AccueilEmploiLes jeunes et le travail : aspirations et désillusions des 16-30 ansOpération spéciale Avril 2025Les jeunes et le travail : aspirations et désillusions des 16-30 ans EmploiPARTAGERAuteurs Yann Algan Doyen des Programmes Pré-Expérience et professeur d’économie à HEC Les recherches de Yann Algan portent sur les populismes, l’éducation, ainsi que la confiance et le bien-être au sein des organisations. Olivier Galland Directeur de recherche émérite au CNRS Olivier Galland est directeur de recherche émérite au CNRS. Il a dirigé le Groupe d’études des méthodes de l’analyse sociologique de la Sorbonne. Marc Lazar Expert Associé - Démocratie et Populisme, Italie Marc Lazar est professeur émérite d’histoire et de sociologie politique à Sciences Po Paris et titulaire de la Chaire BNP-BNL-Paribas "Relations franco-italiennes en Europe" de la Luiss à Rome. Sommaire 1. Frustrés, fatalistes, rebelles, satisfaits… 4 profils types de jeunes actifs 2. Un nouveau rapport au travail marqué par un profond décalage entre attentes et réalité 3. L’orientation et le management : deux facteurs déterminants de la satisfaction au travail 4. Rapport au travail et à la politique : un fort désengagement et une polarisation chez les jeunes actifs Télécharger Les jeunes et le travail : aspirations et désillusions des 16-30 ans (166 pages) Synthèse (5 pages) Orientation, niveau de diplôme, âge, genre… Autant de critères qui influencent la satisfaction au travail des jeunes actifs. Loin de l'idée d'une "grande démission" souvent associée aux jeunes, cette enquête dessine le portrait d'une jeunesse attachée au travail, mais confrontée à un décalage prégnant entre les attentes qu'elle formule et la réalité des emplois qu’elle occupe, ouvrant ainsi la voie à des formes d’insatisfaction professionnelle.Dans la continuité de nos travaux sur la jeunesse (Une jeunesse plurielle - 2022) et le monde du travail (Les Français au travail : dépasser les idées reçues - 2023), cette enquête de terrain, menée auprès de 6 000 jeunes de 16 à 30 ans, décrypte cette relation complexe.MéthodologieL’enquête a été réalisée en ligne, du 3 au 25 octobre 2024, par l’Institut Toluna Harris Interactive, qui a interrogé trois échantillons de jeunes âgés de 16 à 30 ans, chacun correspondant à une étape différente du parcours d’entrée dans la vie active et représentatif de la population concernée.Un échantillon de 1 066 "Scolaires et étudiants", âgés de 16 à 22 ans.Un échantillon de 1 951 "Actifs précoces", âgés de 19 à 22 ans.Un échantillon de 2 948 "Actifs avancés", âgés de 25 à 30 ans. La représentativité des échantillons repose sur la méthode des quotas et un redressement post-enquête a été appliqué à plusieurs variables sociodémographiques :Des critères communs aux 3 populations : sexe croisé avec l’âge, région (sur la base des 12 grandes régions administratives - hors Corse).Des critères complémentaires spécifiques à chaque population : le type d’établissement fréquenté pour les "Scolaires et étudiants", la catégorie socioprofessionnelle (PCS) et le niveau de diplôme pour les "Actifs précoces", la catégorie socioprofessionnelle (PCS) pour les "Actifs avancés". Les répondants ont été recrutés à partir de l’access panel possédé en propre par Toluna Harris Interactive. Ce panel comprend en France plus de 1,8 million de membres. Cette taille permet de garantir la représentativité et d’éviter toute sur-sollicitation. Les contacts sélectionnés en fonction des critères de représentativité ont été sollicités par emailing et ont rempli le questionnaire en ligne. Celui-ci a été conçu pour que les enquêtés puissent y répondre dans un temps ne dépassant pas 25 minutes. L’avancement du terrain a fait l’objet d’un suivi avec des relances ciblées auprès des non-répondants et sélection de nouveaux contacts si le respect des quotas l’exigeait. L’Institut Toluna Harris Interactive a fourni un coefficient de redressement (toujours inférieur à 4, même pour les profils les plus rares, afin de minimiser l’impact du redressement sur les données brutes) pour chacun des échantillons afin de corriger les distorsions, lorsqu’elles existent, entre les données brutes et la structure idéale (respectant strictement les quotas). Frustrés, fatalistes, rebelles, satisfaits… 4 profils types de jeunes actifsNos précédents travaux ont montré qu’il n’existe pas une, mais des jeunesses, aux attentes et aux parcours parfois très variés. Les trois échantillons de jeunes interrogés dans le cadre de cette enquête (16-22 ans, 19-22 ans et 25-30 ans) reflètent cette diversité et permettent une analyse précise de la relation des jeunes au travail à différentes étapes de leur vie active.Les résultats permettent de dessiner quatre profils types de jeunes actifs. Quelles attitudes face au travail ? / 4 portraits types des jeunes actifs et étudiants Quelles attitudes à l’égard du travail ? - Les frustrés Quelles attitudes à l’égard du travail ? - Les fatalistes Quelles attitudes à l’égard du travail ? - Les rebelles Quelles attitudes à l’égard du travail ? - Les satisfaits Un nouveau rapport au travail marqué par un profond décalage entre attentes et réalitéLa grande majorité des jeunes expriment un attachement fort au travail et des attentes centrées sur la qualité de vie au travail. Ainsi, chez les jeunes actifs, les risques psychosociaux, comme le stress, ont un impact bien plus important sur la satisfaction au travail que les risques physiques. Notre enquête révèle par ailleurs une réalité alarmante : les jeunes sont confrontés au harcèlement moral (27 % des jeunes actifs déclarent l’avoir subi) et sexuel (9 %) en entreprise.Description80 % des jeunes actifs continueraient à travailler, même sans