AccueilExpressions par Montaigne[Trump II] - Les risques pour la souveraineté technologique européenneL'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.14/11/2024[Trump II] - Les risques pour la souveraineté technologique européenne États-Unis et amériques Europe TechnologiesImprimerPARTAGERAuteur Charleyne Biondi Experte Associée - Numérique Présidentielle américaine : Trump IIS'il fallait retenir une différence majeure entre le premier et le second mandat de Donald Trump, c'est peut-être celle du retournement du secteur de la tech américain, désormais en partie convaincu par la vision protectionniste et déréglementée du républicain. Quel destin pour certaines mesures phares de l'administration Biden, comme le Chips Act ? Comment comprendre l'articulation des politiques commerciale et industrielle voulues par Donald Trump ? Dans les domaines de l'IA et des semiconducteurs, quelles pourraient être les conséquences pour la compétitivité de l'Europe ? Comment, notamment, penser l'avenir de la régulation de l'IA, alors que la France accueillera en février le Sommet pour l'Action sur l'Intelligence Artificielle ? Entre électrochoc galvanisant et secousse cataclysmique, Charleyne Biondi analyse les risques et opportunités de l’élection de Donald Trump pour la compétitivité européenne.Alors que son premier mandat avait été marqué par ses relations houleuses avec la Silicon Valley, Trump a réussi à rallier à sa cause une partie de l’industrie numérique qui lui était hostile. Sa campagne électorale, aidée par le soutien stratégique d’Elon Musk et de sa plateforme X (anciennement Twitter), a ciblé la communauté tech à force de messages en faveur des cryptomonnaies, de l’innovation et de la dérégulation. En réaction, la victoire de Trump a été accueillie par une hausse record des valeurs technologiques et un nouveau sommet pour le cours du Bitcoin. Pourtant, son élection n’est pas sans risque pour l’industrie technologique.Si sa future administration reste fidèle aux promesses protectionnistes de sa campagne, toute entière axée sur la préférence nationale ("America First"), le retour à la présidence de Trump pourrait profondément impacter l’industrie technologique américaine, mais aussi les relations transatlantiques en matière de politique technologique. Par ailleurs, l’accroissement des tensions avec la Chine pourrait provoquer des répercussions majeures sur le fragile équilibre de coopérations internationales qui assurent aujourd’hui la sécurité des chaînes d’approvisionnement des entreprises de la tech. Enfin, alors qu'émergeaient les prémices d’un "alignement technologique" sur l'encadrement de l’intelligence artificielle, la déréglementation prônée par Trump risque d'ostraciser l'Union Européenne et son IA Act.Le marché mondial des semiconducteurs mis à l’épreuve d’un protectionnisme agressifLe protectionnisme, notamment dans les secteurs stratégiques comme les technologies de pointe, n’est pas une idée neuve, ni propre aux conservateurs. L'indépendance et la domination technologique des États-Unis sont depuis toujours perçues comme une question de sécurité nationale – dont l'enjeu dépasse largement les querelles partisanes. Trump promet pourtant de démanteler les projets de l'administration Biden en matière de politique technologique et industrielle, jugés trop coûteux, en particulier pour ce qui concerne le marché des semiconducteurs.La fin du CHIPS and Science ActL’administration de Biden avait en effet mis en place un certain nombre de mesures pour protéger l’industrie nationale, visant notamment à limiter sa dépendance croissante envers des fournisseurs étrangers. L’un des piliers de cette stratégie a été le CHIPS and Science Act, une loi votée par les démocrates en 2022, instaurant des subventions de plus de 52 milliards de dollars pour encourager la constructions d’usines de semiconducteurs sur le territoire américain et soutenir la recherche et le développement dans ce secteur.Les semiconducteurs (souvent appelés "puces") représentent un enjeu stratégique majeur : ils sont un composant essentiel à la quasi-totalité des dispositifs électroniques, des télévisions aux smartphones, jusqu’aux technologies de pointe comme l’intelligence artificielle, les satellites, ou les infrastructures de cybersécurité. Leur fabrication repose sur une chaîne d’approvisionnement internationale extrêmement complexe, comprenant des étapes de production spécialisées et des métaux rares. Pour autant, les fabricants asiatiques dominent très largement le marché, avec quelques entreprises comme TSMC (Taïwan Semiconductor Manufacturing Company) et Samsung en Corée du Sud assurant à eux seuls 73 % de la production mondiale de semiconducteurs. En conséquence, développer la production locale de semiconducteurs est apparu comme un levier essentiel pour assurer la continuité et l’indépendance du secteur technologique national aux États-Unis.Parmi les entreprises qui ont bénéficié