AccueilSantéSanté mentale des jeunes de l’Hexagone aux Outre-merRapport Septembre 2025Santé mentale des jeunes de l’Hexagone aux Outre-mer Cartographie des inégalités Santé Villes et territoiresPARTAGER Auteurs Victor Delage, fondateur-directeur général de l’Institut TerramMargaux Tellier-Poulain, responsable de projets santé et protection sociale à l’Institut MontaigneLou Vincent, chargée de projets santé à l’Institut Montaigne Sommaire 1. Un mal-être psychique généralisé 2. Outre-mer, genre, âge et métropole : des détresses inégales 3. Les jeunes ont-ils réellement accès à des dispositifs d’accompagnement ? Télécharger Enquête (72 pages) Synthèse (7 pages) Cinq ans après la crise du Covid, la santé mentale s’impose désormais comme une grande cause nationale, alors que les signaux de détresse psychique se multiplient, en particulier chez les jeunes, premières victimes des difficultés d’accès au soin.Depuis plus de quinze ans, ces enjeux constituent un axe majeur des travaux de l’Institut Montaigne : du premier pilote français de soins collaboratifs en santé mentale (modèle SÉSAME) à l’étude Internet : le péril jeune, en passant par les enquêtes Une jeunesse plurielle - Enquête auprès des 18-24 ans et Les jeunes et le travail : aspirations et désillusions des 16-30 ans.Dans cette continuité, l’Institut Montaigne, la Mutualité Française et l’Institut Terram ont réalisé une enquête de terrain inédite, menée auprès de 5 633 jeunes de 15 à 29 ans au printemps 2025, en métropole et dans les Outre-mer (DROM). Elle se distingue par son approche à la fois transversale et ancrée dans les territoires croisant les déterminants sociaux, économiques, culturels, numériques et environnementaux du bien-être psychique. L’étude explore aussi bien les freins à l’accès aux soins et les lacunes en matière de prévention que les ressources mobilisées, les formes de soutien disponibles et les attentes exprimées par les jeunes.MéthodologieLa Mutualité française, l’Institut Montaigne et l’Institut Terram se sont associés pour concevoir la présente enquête menée auprès de 5 633 personnes âgées de 15 à 29 ans, représentatives de la population française (Hexagone et départements et régions d’outre-mer) dans cette tranche d’âge, et dont les résultats sont publiés ici sous le titre : Santé mentale des jeunes de l’Hexagone aux Outre-mer. Cartographie des inégalités. L’administration du questionnaire s’est déroulée en ligne, du 14 au 30 avril 2025, via le panel propriétaire d’Ipsos, Ipsos Interactive Survey. La méthode des quotas a été appliquée selon le sexe et l’âge (quotas croisés), la profession et la catégorie socio-professionnelle du répondant, la région de résidence et la catégorie d’agglomération. À l’issue du terrain, un redressement par calage sur marges (méthode itérative) a été effectué sur ces mêmes variables. À noter que dans chacun des DROM étudiés, environ 120 jeunes âgés de 15 à 29 ans, représentatifs de la population locale, ont été interrogés - de 116 en Guyane à 145 à La Réunion - afin de permettre une lecture territoriale des résultats dans chaque collectivité. Dans l’échantillon global, les populations des DROM ont été réajustées pour refléter leur poids réel au sein de l’ensemble de la population française.L’enquête comportait 23 questions visant à explorer différents aspects de la santé mentale des jeunes, leur satisfaction vis-à-vis de leur territoire de vie, leurs habitudes quotidiennes, leur perception de l’avenir… L’évaluation de la santé mentale des jeunes s’appuyait sur plusieurs questions explorant différentes dimensions psychologiques, ainsi que sur une échelle validée pour le dépistage des épisodes dépressifs : la PHQ-9 (Patient Health Questionnaire). Cette dernière est un auto-questionnaire standardisé reposant sur les critères du DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders), un référentiel international en psychiatrie. Elle est constituée de 9 questions permettant d’évaluer la présence ou l’absence d’un épisode dépressif, ainsi que la sévérité des symptômes dépressifs sur les deux semaines précédant l’enquête, selon une échelle allant de 0 ("pas du tout") à 3 ("presque tous les jours"). Ainsi, et conformément aux indications établies par la Faculté de médecine de Stanford, un répondant est considéré comme souffrant de dépression si l’une des deux conditions suivantes est remplie :condition 1 : au moins 5 items sont cotés à 2 ou 3, dont obligatoirement l’item 1 (perte d’intérêt ou de plaisir) ou l’item 2 (humeur dépressive) ;condition 2 : au moins 4 items sont cotés à 2 ou 3, dont l’item 1 ou l’item 2, et au moins 1 point est attribué à l’item 9 (pensées de mort ou d’automutilation). Grâce à cette double approche, combinant perception subjective et évaluation standardisée, l’enquête offre à la fois un éclairage global et nuancé sur l’état de santé mentale des jeunes.Un mal-être psychique généraliséDescriptionUn quart de jeunes atteints de dépressionSelon le PHQ-9 (Patient Health Questionnaire) - Total des jeunes souffrant de dépression- Hauts-de-France : 25 % - Normandie : 25 % - Ile-de-France : 27 % - Grand-Est : 23 % - Bretagne : 21 % - Pays de la Loire : 22 % - Centre-Val-de-Loire : 21 % - Bourgogne-Franche-Comté : 19 % - Nouvelle- Aquitaine : 24 % - Auvergne-Rhône-Alpes : 24 % - Provence-Alpes-Côte d'Azur : 28 % - Occitanie : 23 % - Corse : 28 % - Guadeloupe : 37 % - Martinique : 44 % - Mayotte : 43 % - Guyane : 52 % - La Réunion : 32 %Source : Mutualité Française, Institut Montaigne, Institut Terram - Mai 2025Fatigue, repli, perte d’intérêtLes problèmes psychologiques et les troubles psychiques s’accumulent chez les jeunes. Certaines situations de mal-être présentent une très forte prévalence parmi les jeunes mais le chiffre le plus inquiétant demeure sans doute celui-ci : près d’1 jeune sur 3 affirme avoir déjà eu des pensées suicidaires ou envisagé de se faire du mal.Le stress scolaire et professionnel est massif87 % des jeunes sont stressés par leurs études, 75 % par leur travail. L’instabilité de l’emploi accentue le mal-être : 36 % des indépendants et 31 % des chômeurs et salariés à temps partiel sont atteints de dépression, contre 23 % des jeunes salariés à temps plein.Outre-mer, genre, âge et métropole : des détresses inégalesLes jeunes ultramarins sont les plus sévèrement touchés39 % des jeunes en Outre-mer souffrent de dépression contre une moyenne de 25 % pour l’ensemble de la France. Plus d’un jeune sur deux en Guyane (52 %) est concerné, 44 % en Martinique, 43 % à Mayotte, des niveaux sans équivalent dans l'Hexagone. Les jeunes femmes apparaissent plus affectées27 % des jeunes femmes souffrent de dépression, contre 22 % des jeunes hommes. Cette vulnérabilité de genre s’observe aussi dans les autres indicateurs : troubles du sommeil, fatigue persistante, stress lié aux études. Les jeunes urbains sont les plus touchésLe sentiment de tristesse ou de désespoir touche 64 % des jeunes en métropole, contre 54 % en milieu rural. Les étudiants résidant en milieu urbain sont plus exposés à l’isolement et à la précarité.Les jeunes ont-ils réellement accès à des dispositifs d’accompagnement ?Les dispositifs sont fragmentés, peu lisibles, difficilement accessibles. À cela s’ajoutent de nombreux freins au recours à l’aide professionnelle : peur de la stigmatisation, méconnaissance des ressources disponibles, peine à identifier les interlocuteurs, obstacles matériels ou logistiques. Ainsi, plus d’un tiers des jeunes qui ressentent le besoin de consulter ne franchissent pas le pas.DescriptionParler de santé mentale : quels soutiens ? (en %) Question : "Avez vous déjà parlé de votre santé mentale avec ...?"Un professionnel (médecin généraliste, psychologue, psychiatre, infirmier, etc.) - 3 % je ne souhaite pas répondre - 21 % oui, plusieurs fois - 17 % oui, une seule fois - 19 % non mais j'en ai déjà ressenti le besoin - 40 % non et je n'en ai jamais ressenti le besoinUn ou des membres de votre famille - 3 % je ne souhaite pas répondre - 28 % oui, plusieurs fois - 19 % oui, une seule fois - 17 % non mais j'en ai déjà ressenti le besoin - 33 % non et je n'en ai jamais ressenti le besoinUn ou des amis - 2 % je ne souhaite pas répondre - 32 % oui, plusieurs fois - 20 % oui, une seule fois - 15 % non mais j'en ai déjà ressenti le besoin - 31 % non et je n'en ai jamais ressenti le besoinSource : Mutualité Française, Institut Montaigne, Institut Terram, Mai 2025.Un autre enjeu est de mieux sensibiliser, et autrement : si 76 % des jeunes déclarent avoir été sensibilisés à la santé mentale, cette sensibilisation passe avant tout par les réseaux sociaux (Instagram, TikTok, YouTube) ou les proches. Les canaux institutionnels restent minoritaires : 20 % ont été sensibilisés par des initiatives de l’établissement scolaire ou universitaire, 11 % par leur médecin, 8 % par une association. Or, l’accès à une information fiable, encadrée, et de qualité reste crucial pour prévenir les troubles et accompagner les jeunes.DescriptionRépartition des usages des réseaux sociaux par les jeunes (en %)Question : "Pour quelles raisons utilisez-vous principalement les réseaux sociaux ? - 70 % pour me divertir (vidéo, mèmes, jeux, musique) - 51 % pour garder garder contact avec mes amis / famille éloignés - 27 % pour suivre l'actualité et les tendances - 22 % pour m'informer sur des sujets sérieux (politique, climat, santé mentale...) - 7 % pour trouver un soutien moral ou échanger sur des forums - 1 % autreSource : Mutualité Française, Institut Montaigne, Institut Terram - mai 2025Les jeunes doivent être reconnus comme des acteurs capables de formuler des propositions. C’est dans cette optique que l’étude a intégré une question prospective sur les mesures jugées les plus efficaces pour améliorer leur santé mentale. Les jeunes formulent des demandes concrètes et cohérentes : faciliter l’accès aux soins psychologiques (36 %) et à la prévention (36 %), rendre les soins plus accessibles (34 %), promouvoir des leviers de bien-être comme le sport, la culture ou les activités de sociabilité (29 %), agir sur les causes profondes : harcèlement, isolement, précarité.ImprimerPARTAGERTélécharger Enquête (72 pages)Télécharger Synthèse (7 pages)contenus associés à la uneOctobre 2023Soins collaboratifs en santé mentale : le modèle SÉSAMEPremière expérimentation en France d'un nouveau modèle de prise en charge des troubles dépressifs et anxieux, basé sur la collaboration entre médecins généralistes et professionnels de la psychiatrie (infirmiers, psychologues, psychiatres...).Consultez l'Opération spéciale 16/05/2024 Faire de la santé mentale une Grande cause nationale Angèle Malâtre-Lansac 27/02/2024 Santé mentale des jeunes : il est temps d’innover ! David Gourion