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07/08/2023

Les syndicats suédois : entre rôle clef et évolutions déstabilisantes

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Les syndicats suédois : entre rôle clef et évolutions déstabilisantes
 Annie Jolivet
Auteur
Economiste, ingénieure de recherche au Cnam

En Suède, les syndicats jouent un rôle prépondérant dans la régulation du marché du travail, avec un taux de syndicalisation parmi les plus élevés au monde. Cette intégration semble protéger le pays des conflits sociaux qui touchent la majorité de ses voisins européens. Comment expliquer cette "singularité nordique" ? Après l'Allemagne, l'Italie et la Belgique, Annie Jolivet, chercheuse au Centre d'études de l'emploi et du travail, nous emmène pour une nouvelle étape de notre Tour d'Europe des syndicats. Cap sur Stockholm cette fois-ci, à la découverte d'une culture du dialogue social singulière.

Retrouvez l'ensemble des articles de notre Tour d'Europe des syndicats

2023 est pour la Suède une année sociale importante : 470 des 655 accords collectifs existants arrivent à échéance. Ils concernent 2,3 millions de salariés. Pour la plupart, ces accords ont déjà été négociés entre le mois de mars et le mois d'avril dernier. Ces négociations sont d'autant plus déterminantes que les salaires réels ont connu une baisse historique en 2022 en raison du niveau élevé de l'inflation. 

Les cycles de négociation, qui ont lieu tous les deux ou trois ans, illustrent le rôle central de régulation joué par les organisations d'employeurs et les organisations de salariés dans le pays. C'est l'occasion de revenir sur les singularités du syndicalisme en Suède, son histoire et ses évolutions récentes.

Le syndicalisme en Suède : rapide historique

Les salaires réels ont connu une baisse historique en 2022 en raison du niveau élevé de l'inflation.

2023 est pour la Suède une année sociale importante : 470 des 655 accords collectifs existants arrivent à échéance. Ils concernent 2,3 millions de salariés. Pour la plupart, ces accords ont déjà été négociés entre le mois de mars et le mois d'avril dernier. Ces négociations sont d'autant plus déterminantes que les salaires réels ont connu une baisse historique en 2022 en raison du niveau élevé de l'inflation. 

Les travailleurs ont commencé à s’organiser en Suède au milieu du XIXème siècle. Les syndicats se sont développés principalement chez les cols bleus dans les années 1870 et 1880. Première confédération syndicale, LO (Landsorganisationen i Sverige) a été fondée en 1898. La SAF (Svenska arbetsgivareföreningen), Confédération des employeurs suédois, a été fondée en 1902. TCO (Tjänstemännens centralorganisation), la Confédération générale des cadres, fonctionnaires et employés, a été fondée en 1944, suite à la fusion de deux confédérations centrales représentant l’une le secteur privé (fondée en 1931), l’autre le secteur public (fondée en 1937). Saco (Sveriges akademikers centralorganisation), la Confédération générale des travailleurs intellectuels de Suède, a été fondée en 1947.

Les liens ont longtemps été étroits entre LO et le Parti social-démocrate (SAP), au pouvoir continûment de 1932 à 1976, et présent depuis dans des gouvernements minoritaires, avec des alternances politiques. Ces liens sont aujourd’hui distendus. Les deux autres confédérations, TCO et Saco, ont toujours été indépendantes des partis politiques.

Les rapports entre les syndicats et le patronat ont connu des phases de forte conflictualité jusqu’à la fin des années 1930, avec une grève historique en 1909. La signature de l’accord de Saltsjöbaden le 20 décembre 1938 entre la Confédération générale du travail de Suède, LO et la Confédération des employeurs suédois, SAF a constitué un tournant majeur.

La signature de l’accord de Saltsjöbaden en 1938 a constitué un tournant majeur.

Cet accord est devenu un accord central, un modèle pour d’autres accords et un accord symbolique. Les règles relatives à l'action collective qu’il fixe sont presque considérées comme des principes généraux du droit des conflits. Il a surtout contribué à expliciter et cimenter la norme d’une régulation conjointe du marché du travail par les organisations syndicales et patronales sans interférence du gouvernement.

