AccueilExpressions par MontaigneTurquie : la crise de régime ?L'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.17/04/2025Turquie : la crise de régime ? Coopérations internationalesImprimerPARTAGERAuteur Soli Özel Expert Associé - Relations Internationales et Turquie Depuis l'arrestation, le 20 mars, du maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu, figure influente du Parti républicain du peuple (CHP) qui était aussi le principal opposant du président Recep Tayyip Erdoğan, chef de l'AKP (islamo-conservateur), la Turquie est en ébullition. Comment comprendre cette crise politique, qui survient trois ans avant l'élection présidentielle, alors qu'Erdoğan semblait en position de force en Syrie et plus indispensable que jamais dans une OTAN soumise à rude épreuve par la nouvelle administration Trump ? En quoi la gravité de la situation actuelle se distingue-t-elle des précédents épisodes de contestation politique ? Dans son analyse, Soli Özel appelle l'UE à ne pas s'installer dans un somnambulisme attentiste et à soutenir une mobilisation d’où pourrait sortir un nouvel alignement politique aux conséquences régionales.Le 19 mars dans la matinée, le lendemain de la révocation, par un comité de l'université d'Istanbul, de son diplôme universitaire de 1994 au motif allégué d’irrégularités, les forces de sécurité ont fait irruption chez Ekrem İmamoğlu, le maire d'Istanbul, et l'ont arrêté avec certains de ses associés, pour corruption et appartenance à une organisation terroriste - cette dernière accusation a par la suite été provisoirement suspendue. L'arrestation a déclenché des protestations dans tout le pays, quelle que soit la couleur politique des provinces concernées. Les sondages montrent en effet que 60 % de la population n’est pas convaincue par le bien-fondé d’une procédure judiciaire considérée comme avant tout politique, et qu’elle ne considère pas que les accusations sont crédibles. Le maire d’Istanbul, Ekrem İmamoğlu, qui apparaît selon presque tous les sondages comme le plus sérieux candidat à la présidentielle de 2028 contre le président actuel Tayyip Erdoğan, est maintenant en prison sans même accusation en bonne et due forme. La société dont sa famille était propriétaire a été placée sous tutelle, tout comme celles de certains de ses associés. Le maire a protesté de son innocence, tant lors de son arrestation qu'en prison, et a juré de continuer le combat qu’il mène en faveur d’un pays démocratique, juste et équitable. Cette crise politique est survenue au moment même où l'économie turque commençait enfin à se redresser, où le taux d'inflation semblait baisser et où le marché turc retrouvait une certaine attractivité auprès des investisseurs. Sur le plan international, la Turquie bénéficiait aussi d’un regain de faveur depuis la chute du régime d'Assad et en raison des bonnes relations qu'Ankara entretenait avec les nouveaux dirigeants de Damas. L'évolution de la situation en Ukraine et l'incertitude sur l'engagement américain ont également contribué à renforcer l'importance stratégique de la Turquie, ouvrant la voie à un réchauffement des relations avec l'Union européenne en matière de coopération et de sécurité, y compris avec certains États-membres plus distants avec Ankara par le passé.Le contexte internationalLors d’une séance de photographies le 8 avril dernier, dans le Bureau ovale de la Maison-Blanche, pendant la visite du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, Donald Trump fait l’éloge de son homologue turc. Cet ostensible retour en grâce n’a rien d’inédit, mais n’en est pas moins révélateur, dans un contexte où les tensions entre Israël et la Turquie sont exacerbées autour de la question syrienne. De telles faveurs publiques eussent dû se traduire par un sursaut de M. Erdoğan dans les sondages mais, étant donné le climat politique actuel et la forte mobilisation sociale en Turquie, ses erreurs de calcul et sa mauvaise gestion, il faut plutôt s’attendre à ce que cette démonstration d'affection et de solidarité de la part de Donald Trump desserve le président turc. Le parti d'opposition et son chef, Özgür Özel, dont les ardeurs ont été récemment ranimées, pourraient trouver matière à de nombreuses contre-attaques dénonçant un Erdoğan aux ordres de Washington, autoritariste, à la tête de forces