nécessité financièreo Ce qui est important dans mon travail : - La rémunération ; - L’équilibre temps de travail et temps libre ; - L’absence de stress ; - Les possibilités d’évolution.o Les secteurs les plus attractifs : - Le luxe ; - L’administration ; - La santé ; - L’associatif.Or, bien que trois jeunes sur quatre attribuent une note supérieure à 5 sur 10 sur une échelle de satisfaction au travail, 66 % perçoivent un décalage entre leurs attentes et leur réalité professionnelle, notamment en matière de qualité de vie au travail.Cette désillusion touche davantage les plus diplômés et les formations universitaires généralistes (lettres, sciences humaines et sociales) que les jeunes issus de formations professionnelles (CAP, BEP, BTS, DUT). Les filières de services, où les femmes sont surreprésentées, sont davantage concernées que les filières de production.L’entrepreneuriat : une solution envisagée par les jeunes salariés désabusésCe décalage entre aspirations et réalité de l’emploi est aussi la source d’un paradoxe : bien que la majorité des jeunes déclarent rechercher la stabilité professionnelle, 60 % des jeunes salariés envisagent de quitter leur entreprise d’ici 5 ans, dont la moitié pour devenir travailleur indépendant. Cet attrait pour l’indépendance s’explique souvent par une désillusion face à leurs conditions de travail, leurs perspectives d’évolution et leur niveau de rémunération.L’orientation et le management : deux facteurs déterminants de la satisfaction au travailDescriptionL’orientation et le management conditionnent l’épanouissement des 16-30 anso Orientation - 52 % des jeunes portent un regard critique sur leur orientation - 77 % ressentent du stress lors de l’utilisation de Parcoursupo Management - 42 % des jeunes obéissent sans réserve à leur manager - 48 % obéissent lorsqu’ils sont convaincus - Seulement 10 % rejettent totalement l’autorité hiérarchique.L’orientation : un impact majeur qui se renforce avec le tempsJugée insatisfaisante par plus de la moitié des jeunes, en particulier les femmes, l’orientation est un facteur de frustration durable, surtout après l’entrée dans la vie active. Le taux d’insatisfaction passe de 18 % chez les étudiants à 30 % chez les jeunes actifs avancés (25-30 ans).Les élèves des filières professionnelles de service sont souvent plus satisfaits de leur orientation pendant leurs études, mais rencontrent des difficultés une fois sur le marché du travail. À l’inverse, les diplômés des filières générales, bien que critiques de l’accompagnement reçu, accèdent plus facilement à des emplois correspondant à leurs attentes. Moins de la moitié des jeunes ont été aidés par les organismes officiels d’orientation, perçus comme peu efficaces, en comparaison aux proches (71 % des jeunes sont accompagnés par leur mère) ou à internet (69 %). Le dispositif Parcoursup génère du stress et des frustrations chez une grande partie des jeunes. Malgré cela, 70 % d’entre eux réclament son amélioration plutôt que sa suppression.Une déconnexion entre les attentes des jeunes et le management en entrepriseComme l’orientation, les pratiques managériales influencent fortement la satisfaction au travail. Contrairement à certaines idées reçues, les jeunes n’expriment pas un rejet généralisé de l’autorité hiérarchique : 90 % d’entre eux l’acceptent sans réserve ou lorsqu’ils sont convaincus.Si l’appréciation globale du management au sein des entreprises est plutôt positive, près d’un tiers des jeunes estiment que leur entreprise ne déploie pas les efforts nécessaires en matière de qualité de vie au travail - un enjeu pourtant central pour ces actifs. Cette frustration s’exprime particulièrement dans les grandes entreprises, chez les jeunes femmes, ainsi que chez ceux en situation de détresse psychologique. Là encore, le fossé entre attentes et réalité en matière de bien-être au travail alimente un profond sentiment d’insatisfaction.Rapport au travail et à la politique : un fort désengagement et une polarisation chez les jeunes actifsPrès d’un jeune sur deux (49 %) ne se reconnaît dans aucun parti, tandis que ceux qui expriment une préférence penchent massivement vers les extrêmes : 33 % vers la droite radicale, 25 % vers la gauche radicale.L’engagement politique des jeunes se reflète dans le niveau et le type d’études : les diplômés du supérieur sont plus politisés que ceux des filières courtes. Les étudiants en lettres et sciences humaines s’identifient davantage à la gauche radicale, et ceux en santé ou en filières techniques à la droite radicale. Au-delà du diplôme, les jeunes proches de la gauche radicale font souvent face à une fragilité psychologique ou à la précarité financière. La droite radicale, elle, attire des jeunes généralement plus insérés socialement, plutôt satisfaits de leur vie, mais souvent peu diplômés et occupant des postes d'ouvriers ou d’employés.Le mal-être au travail n’apparaît pas comme un facteur déterminant de radicalisation politique chez les jeunes. Seule exception : les jeunes hommes satisfaits de leur emploi, qui sont plus enclins à soutenir la droite radicale. Ainsi, les préférences politiques semblent davantage liées à des facteurs identitaires, éducatifs ou sociaux.Yann AlganOlivier GallandMarc LazarImprimerPARTAGERTélécharger Les jeunes et le travail : aspirations et désillusions des 16-30 ans (166 pages) Synthèse (5 pages)contenus associés à la uneFévrier 2022Une jeunesse plurielle Enquête auprès des 18-24 ansComment définir la jeunesse française ? Enquête auprès de 8 000 jeunes français.Consultez le Rapport 14/01/2025 [Baromètre des territoires 2025] - Les Français cherchent un projet de soci... 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