C’est sur les questions de désaffiliation politique que les jeunes se différencient le plus des autres générations, malgré que ce débat soit peu porté dans les discussions politiques et médiatiques. Il n’y a pas de fracture générationnelle sur les sujets de société au cœur des débats présidentiels.
Une jeunesse de plus en plus concernée par les questions de société…
64 % des jeunes considèrent que la société doit être améliorée progressivement par des réformes. Beaucoup de préoccupations sont d’ailleurs partagées avec leurs parents et les Baby Boomers comme les violences faites aux femmes, le terrorisme et l’écologie. En effet, 52 % trouvent également les questions environnementales très importantes contre 51 % de la génération des parents et 46 % des Baby Boomers.
Les jeunes sont également indéniablement plus sensibles que les générations précédentes à la thématique du racisme structurel : 46 % d’entre eux sont d’accord avec l’idée que la France est et demeurera une société raciste du fait de son passé colonial, contre respectivement 33 % et 30 % pour la génération des parents et des Baby Boomers.
Les jeunes Français ne sont par ailleurs pas massivement gagnés par le wokisme : certes, une partie des jeunes est sensibilisée à ces questions identitaires, mais les partisans convaincus de ce courant de pensée, c’est-à-dire ceux qui y adhèrent sans restriction, ne sont qu’une minorité comprise entre 1/10 et 1/3 selon les sujets que l’on considère. Les questions de genre et de droit des LGBT se situent loin derrière les violences faites aux femmes et la faim dans le monde dans les priorités des jeunes.
…mais dont la désaffiliation politique s’amplifie
Sur le plan politique, la principale divergence tient à la désaffiliation politique des jeunes qui s’est considérablement amplifiée : 64 % des jeunes montrent des signes de désaffiliation politique (en ne se situant pas sur l’échelle gauche-droite ou en ne se sentant de proximité avec aucun parti) contre 40 % de la génération des parents et 36 % des Baby Boomers. Seule une minorité de jeunes s’identifient de façon claire sur le plan politique (36 % contre 60 % des parents et 64 % des boomers). Seulement 51 % des jeunes se sentent très attachés à la démocratie, contre 59 % des parents et 71 % des baby-boomers.
Seule une minorité de jeunes parvient aujourd’hui à se situer politiquement, 43 % des jeunes n’ayant pas d'idées assez précises pour se positionner sur l’échelle gauche-droite (contre 25 % des parents et 20 % des Baby Boomers). Une partie importante des jeunes ne se reconnaît donc dans aucune tendance politique soit par méconnaissance, soit par désintérêt et peut-être aussi par rejet.
Les jeunes partagent avec leurs parents et les Baby Boomers la défiance à l’égard des dirigeants politiques : 70 % des jeunes, 67 % des parents et 57 % des Baby Boomers considèrent que ceux-ci sont corrompus.
Pour autant, cette désaffiliation s’accompagne tout de même d’une forte conviction démocratique, puisque 66 % des jeunes pensent qu’il est utile de voter, et que les élections peuvent faire avancer les choses (contre 68 % des parents et 76 % des Baby Boomers).
25 % d’entre eux se disent même "tout à fait prêts" à participer à une manifestation : cependant, dans cette volonté de protestation, la montée de la tolérance envers la violence politique inquiète. 49 % des jeunes trouvent "compréhensible" d’affronter des élus pour protester (contre 40 % de la génération des parents et 46 % des Baby Boomers) et la tolérance pour les comportements de dégradation est 2 à 3 fois plus élevée chez les jeunes. 1 jeune sur 5 trouve acceptable et compréhensible les actes de dégradation de l’espace public : cette proportion très importante tranche largement avec la perception des autres générations. En effet, moins d’une personne sur 10 parmi la génération des parents et environ une personne sur 20 dans la génération des Baby Boomers tolère la dégradation de l’espace public.
Les jeunes femmes impulsent aujourd’hui les évolutions sociétales et politiques
En 2022, les femmes sont à l’avant garde sur beaucoup de questions politiques et sociétales et sont par ailleurs très sensibles aux questions des violences sexuelles, dont 28 % d’entre elles affirment avoir été victimes. Elles sont donc notamment un moteur de l’évolution générale des attitudes socio-politiques à l’égard des questions relatives au genre : 60 % d’entre elles estiment que les différences de genre sont produites par la société et non naturelles, contre respectivement 37 % de la génération des parents et 36 % de la génération des Baby Boomers.
Surtout, 61 % des jeunes femmes sont en désaccord avec l’idée selon laquelle les hommes et les femmes auront toujours des points de vue et des façons d’être différents du fait de leur sexe, contre 36 % des femmes de la génération des parents et de celle des Baby Boomers. L’évolution des jeunes femmes au travers des générations est beaucoup plus forte que celle des hommes.
Elles ont un goût beaucoup plus prononcé que les autres générations pour la protestation, mais respectent vivement le cadre démocratique et répudient la violence politique. Face à ces formes de politique trop masculines, elles peinent à trouver leur place.