Deux lois importantes structurent l’emploi et le travail en Suède. La loi sur la codétermination sur le lieu de travail (Lag om medbestämmande i arbetslivet) de 1976, plusieurs fois modifiée depuis, recouvre l’ensemble des droits et devoirs des organisations de salariés et des employeurs concernant à la fois la participation des syndicats à la vie de l’entreprise, le droit à l’information, le dialogue social et la stabilité des accords collectifs. C'est l'une des premières lois sur le marché du travail qui rompt avec la primauté totale de la négociation entre partenaires sociaux. La loi sur la protection de l’emploi (Lag om anställningsskydd) de 1982, modifiée de nombreuses fois depuis, fixe les règles d’embauche et de rupture de la relation d’emploi, notamment l’usage des contrats à durée déterminée, les obligations de l'employeur en cas de rupture de la relation d’emploi et l’ordre des licenciements en cas de licenciements économiques. Cette dernière règle, dite "last in first out", dispose que, sauf exemptions très limitées, les salariés les moins anciens sont licenciés en priorité. 

Les modalités de la négociation collective sur les salaires ont beaucoup évolué depuis les années 1980. Des années 1980 à 1994, pendant deux vagues de crise économique forte et de montée du chômage, une première période est marquée par le changement de stratégie des organisations d'employeurs, la disparition du modèle de négociation centralisée coordonnée par LO et la SAF et par une intervention nouvelle de l'État dans des champs jusque-là uniquement gérés par les partenaires sociaux avec l'arrivée au pouvoir de gouvernements de centre-droit. De 1994 à 2006, une deuxième période voit le retour à des gouvernements sociaux-démocrates, avec des tentatives de restauration d’une coordination centralisée mais aussi la poursuite de l’interventionnisme de l'État. Entre 2006 et 2014 s’ouvre une période d'interventions encore plus poussées de l'État par des gouvernements de coalition centre droit ou sociaux - démocrates, avec en réaction sur certains sujets des accords sectoriels coordonnés.

Depuis 2014, la tendance semble à un retour à la primauté des initiatives des partenaires sociaux

Depuis 2014, la tendance semble à un retour à la primauté des initiatives des partenaires sociaux, dans un contexte de gouvernements minoritaires et de la montée des votes en faveur des Démocrates de Suède, le parti d'extrême-droite, lors des élections législatives.

Un taux de syndicalisation encore parmi les plus élevés du monde et un niveau très élevé d’organisation des employeurs

Après avoir atteint un pic à 86 % en 1986, le taux de syndicalisation parmi les actifs en emploi a connu une diminution lente à partir du début des années 2000, puis un épisode de baisse brutale avec la réforme de l'assurance chômage en 2007 et 2008 par le gouvernement de centre-droit issu des élections de 2006. La très forte réduction de la contribution de l'État au financement de l'assurance-chômage provoque immédiatement une forte hausse du montant des cotisations aux caisses et accroît les différences de cotisation entre caisses. Le coût beaucoup plus élevé de l’adhésion à une caisse d’assurance-chômage (d'autant plus sensible que la réduction fiscale est supprimée) se traduit à la fois par une forte baisse du nombre de personnes affiliées à ces caisses et par une diminution du nombre de syndiqués.

Le taux de syndicalisation passe ainsi de 78  % en 2006 à 73  % en 2007, puis sous la barre des 70  %. S’il semble se stabiliser aujourd’hui autour de 70 %, avec une certaine reprise des adhésions au cours des dernières années, le taux de syndicalisation se situe à un niveau inférieur à celui des années 1980 et 1990.

Le taux de syndicalisation passe ainsi de 78  % en 2006 à 73  % en 2007, puis sous la barre des 70  %

Les salariés et les employeurs sont regroupés dans des associations nationales, qui adhèrent à des confédérations. Il existe une centaine d’organisations, réparties à peu près également entre organisations d’employeurs et organisations syndicales.

Les syndicats et les confédérations représentent chacun une catégorie socio-professionnelle (ouvriers et employés/diplômés/cols blancs) ce qui simplifie le choix d'adhésion et limite la concurrence entre syndicats, même s’il peut y avoir des problèmes de démarcation. Le financement des syndicats est essentiellement assuré par les cotisations de leurs membres et, de façon très minoritaire, par les revenus de leurs actifs. Les subventions publiques sont marginales. Des fractions des cotisations syndicales et de l’adhésion à la caisse d’assurance chômage sont déductibles des revenus imposés.