de sécurité brutales déchaînées contre des manifestants pacifiques et prêt à lancer un inique procès judiciaire contre un homme politique à la popularité nationale, jeté en prison.Erdoğan a lancé une crise intérieure au moment même où sa chance légendaire le mettait, une fois de plus, en position de force sur la scène politique internationale"Que diable allait-il faire dans cette galère ?" (pour reprendre les mots d’une pièce de Molière qui après tout jouait aussi d’un contexte turc) pourrait-on dire, tant le mystère reste entier : Erdoğan a lancé une crise intérieure au moment même où sa chance légendaire le mettait, une fois de plus, en position de force sur la scène politique internationale, en décembre 2024. La Turquie gagnait en importance géopolitique et son appartenance à l’OTAN lui donnait un argument exploitable à des fins économiques, au moment où des fonds étrangers semblaient indispensables pour redresser l'économie nationale à la peine.La chute du régime de Bachar al-Assad en Syrie et son remplacement par Hayat Tahrir al-Cham (HTS), une organisation islamiste/djihadiste qui a bénéficié de la protection et du soutien de la Turquie pendant presque une décennie, a pu donner au monde l'impression que la Turquie contrôlait désormais l'avenir de la Syrie. Certes, il est incontestable qu’Ankara joue un rôle important, mais les événements survenus depuis qu’HTS a pris le pouvoir montrent aussi qu’il ne faut pas surestimer l'influence de la Turquie dans les affaires intérieures du nouveau régime syrien - notamment au sujet de l'avenir politique des groupes kurdes dans ce pays.Le retour au pouvoir du président Trump a également renforcé la place stratégique de la Turquie pour deux raisons au moins : la réorientation radicale de la politique américaine vers la Russie (l’administration Trump ayant adopté une posture plus amicale envers Moscou au point de maintenir la Russie en dehors de la liste des pays soumis au bombardement tarifaire initial) laissait présager un accord imminent imposé à l'Ukraine, dont le président a été pris en embuscade dans le Bureau Ovale. Or, la Turquie, qui entretenait toujours de bonnes relations avec les deux belligérants dont elle est voisine en mer Noire, pouvait jouer un rôle de médiateur. De plus, et de façon plus importante encore pour la géopolitique européenne, le risque d’accord favorable à la Russie rend l'Europe plus vulnérable, en ne la laissant plus compter sur la protection des États-Unis, dirigés par un président et un vice-président qui manifestent de façon nette leur antipathie pour l'Europe libérale.À présent que la relative légèreté avec laquelle les membres européens de l'OTAN traitaient leur contribution à la défense atlantique ou les capacités militaires globales de l'Europe prend fin, la contribution potentielle des pays non membres de l'UE à la sécurité européenne devient une question cruciale. Le changement d'approche et de traitement d'Ankara par les États membres de l'UE a montré qu'un nouveau cadre et de nouvelles références s’élaboraient pour aborder les relations entre l’UE et la Turquie. Ankara occupait une position de surplomb stratégique : entre une administration Trump indifférente à la démocratie, à l'État de droit ou aux droits de l'homme et une UE en état d’alerte qui préférait fermer les yeux par opportunisme, la Turquie avait les mains libres en matière de politique intérieure, sans qu’aucune pression systémique ne la tempère. La coopération implicite en matière de sécurité se poursuivrait, même si les espoirs de rapprochement politique et de levée des restrictions de visa pour les citoyens turcs étaient une fois de plus mis de côté.C'est dans ce contexte d'invulnérabilité apparente sur le plan international qu'Erdogan et son partenaire de coalition, le dirigeant ultranationaliste Devlet Bahçeli, ont opéré leurs surprenantes manœuvres. Bahçeli a été le premier à ouvrir le bal par une mesure nationale importante aux répercussions régionales, avant même la chute du régime syrien : il a demandé au fondateur et chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan, emprisonné depuis 1999, pour annoncer la dissolution de son organisation, reconnue comme terroriste par les États-Unis et l'Union européenne et qui mène depuis plus de quarante ans une insurrection contre la