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Notre pays peut-il se passer de ses corps intermédiaires ? Cette question volontairement provocatrice reflète les préoccupations, les orientations et souvent même les décisions qui ont été prises ces derniers mois et ces dernières années en France.

 

L’Institut Montaigne a souhaité contribuer au débat sur le rôle et les défis de ces acteurs, en tentant tout d’abord de les définir. En effet, cette notion échappe à toute définition institutionnalisée et ses contours sont aussi fluctuants que controversés. Toutefois, qu’il s’agisse des partis politiques, des organisations syndicales et patronales, des associations ou des médias, tous se rejoignent par leur organisation, leurs fonctions de médiation, de relais, de subsidiarité et de structuration de l’espace et du débat public.

 

Ainsi, à la lumière des cinq grands défis identifiés dans cette note, nous publierons dans les prochains mois plusieurs notes d’actions formulant des recommandations pour accompagner les corps intermédiaires dans cette phase de mutation, et ainsi renforcer résolument leur rôle démocratique et social.

 

Synopsis

Recul continu des adhésions militantes, contournement des syndicats, remplacement progressif des partis traditionnels par des mouvements, circulation d’une information de plus en plus horizontale. Ces exemples interrogent très profondément la place et la pérennité de la médiation et de la représentation organisée dans notre pays. Dans une société de plus en plus désintermédiée, peut-on se passer de ces relais ? Les mutations sociétales et technologiques, comme les demandes croissantes de démocratie directe, entérinent-elles leur obsolescence et leur déclin ? Ou, au contraire, appellent-elles leur impératif réinvestissement ? 

 

Cette note d’enjeux de l’Institut Montaigne donne des clés de réponse à l’ensemble de ces questions. Elle revient d’abord sur l’histoire de ces corps et leurs fondements depuis la Révolution ; une histoire faite d’ambivalences et de contradictions, où la défiance et la promotion se succèdent et parfois se superposent, une histoire complexe et loin d’être linéaire, que l’on a souvent voulu réduire à la caricature. Elle analyse ensuite la façon dont les transformations sociales, économiques et numériques bousculent aujourd’hui leurs fondamentaux. Trois conclusions se dessinent alors. La première, c’est que l’obsession du déclin concernant les corps intermédiaires n’a rien de nouveau ni d’immuable. La seconde, c’est que ce discours décliniste nourrit dangereusement les théories populistes, pionnières dans la revendication d’un lien direct, désintermédié, entre le peuple et son leader. La troisième enfin permet de dessiner un momentum propice à un réinvestissement de ces corps et de leur fonction. Au service d’une démocratie vivante, sociale et politique.

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