LO est la plus importante confédération avec 1,203 million d'adhérents en activité

LO est la plus importante confédération avec 1,203 million d'adhérents en activité fin décembre 2022 et 14 syndicats de travailleurs. Les deux syndicats aux plus gros effectifs (62 % des membres à eux deux) sont le syndicat des employés des administrations locales, Kommunal (503 000 adhérents) et IF Metall, présent dans les industries de la métallurgie, des éléments de construction, du textile et de l'habillement (241 000 adhérents).

TCO regroupe 982 000 salariés dans 12 syndicats d'employés, dont le plus important en effectifs est Unionen, créé en 2008 (600 000 adhérents). Saco fédère près de 740 000 adhérents de 22 syndicats et associations professionnelles. Les deux premiers syndicats en effectifs sont Lärarförbundet, l'Association des enseignants (168 000 adhérents) et Sveriges Ingenjörer, qui représente les ingénieurs diplômés (138 000 adhérents). Cinq syndicats ou associations professionnelles ne sont pas affiliés à une confédération. C’est notamment le cas de l'association Ledarna qui représente les managers et dirigeant d’entreprise, salariés et non-salariés (96 000 adhérents).

Les employeurs suédois sont aussi assez fortement organisés. La proportion de salariés employés dans les entreprises et les commerces affiliés à une organisation patronale est restée plutôt stable au cours des vingt dernières années : entre 75 et 83 % dans le secteur privé et 100 % dans le secteur public.

Les employeurs suédois sont aussi assez fortement organisés.

La Confédération de l’entreprise suédoise Svenskt Näringsliv ("SN", littéralement Vie économique suédoise) regroupe 49 organisations sectorielles ou organisations d'employeurs du secteur privé qui représentent 60 236 entreprises en 2022. Ces entreprises emploient 1,866 million de salariés (98 % ont moins de 250 salariés). Le taux d'adhésion à SN augmente légèrement ces dernières années.

Les entreprises sont membres d'organisations d'employeurs elles-mêmes membres de SN : Almega, Industriarbetsgivarna, Transportföretagen, IKEM, Svensk Handel, Sveriges Byggindustrier, Teknikföretagen et Visita. D'autres organisations d'employeurs ne sont pas membres de SN. Les deux plus importantes sont l’association suédoise des collectivités locales et des régions (Sveriges Kommuner och Landsting, SKL), qui représente les 290 communes et les 21 conseils régionaux et Arbetsgivarverket qui représente 250 autorités, entreprises et employeurs en rapport avec le secteur public. Il existe également une douzaine d’organisations plus petites comme Fremia, Sobona et l'organisation des employeurs de l'Église de Suède.

Régulation du marché du travail : la primauté des partenaires sociaux et de la négociation collective

Les conventions collectives jouent un rôle central dans le fonctionnement du marché du travail suédois. Les employeurs qui ont signé des conventions collectives doivent les appliquer à tous leurs salariés, qu’ils soient ou non adhérents à un syndicat. La proportion des salariés couverts par des conventions collectives est stable autour de 88-90 %.

L'accord de Saltsjöbaden pose en principe une répartition des rôles : aux partenaires sociaux la régulation du marché du travail, au gouvernement la régulation macroéconomique. Les tentatives du gouvernement de légiférer sur des sujets relevant des champs de compétence des partenaires sociaux avant que les partenaires sociaux aient négocié sont toutefois devenues plus fréquentes à partir des années 1990, principalement pendant les périodes de gouvernements minoritaires ou à majorité centre-droit. Elles sont à chaque fois vivement contestées, aussi bien par les organisations de salariés que par les organisations d'employeurs. Les partenaires sociaux sont donc le plus souvent intégrés dans le processus d’élaboration d’une législation concernant l’emploi et le travail.

Le dialogue social et la négociation sont assurés par une centaine d’organisations, à peu près autant du côté des syndicats que du côté des employeurs. Les salaires et les conditions d’emploi en particulier relèvent de négociations sectorielles/de branche et de négociations locales entre les syndicats et les organisations d’employeurs. Les organisations centrales ou confédérations n’ont généralement pas de rôle de négociation, que ce soit côté employeur ou côté syndical. SN ne négocie pas sur les salaires. LO joue un rôle de coordination des négociations sur les salaires des organisations membres, mais ce n’est pas le cas de TCO et de Saco. Sur des questions intersyndicales, les négociations peuvent être menées par divers organes de coopération ou cartels côté syndical ou par LO pour ses membres. SN négocie également des accords de ce type pour ses membres.