du CHIPS and Science Act de l’administration Biden, on retrouve certaines de plus grands groupes technologiques américains, comme Intel, Micron Technology ou Texas Instruments, qui se sont tous engagés à développer des projets de grande ampleur impliquant la création de milliers d’emplois pour la production de puces avancées.Or, Trump veut rompre avec cette politique de subventions directes. S’il ne remet pas en cause l’objectif du CHIPS Act – renforcer les capacités de production nationale dans un secteur clé – il réfute la méthode, jugée trop coûteuse. Il propose, en lieu des subventions accordées à des entreprises "déjà riches", d'augmenter à 60 % les droits de douane sur les importations technologiques, en particulier en provenance de la Chine. Comme l'annonçait déjà les négociations avec le fabricant taïwanais TSMC pour l’installation d'une usine dans le Colorado initiées durant le premier mandat de Trump, l'objectif de la future administration est d'encourager les entreprises – y compris étrangères – à investir dans des moyens de production locaux. Robert Lighthizer, l'un des principaux artisans de la politique commerciale de Trump, est convaincu de l’impact positif des droits de douane pour la croissance de la production domestique.La hausse des tarifs douaniers, une arme à double tranchant pour l'industrie technologique américaineUne fois de plus, l’approche n’est pas nouvelle, ni propre aux républicains. En mai dernier, Joe Biden avait déjà annoncé une hausse des tarifs douaniers pour contrer les pratiques commerciales chinoises et protéger les emplois américains dans les secteurs clés tels que l’aluminium, les batteries, les terres rares et… les semiconducteurs, pour lesquels il proposait déjà d’augmenter les droits de douane de 25 % à 50 % - mais seulement pour les nœuds matures (puces utilisant une technologie de la génération 28 nanomètres ou plus ancienne).L'extension des capacités de production de la Chine pour les semiconducteurs à partir de nœuds matures, qui devrait atteindre 33 % en 2027, pourrait déclencher à terme une guerre des prix. L'imposition de droits de douane, initiée par Joe Biden et accentuée par Donald Trump apparaît donc comme une mesure nécessaire pour endiguer leur domination.Les 60 % de Donald Trump ne sont cependant pas qu’une surenchère, car le nouveau président propose d’étendre ces tarifs, bien au-delà des seuls semiconducteurs, à toute une large gamme de composants et de produits électroniques, jusqu’à présent exemptés de ces mesures pour éviter d'impacter le pouvoir d’achat des consommateurs américains. Or, contrairement à ce qu’il avait fait lors de son premier mandat, Donald Trump pourrait bien cette fois aller jusqu’à taxer les importations technologiques dites "grand public". Une étude récente indique qu’une telle mesure conduirait le prix des ordinateurs à doubler, tandis que celui des consoles augmenterait de 40 %, contre 26 % pour les smartphones. Par ailleurs, ces tarifs de 60 % pourraient aussi peser lourdement sur les coûts des entreprises américaines qui s’appuient toutes sur des composants produits en Chine pour maintenir des prix compétitifs, en particulier dans le secteur des télécommunications. L'expérience montre toutefois que les chaînes de valeur s'adaptent : si la manufacture de ces produits se déplaçait en Malaisie, au Vietnam et en Inde, voire aux États-Unis et à Taïwan, l’impact sur les prix serait contenu. Cette diversification géographique des chaînes de valeur est d’ailleurs sans doute l’un des objectifs recherchés.L'ambition d’une telle mesure est très clairement d'inciter les entreprises américaines à investir dans la production locale. Cependant, on peut légitimement douter de la capacité des États-Unis à "découpler" leur économie de la Chine, qui reste toujours "l’usine du monde", comptant pour 30 % de la production mondiale. C’est d’autant plus vrai dans le secteur technologique, où la relocalisation des chaînes d’approvisionnement s’annonce extrêmement complexe, impliquant des investissements massifs en capital et en infrastructure, des compétences spécifiques et des délais de plusieurs années avant d’être opérationnelles. C’est une transition qui ne peut s'envisager que sur le temps long. Menée de façon trop brutale, elle obligera les entreprises – et l'économie – locales à absorber tout l'impact de ces droits de douane élevés.Les espoirs européens de souveraineté technologique pris en étauPar ailleurs, l’Union Européenne (UE) risque d’être directement affectée par ce protectionnisme accru. Les effets pour l’Europe pourraient se manifester à plusieurs niveaux, en raison de sa double dépendance à la fois aux chaînes d’approvisionnement mondiales et aux marchés américain et chinois.Tout d’abord, l’intensification des tensions commerciales pourrait pousser la Chine à réagir avec des droits de douane similaires ou, plus vraisemblablement, par des restrictions d’exportation sur des matériaux