefois presque intégralement compensée par une hausse parallèle de la taxe foncière sur les propriétés bâties (+1,5 Md € depuis 2020), témoignant des difficultés à conduire une politique fiscale nationale véritablement coordonnée. L'inflation a entraîné une revalorisation des bases, mais un tiers de cette hausse vient des augmentations de taux décidées par les communes pour financer leurs dépenses en forte croissance (+4,9 %), notamment en raison du cycle électoral. Sans ces hausses, le poids des impôts de production aurait été inférieur de 500 M€.

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