Les syndicats ont une nette tendance à construire des organisations de coopération et des cartels de négociation pour faire face au groupement d’organisations d'employeurs (Almega notamment) et au petit nombre d’organisations patronales auxquelles elles sont confrontées pour les négociations (notamment dans le secteur public). Facken inom industrin, Les syndicats de l’industrie, est une organisation de coopération créée en 1996 entre 5 syndicats affiliés à LO, TCO et Saco. 6F Fackförbund i samverkan regroupe aujourd’hui 5 syndicats affiliés à LO. Le cartel des employés du secteur privé PTK (Privattjänstemannakartellen) est une organisation de coopération et de négociation créée en 1973 qui regroupe 25 syndicats affiliés à TCO, à Saco et le syndicat Lederna. Le conseil de négociation des employés du secteur public OFR (Offentliganställdas förhandlingsråd) est une organisation de coopération créée en 1995 qui regroupe 13 syndicats, affiliés à TCO, à Saco et Ledarna.

Négociation des salaires, gestion de l’assurance chômage, services aux adhérents, représentation en entreprise

Les syndicats négocient et signent les accords collectifs sur les salaires et les conditions de travail au niveau sectoriel et au niveau local. 

Le taux global de couverture par les accords collectifs est très élevé : environ 88 %.

Le taux global de couverture par les accords collectifs est très élevé : environ 88 %. En matière de salaire, les négociations centrales par secteur sont complétées selon différentes configurations au niveau local. La rémunération de 90 % des travailleurs environ est partiellement fixée dans le cadre de négociations locales et intégralement pour 11 % d'entre eux. Les salaires minimaux sont également fixés par la négociation collective.

Outre leur rôle en matière de négociation salariale, les syndicats assurent la gestion des caisses d’assurance-chômage depuis 1935. La Suède relève ainsi de ce que l'on appelle le "modèle de Gand".

Les syndicats assurent la gestion des caisses d’assurance-chômage depuis 1935.

À chaque syndicat correspond une caisse d'assurance chômage qui lui est rattachée. Il existe également une caisse publique indépendante des syndicats, Alfa, créée en 1998. Chaque caisse est un organisme privé qui gère l’attribution des allocations chômage, définit leur montant et leur éventuelle réduction selon les informations données par l’Agence pour l’emploi (Arbetsförmedlingen) et assure l’information des demandeurs d'emploi. Le financement de ces caisses repose sur des cotisations individuelles volontaires (pas d’obligation d’affiliation à une caisse d’assurance chômage), complétées par un financement de l'État.

Les syndicats proposent également à leurs adhérents un certain nombre de services : un accompagnement à l’évolution professionnelle (conseil, formation, préparation à l’entretien, aide à la rédaction du CV), une aide juridique gratuite ; des assurances diverses, des prêts immobiliers à des tarifs négociés, une aide en cas de grève, une meilleure indemnisation chômage.

Les syndicats signataires des conventions collectives représentent les salariés dans les entreprises. Il n'existe pas d'instance de représentation comme le comité d'entreprise et pas non plus de nombre défini de représentants syndicaux. La loi sur la codétermination et la présence forte des syndicats contribuent à des discussions régulières sur les sujets qui relèvent des décisions de l'entreprise.

Une pratique concertée de résolution des conflits en amont qui limite les conflits

Le nombre de jours de conflit est très faible en Suède. Cela s'explique par le rôle que jouent les organisations syndicales et d'employeurs dans la régulation du marché du travail, d'une part, et par les modalités de médiation conventionnelles ou légales mises en place depuis 1997.

L'accord sur le développement industriel et la formation des salaires (Industrins samarbets- och förhandlingsavtal), accord de coopération conclu le 18 mars 1997, inclut un accord annexe sur le déroulement des négociations (förhandlingsavtal) qui instaure de nouvelles règles pour la négociation collective et la résolution des conflits au niveau national pour ce secteur. Les négociations sont engagées au moins trois mois avant la date d’expiration de l'accord en vigueur et conclues avant cette date. Toutes les revendications sont formulées au début des négociations. En l'absence d'accord, des médiateurs interviennent un mois avant la fin de l'accord en vigueur. L'accord "Industriel" a largement servi de modèle à des accords similaires dans d’autres secteurs à partir de 1997 et dans l'ensemble du secteur public à partir de 2000. Le dispositif de médiation légal a été conçu avec cet accord comme référence. 