Turquie. Sa branche syrienne, le PYD/YPG, formée et approvisionnée par l'armée américaine sous le nom de Forces démocratiques syriennes, contrôlait un tiers du territoire syrien avec des groupes arabes qui combattaient aussi l'EI. Cette aide américaine à un groupe considéré comme terroriste par la Turquie demeurant un objet de discorde majeure entre Ankara et Washington. Par cette ouverture, Ankara répondait aux réalités géopolitiques changeantes du Moyen-Orient.Depuis le 7 octobre 2023, la riposte militaire d'Israël en réponse à l'attaque odieuse perpétrée par le Hamas a réussi à affaiblir sérieusement le soi-disant axe de la résistance de l'Iran. Brisés militairement mais pas écrasés, le Hamas et le Hezbollah ont perdu certains de leurs dirigeants les plus importants, tués par Israël. L'Iran n'a pas pu répondre aux attaques israéliennes sur son propre sol et ses réponses, inefficaces, ont avant tout été chorégraphiées pour ne pas attirer la colère du tandem Israël-États-Unis et ont contribué, ce faisant, à l'effondrement du régime sanglant d'Assad. Israël a ainsi transformé les équilibres géopolitiques du Proche-Orient. Il était déjà clair en octobre, avant le lancement de l’offensive du HTS de novembre, que l'Iran et ses alliés seraient sévèrement empêchés dans la nouvelle configuration géopolitique. Les Kurdes, quant à eux, pourraient avoir une influence politique plus importante dans la région.Bahçeli a en partie anticipé les développements régionaux mais son ouverture avait aussi une raison d’être nationale : la coopération entre le parti politique kurde et le principal parti d'opposition, le CHP, lors des élections municipales de 2024, a été un grand succès et a marqué une défaite majeure pour la coalition AKP-MHP, qui a perdu les municipalités même dans les provinces les plus conservatrices du pays. M. İmamoğlu a sans doute été le principal architecte de cette puissante et fructueuse union des forces qui a également permis au mouvement politique kurde d'obtenir des sièges dans les conseils municipaux et les mairies d'importantes sous-municipalités. Tirant les leçons politiques de mars 2024, Bahçeli comptait offrir au parti politique kurde une adhésion à la coalition au pouvoir et la libération du chef du PKK, Abdullah Öcalan, emprisonné depuis 25 ans, espérant que la carotte allait faire oublier le bâton des arrestations et inciter l’AKP à accepter la nomination de mandataires pour remplacer les maires élus afin de briser l'alliance entre le parti d’opposition CHP et les Kurdes.Le leader du PKK a respecté sa part du marché et a demandé à l'organisation son autodissolution, requérant implicitement que la branche syrienne, le PYD/YPG, fasse de même. Cependant, le leader de l'organisation kurde en Syrie s’y est refusé et a signé un accord avec le président par intérim de la Syrie, Ahmed al-Sharaa, qui aurait été négocié par le CENTCOM (United States Central Command, commandement de la Défense des États-Unis au Moyen-Orient, en Asie centrale et en Asie du Sud).Pourtant, dans le même temps qu’il négociait son ouverture, le gouvernement fomentait une attaque contre les maires du CHP et les maires du parti pro-kurde DEM, dont un certain nombre étaient arrêtés, soit pour complicité de terrorisme, soit pour corruption. Une série de poursuites judiciaires, toutes absurdes, ont été engagées contre le maire d'Istanbul Ekrem İmamoğlu, dont l'intention de se présenter à l'élection présidentielle prévue en 2028 était publique et qui faisait campagne avec passion dans tout le pays, devant des foules nombreuses. Sa campagne visait aussi à mobiliser les cadres du CHP pour organiser une "primaire", la première de l'histoire républicaine turque, destinée à accroître la visibilité d'İmamoğlu et à se prémunir contre des attaques judiciaires. Cinq jours avant la date retenue pour cette primaire, le diplôme universitaire de M. İmamoğlu - condition requise pour être élu président - a donc été annulé, avant qu’İmamoğlu et son groupe de réflexion composé de ses plus proches collaborateurs ne soient arrêtés.L’attaque contre M. İmamoğlu peut être considérée comme l'une des plus graves erreurs politiques qu’Erdoğan ait commises au cours de sa longue carrière. En repoussant la police, les étudiants de l'université d'Istanbul, la plus ancienne de Turquie, où le maire