essentiels tels que les terres rares, indispensables à la fabrication de semiconducteurs, mais aussi d’un large éventail de produits électroniques (comme les batteries des véhicules électriques, les fibres optiques, etc.). Comme elle l’a déjà fait dans le passé, la Chine pourrait choisir de jouer sur les prix en ralentissant la production de terres rares. Si une telle escalade se produisait, l’UE, qui dépend à 98 % de la Chine pour ses composants critiques, pourrait se retrouver indirectement prise en otage.En plus de cela, Trump menace de démanteler le partenariat de sécurité des minéraux (MSP) lancé en juin 2022 à l’initiative de l’administration Biden pour sécuriser, grâce à une diversification des sources d’approvisionnement, l’accès aux terres rares nécessaires à la fabrication de semiconducteurs. Pour les plus optimistes, le risque d'une restriction de l’accès aux terres rares chinoises liée à la guerre commerciale avec les États-Unis d’une part, et la fin des partenariats pour la sécurité des minéraux de l’autre, pourrait avoir l’effet vertueux d’un électrochoc pour l'UE.Le MSP était précisément ce qui aurait dû aider l'Europe à sortir progressivement de sa dépendance chinoise, en construisant des chaînes d’approvisionnement alternatives (et éthiques) pour ces matériaux critiques. L’Europe n’est pas à cours de solution pour autant : le Critical Raw Material Act, adopté en décembre 2023, envisage suffisamment d'alternatives pour diversifier les investissements, la production et les échanges de terres rares. Néanmoins, la suppression du MSP porte un coup à la coopération transatlantique. Pour les plus optimistes, le risque d'une restriction de l'accès aux terres rares chinoises liée à la guerre commerciale avec les États-Unis d'une part, et la fin des partenariats pour la sécurité des minéraux de l’autre, pourrait avoir l'effet vertueux d’un électrochoc pour l'UE, qui n'aurait alors pas d’autre choix que de mettre en œuvre les plus ambitieuses mesures du rapport Draghi pour sa souveraineté industrielle et technologique. Le défi n'en reste pas moins majeur.Enfin, il est fort probable que l'administration Trump accroisse aussi les restrictions d’exportations de hautes technologies vers la Chine, initiées dès 2022 par l’administration Biden. Ces mesures avaient déjà contraint certains acteurs européens à revoir leurs prédictions de revenus à la baisse. À terme, cela pourrait impacter non seulement ASML, premier fournisseur mondial de système de lythographie pour l’industrie des semiconducteurs, mais également les entreprises européens qui se situent en amont sur la chaîne d’approvisionnement, telles que le fabricant allemand de systèmes de miroirs de précision, Zeiss, Trumpf, qui fournit des lasers de pointe à ASML, ou encore BASF, dont les produits chimiques font partie intégrante de la fabrication de puces sur tous les nœuds technologiques.Le destin incertain de la gouvernance de l'IALe sujet de l'intelligence artificielle (IA) a été relativement peu abordé pendant la campagne électorale de Donald Trump (et a été absent de celle de Kamala Harris). Dans le programme du parti républicain, le seul paragraphe sur l’IA se contentait de promettre l’abrogation du décret de Biden pour une IA responsable, jugé "dangereux" car il imposerait "des idées gauchistes" qui empêcheraient le bon développement de ces technologies. À l'inverse, la présidence de Donald Trump défendrait une technologie "ancrée dans la liberté d’expression".La mise au placard du décret de Biden sur la sécurité de l'IAEn octobre 2023, le décret de Biden avait mis en place des recommandations pour la gouvernance des systèmes d'IA. La gouvernance de l'IA fait référence à la mise en œuvre de certains garde-fous techniques et éthiques pour assurer la sécurité des utilisateurs de ces systèmes d'IA. Pour ce faire, le décret de Biden proposait donc que les systèmes d'IA adhèrent à un certain nombre de principes – huit au total – afin d'empêcher, entre autres, les usages irresponsables de ces technologies qui pourraient favoriser la discrimination, les préjugés ou la désinformation. Le décret imposait également la création de l'AI Safety Institute (AISI), chargé de superviser les systèmes d'IA développés par les entreprises américaines avec des obligations de transparence sur les méthodes d’entraînement et la gestion des risques de biais.Bien qu'assez peu contraignant pour l'industrie américaine, puisqu'il ne s'appliquait pour l'essentiel que sur la base du volontariat, ce décret avait néanmoins permis un début de convergence avec l'Union européenne et le Royaume-Uni vers l'établissement de normes communes pour la sécurité de l'IA.Cependant, Trump a annoncé qu'il démantèlerait l'ensemble des initiatives portées par ce décret, faisant valoir que les préoccupations des démocrates en matière de diversité et d'égalité des chances ne devraient pas interférer avec le progrès technologique, et s'opposant à