L'accord Industriel a été renouvelé en 2011 puis en 2016.

Evolutions et perspectives du syndicalisme suédois

Les évolutions structurelles des emplois et des qualifications et les transformations du marché du travail, notamment le développement des emplois temporaires et à durée déterminée, font évoluer les adhésions et le taux de syndicalisation. Sur les 3,9 millions de syndiqués professionnellement actifs en Suède en 2022, six sur dix appartiennent à TCO ou à Saco, quatre sur dix sont membres d'un syndicat LO. En 2008, pour la première fois, les confédérations TCO et Saco ont eu ensemble plus de membres professionnellement actifs que LO. 

Le taux de syndicalisation est plus élevé parmi les femmes, une particularité de la Suède.

Le taux de syndicalisation est plus élevé parmi les femmes, une particularité de la Suède, parmi les travailleurs les plus qualifiés et dans le secteur public et il est croissant avec l’âge. Il a particulièrement reculé parmi les 16-24 ans, parmi les ouvriers et dans les secteurs du bâtiment et de l'hôtellerie restauration.

Les toutes dernières années ont vu une reprise des adhésions, principalement parmi les syndicats affiliés à TCO et à Saco. Les syndicats suédois considèrent le nombre de leurs adhérents comme essentiel à leur crédibilité, à leur pouvoir de négociation, notamment lors de chaque vague de négociation collective et à la force des conventions collectives. La baisse très forte du nombre de syndiqués en 2007 et 2008 a intensifié les réflexions et les stratégies pour contrer la baisse des adhésions, s'implanter dans les secteurs moins syndiqués et renforcer la présence des syndicats sur les lieux de travail.

Les modalités de fixation des salaires connaissent des tensions. Les augmentations plus limitées des salaires dans les secteurs hors industrie, qui affectent en particulier les femmes, et sont difficilement tenables dans un contexte de forte inflation pourraient remettre en cause le modèle de formation des salaires calé sur la norme fixée par l’industrie. La fixation d'un salaire minimum au niveau européen heurte par ailleurs les modalités de négociation salariale en Suède et le rôle des syndicats.

La fixation d'un salaire minimum au niveau européen heurte par ailleurs les modalités de négociation salariale en Suède et le rôle des syndicats.

La transition écologique est un sujet d'intérêt pour les syndicats suédois, notamment par ses conséquences sur l'emploi et les besoins en matière d'évolution des qualifications et d'accompagnement des transitions professionnelles. Deux accords collectifs nationaux ont été signés le 22 juin 2022 sur la sécurité, la transition et la protection de l'emploi entre Svenskt Näringsliv et LO pour l'un, PTK pour l'autre.

 

Copyright image : Jonathan NACKSTRAND / AFP

- Medlingsinstitutet (2022), Avtalsrörelsen och lönebildningen 2022. Medlingsinstitutets årsrapport (Les négociations salariales et la formation des salaires en 2022. Rapport annuel de l'Institut de médiation)

- Jolivet A. (2018), "Des quasi-pactes sociaux en Suède ? De la fin de la négociation centralisée à des formes variées de coopération/coordination", In N. Delahaie, J. Faniel, A. Jolivet, U. Rehfeldt (coord.), C. Vincent & M. Wierink, Les pactes sociaux en Europe. Déclin ou permanence ?, pp. 279-322, Convention de recherche IRES-UNSA n°CHA/AO/2014-2,

- Jolivet A. (2022), "Suède. Des mesures essentiellement budgétaires pour compenser la hausse du coût de l’énergie et la baisse historique des salaires réels", Chronique Internationale de l'IRES, n°180, p. 189-209. 

- Jolivet A. (2017), "Entre attractivité et organizing : les stratégies des syndicats suédois pour (re)conquérir des adhérents", Chronique Internationale de l'IRES, n°160, p. 143-157.

 

Pour aller plus loin :

- Kjellberg A. (2023), "Trade unions in Sweden: still high union density, but widening gaps by social category and national origin", In J. Waddington, T. Müller & K. Vandaele (Eds.), Trade unions in the European Union. Picking up the pieces of the neoliberal challenge, pp. 1051-1092, ETUI, Travail et Société / Work and Society, Vol. 86, Brussels: Peter Lang Publishing Group. 

- Kjellberg A. (2023), "Sharp Contrasts Between Swedish and French Trade Union Models", Institut Montaigne

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