La discipline rejoint une préoccupation d’ordre social : depuis le début de la pandémie, les petites entreprises ont eu bien moins accès que les grandes aux crédits de secours. Leur activité, leur niveau de rémunération, ont souffert. Mais le préalable à une politique de soutien semble être une meilleure connaissance de leurs comptes.
Ces changements à venir semblent plus importants que les objectifs pour 2023 fixés par Li Keqiang dans son rapport : croissance de 5 %, un objectif ambitieux mais dont on sait qu'il peut être atteint au besoin quantitativement au détriment du contenu de croissance ; un objectif de plein emploi des jeunes (12 millions d’emplois à créer) qui recoupe en filigrane une vraie crainte sécuritaire. Dans la refonte institutionnelle, on voit ce qu'on appelle familièrement le "bureau des plaintes" remonter sous l’autorité directe du Conseil des Affaires de l'État - c'est dans cette session la seule trace de la secousse contestataire qui a atteint la Chine urbaine en 2022. Avec une inflation prévue à 3 % - la Chine bénéficie d’une énergie bon marché et d'une structure de prix agricoles et industriels assez bas -, les dépenses militaires doivent augmenter une fois de plus - à 7,2 %, c'est un saut d'autant plus important que leur niveau officiel (221 milliards de dollars ou 210 milliards d'euros en 2022) laisse dans l’ombre de nombreuses subventions indirectes.
La réunion de l'ANP est d’ailleurs l'occasion de nouvelles diatribes contre les États-Unis, et de mises en garde contre les vulnérabilités potentielles de l’économie chinoise. Plus que le langage assez abstrait des rapports officiels à cette occasion, c’est un autre écho de Xi Jinping qui retiendra l’attention : lors d’une réunion avec les représentants de l'industrie et du commerce en marge de la session de l’ANP, ce dernier aurait mis en garde directement le fabricant chinois de batteries CATL (qui détient 39 % du marché mondial) contre une expansion inconsidérée de ses investissements à l’étranger, et aurait demandé des entreprises qu’elles équilibrent leur développement avec la sécurité.
Le contrôle de Xi renforcé sur l'appareil du PCC, la mise à la retraite parfois avant l'heure de dirigeants économiques et financiers, l'accent sur les risques de confrontation internationale ont été soulignés à l’occasion du XXème Congrès. La relève de génération est évidemment l’occasion de voir émerger de nouveaux profils : des proches de Xi Jinping depuis sa carrière au Fujian voici 20 ans, des cadres passés par l’armée ou les services de sécurité, de nombreux responsables de secteurs industriels avancés à commencer par l’aérospatial, le numérique et les biotechnologies. Ce seront des nominations à confirmer rapidement. Mais il est clair qu’au-delà de ces aspects, le PCC sous la direction de Xi Jinping s'attaque à une refonte gouvernementale ambitieuse. Ce n’est pas la réforme tant guettée par les milieux économiques. Si Xi Jinping a renoué depuis quelques mois avec des propos aimables en direction de l'entreprise privée, la "disparition" successive de deux dirigeants influents d'entreprises en un mois montre que la main de fer ne se relâche pas : Bao Fan, intermédiaire clef pour les investissements internationaux dans la haute technologie chinoise et Li Hejun, fondateur de Hanergy, le leader mondial des films solaires.
Et pourtant, des changements arrivent, entièrement pilotés d’en haut.
Copyright Image : WANG Zhao / AFP
Vue générale de la deuxième session plénière de l'Assemblée nationale populaire (ANP) au Grand Hall du Peuple à Pékin, le 7 mars 2023.
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