a reçu son diplôme aujourd'hui annulé, ont brisé les murailles de la peur et de la passivité et ont déclenché une mobilisation massive dans toute la société. La mainmise d'Erdogan sur le pays, qui dure depuis au moins une décennie, est désormais fortement remise en question au niveau national.L’attaque contre M. İmamoğlu peut être considérée comme l'une des plus graves erreurs politiques qu’Erdoğan ait commises au cours de sa longue carrièreCe n’est pas la première fois qu’Erdogan est contesté par la rue : une mobilisation violemment réprimée avait notamment eu lieu en 2013, lorsque des manifestations venues du parc Gezi à Istanbul, parties de la volonté de protéger ce parc menacé de destruction et devenues une lutte pour la défense des libertés individuelles, ont gagné une ampleur nationale. Ce mouvement avait néanmoins été de courte durée et s’était éteint assez rapidement dans la majeure partie de l'Anatolie ; il avait duré trois semaines à Istanbul, avant que la répression brutale n’y mette fin, enterrant pendant plus d'une décennie la voix de la rue. La pusillanimité et le manque d'imagination politique du dirigeant du principal parti d'opposition d’alors avaient largement contribué à la criminalisation des manifestations et favorisé l'autoritarisme croissant du régime d'Erdogan, qui semblait indétrônable. Tous les défis à son encontre s’étaient soldés par des échecs, y compris la mobilisation pour les élections présidentielles de 2023. Pourtant, les choses semblent cette fois très différentes. Cinq raisons, également identifiées par la professeure Evren Balta dans une tribune, expliquent le caractère inédit de la conjoncture politique actuelle :L'électorat turc veille jalousement sur le respect des élections, du droit de vote et de ses choix politiques, qu’il considère comme sacro-saints. L'AKP d’Erdoğan en a tiré sa légitimité mais aujourd'hui, en emprisonnant l’adversaire le plus puissant qu’il ait eu à affronter depuis 23 ans, il porte atteinte aux urnes et affaiblit fortement sa propre légitimité. Il se trouve dépassé par la réaction de la population et des marchés financiers nationaux et internationaux.Erdoğan n'avait jamais eu affaire à des dirigeants politiques aussi redoutables qu'Imamoğlu et le maire d'Ankara Mansur Yavaş. Ces derniers ont su convaincre leur électorat de leur aptitude à diriger le pays. Le jeune leader du CHP, Özgür Özel, s'est lui aussi étonnamment montré à la hauteur, démentant son image de médiocrité et témoignant de ses qualités de dirigeant après l'emprisonnement d'İmamoğlu.Pour la première fois depuis longtemps, et bien qu'il contrôle 90 % des médias et tous les moyens de communication, sans parler de sa mainmise sur les tribunaux, Erdoğan est incapable de distordre à son avantage le récit des événements. Les faits sont trop évidents pour être contestés.À la différence de ce qui prévalait lors des précédentes crises, l'économie est en mauvaise passe ; même les électeurs d'Erdoğan souffrent de l’inflation élevée, des inégalités de revenus, du coût du logement et de la nourriture ; domine le sentiment que l'horizon est sombre et que l’avenir, surtout des jeunes, est compromis. Dès l'annulation du diplôme, les marchés ont réagi violemment et, dix jours avant une fête religieuse, l'Aïd El Fitr (qui marque la fin du Ramadan), alors que le pays était fermé, la Banque centrale a dû puiser dans ses réserves et utiliser 40 milliards de dollars (à ce jour) pour soutenir la monnaie.La mobilisation a atteint une importance sans précédent, comme en a témoigné la participation au vote de la primaire organisée par le CHP, au point que le parti a décidé d’installer une urne supplémentaire, baptisée "urne de solidarité", à côté de l'urne réservée aux membres du parti, pour permettre aussi au grand public de voter. On estime que, en dépit du nombre limité de 12 000 urnes (sur les 200 000 utilisées lors des élections nationales), ce sont 15 millions de personnes qui ont voté, exprimant leur rejet des manœuvres électoralistes, de l'arbitraire et de la répression politique qui étaient le fait du pouvoir.Alors que la rumeur avait rapporté qu’Erdoğan avait l’intention de nommer un administrateur à la municipalité d'Istanbul et au CHP en raison de prétendues irrégularités lors de la convention du parti de 2023, il a reculé, sur