tout zèle réglementaire qui pourrait nuire à la compétitivité du secteur de l'IA, surtout dans un contexte de concurrence internationale féroce.Les coûts d’une dérégulation de l'IAÀ première vue, la dérégulation promue par Trump pourrait sembler bénéfique pour l'industrie américaine, puisqu'elle offre davantage de liberté pour innover et tester de nouvelles applications d'IA. Trump souhaite notamment lever les règles de transparence imposées par l'AISI, qu’il considère comme des obstacles bureaucratiques superflus. Sans ces obligations, les entreprises pourraient lancer de nouvelles applications plus rapidement, ciblant des marchés à forte croissance, comme les assistants IA avancés.Toutefois, l'abandon d'une approche fédérale unifiée pourrait accentuer la fragmentation du cadre réglementaire aux États-Unis, où certains États "progressistes" comme la Californie, l’Illinois ou le Colorado ont déjà adopté des réglementations assez strictes pour répondre aux préoccupations sur l'éthique et la sécurité des systèmes d'IA.Or, ce genre de législations étatiques pourraient se multiplier en l'absence d'un cadre fédéral rassurant. Une telle fragmentation risquerait de compliquer les opérations des entreprises de l'IA, qui devront se conformer à un patchwork de lois et de normes, augmentant leurs coûts de mise en conformité, et limitant d'autant la fluidité de leurs opérations.L'IA Act Européen fera figure d'exceptionPar ailleurs, la suppression du décret de Biden et de l'AISI risque de creuser encore davantage le fossé entre les États-Unis et l'Europe. L'IA Act apparaissait déjà comme une approche assez risquée pour la compétitivité du secteur européen : jugé trop rigide pour permettre les innovations qu'il prétend encourager, et peu adapté aux évolutions rapides de ces technologies, il pourrait définitivement condamner les ambitions technologiques européennes dans un contexte global de déréglementation.Face à une industrie américaine déréglementée, et sans le soutien politique des États-Unis pour établir des normes communes de gouvernance au niveau international, l'UE risque de se trouver ostracisée par ses propres lourdeurs réglementaires. D'une part, les technologies américaines pourraient ne pas (ou ne plus) répondre aux standards de sécurité exigés par l'IA Act européen. Dans un tel cas, soit les entreprises décident de développer des protocoles de sécurité supplémentaires pour accéder au marché européen – mais les coûts de mise en conformité pourraient se répercuter sur les consommateurs ; soit elles renoncent tout simplement à déployer leurs produits ou applications d'IA au sein de l'UE, comme l'a fait Apple plus tôt cette année. Dans les deux cas, le consommateur européen s'en trouve lésé.Face à une industrie américaine déréglementée, et sans le soutien politique des États-Unis pour établir des normes communes de gouvernance au niveau international, l'UE risque de se trouver ostracisée par ses propres lourdeurs réglementaires.D'autre part, si le rapport Draghi a déjà pointé les potentiels effets secondaires de l'IA Act pour la compétitivité de l'industrie européenne, face à une déréglementation de l'industrie américaine, les lourdeurs de celui-ci pourrait condamner l'Europe à un retard irrattrapable en matière d'innovation. Il est fort probable, par ailleurs, que d'autres juridictions, comme le Royaume-Uni, renoncent finalement à réguler trop sévèrement leur industrie pour éviter un désavantage comparatif avec les Etats-Unis, ce qui isolerait l'UE encore davantage.Tout n'est néanmoins pas perdu. La prudence de l'approche réglementaire européenne peut constituer un atout pour les innovations dans les domaines sensibles tels que la santé, où les IA de diagnostic doivent prouver leur fiabilité avant toute mise en service – et bénéficient donc dès leur conception des normes de transparence et de sécurité imposées par l'IA Act.Enfin, Trump offre peut-être à l'UE une occasion inédite de jouer sa carte éthique sur la scène internationale. En intensifiant ses efforts pour promouvoir ses standards en matière d'IA, en renforçant ses partenariats avec d’autres pays partageant ses valeurs de transparence et de sécurité (comme le Japon ou le Canada), l'UE a une rare opportunité de s'affirmer comme leader en matière de gouvernance éthique de l'IA. Finalement, face à Trump, l’Europe a l'attrait des résistants. Elle peut ainsi rêver de séduire entreprises et investisseurs à la recherche d’un environnement moins incertain. Copyright Image : TIMOTHY A. CLARY / AFPJeff Bezos, fondateur d’Amazon, Larry Page, fondateur d’Alphabet, Sheryl Sandberg, Directrice des Opérations de Meta, Mike Pence et Donald Trump à la Trump Tower, le 14 décembre 2016.ImprimerPARTAGERcontenus associés 13/11/2024 [Trump II] - Protectionnisme, Big Tech, marchés : quelles perspectives écon... Eric Chaney 14/11/2023 [Trump II] - De la démocratie en Amérique : quatre clés pour comprendre la ... Alexandre Marc