les conseils de ses alliés politiques.Crise du régime ?Le président ne semble plus capable de rallier de soutien. La répression physique et judiciaire sont les seuls outils à sa disposition pour se maintenir au pouvoir vaille que vaille malgré l’épuisement de ses forces politiques.Toutefois, à moins d’une défection au sein de la coalition ou de l’organisation de nouvelles élections, le gouvernement ne tombera pas. Erdogan le sait parfaitement. Dès lors, les options qui s’offrent à lui sont le modèle russe d'élections factices qui se réduisent à un plébiscite - peu probables étant donnée que le dirigeant actuel est de moins en moins soutenu et que ses opposants gagnent au contraire en popularité - ou le modèle venezuelien, qui se résume à nier le résultat des urnes et affirmer la victoire en dépit des faits : Erdogan pourrait se laisser tenter, mais les chances de réussite sont faibles.Il en va du régime d'Erdogan comme d’une batterie qui ne peut plus être rechargée si son ampère est inférieur à 2 : il semble trop à bout pour retrouver en vigueur politique.Les prochaines semaines nous diront si le président privilégie la voie de la répression ou de la réconciliation. Mais il en va de son régime comme d’une batterie qui ne peut plus être rechargée si son ampère est inférieur à 2 : il semble trop à bout pour retrouver en vigueur politique.L'UE, quasi prête à tout pour garder la Turquie à ses côtés, s’illustre par la tiédeur de sa réaction à l'arrestation et à l'incarcération du maire et fait preuve d'une relative indifférence à l'égard d'Ankara. Certains maires de grandes villes européennes ont toutefois été plus clairs et ont fermement soutenu le maire et la démocratie en Turquie (Ekrem Imamoglu a par exemple été élevé au rang de citoyen d'honneur de la ville de Paris.) L'ascension géostratégique de la Turquie pourrait ne pas lui valoir un total blanc-seing ni totalement protéger le régime d'Erdoğan d'un affaiblissement interne.Le soutien ferme et décomplexé de Donald Trump au régime pourrait ne pas suffire à recharger les batteries de la légitimité. Quant à l'Union européenne, à laquelle le destin de la Turquie est étroitement lié à plus d'un titre, une mise en garde s'impose.À l'heure où les "démocraties libérales" luttent pour leur survie, cette mobilisation démocratique organique en Turquie pourrait avoir valeur de test massif dont les conclusions seraient applicables même en Europe. L'UE a perdu depuis longtemps toute autorité morale sur l'évolution politique intérieure du pays mais ce qui est en train de se dérouler est une véritable mobilisation démocratique qui pourrait conduire à un nouvel alignement politique et mettre un terme à l’autoritarisme rétrograde qui a cours. À l'heure où les "démocraties libérales" luttent pour leur survie, cette mobilisation démocratique organique en Turquie pourrait avoir valeur de test massif dont les conclusions seraient applicables même en Europe.Dès lors, l'UE se doit de suivre les événements avec la plus grande attention, et d’adopter une approche efficace et créative aux côtés de la population turque, plutôt que de faire preuve de complaisance ou de somnambulisme.copyright KEMAL ASLAN / AFPDilek Kaya Imamoglu, épouse du maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu, lors d’un rassemblement du Parti républicain du Peuple (CHP) à Istanbul, le 29 mars. ImprimerPARTAGERcontenus associés à la uneJanvier 2025L'après 2024 : crépuscule ou renouveau démocratique ?L’année 2024 a battu tous les records jamais enregistrés s’agissant de la tenue d’élections dans le monde. Plus de 60 pays étaient appelés aux urnes. Plus de 60 pays étaient appelés aux urnes, dont les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, Taiwan, l’Inde, la Russie ou la Turquie. Dans quel état se trouve la démocratie en ce début d’année 2025 ? Quels tout premiers enseignements peut-on tirer des différents scrutins ? L’année la plus démocratique de l’histoire récente serait-elle aussi celle de sa grande déconsolidation ?Consultez la Note d'enjeux 07/01/2025 Venezuela : la crise qui ne finit pas Alexandre Marc 03/04/2024 Municipales en Turquie : de la solitude des sommets, plus dure sera la chut... Soli Özel 26/03/2025 [Le monde vu d’ailleurs] - Turquie, indispensable et embarrassante alliée :... Bernard Chappedelaine