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30/09/2025
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Stratégie gazière de l’Inde : les leçons pour la sécurité énergétique de l’UE

Stratégie gazière de l’Inde : les leçons pour la sécurité énergétique de l’UE
 Akul Raizada
Auteur
Consultant en politique énergétique et investissements | Transition énergétique UE-Inde

​L'Inde, 4e importateur mondial dans un marché en plein expansion, s’affirme de plus en plus comme un acteur majeur sur le marché sur gaz naturel liquéfié (GNL) et déploie ses partenariats - Qatar, États-Unis, Russie.  Dans le contexte de la guerre commerciale déclarée par Donald Trump et de la crise du gaz déclenchée par l'invasion de l'Ukraine, face aux impératifs de la transition énergétique, dans quelle mesure la montée en puissance de la demande indienne impacte l'UE ? Quels partenariats construire avec l'Inde ?

Le marché mondial du gaz naturel liquéfié (GNL) fait une place de plus en plus grande à l’Inde : le pays offre au Qatar des commandes de long terme sûrs tout en restant ouvert aux livraisons américaines. Cette double approche permet de maîtriser les coûts, d’amortir la volatilité des prix et de renforcer la position de négociation de l’Inde dans les discussions commerciales et tarifaires. Tirant les leçons de l’expérience européenne en 2022–2023, l’Inde veille à diversifier ses fournisseurs, ajuster ses tarifs et équilibrer les contrats à long terme par des achats de GNL au comptant pour répondre aux besoins énergétiques de son industrie. Ce faisant, l’Inde s’affirme comme un acteur essentiel de la sécurité énergétique de l’Union européenne en favorisant les opportunités pour des projets d’infrastructure conjoints et de gestion partagée des risques.

Accord Qatar–Petronet : Inde, un acteur structurel du GNL

Il y eut un avant et un après février 2024, quand Qatar Energy et Petronet LNG Limited – une coentreprise soutenue par quatre entreprises publiques indiennes majeures du secteur pétrolier et gazier – ont signé ce que Reuters a qualifié de "plus gros contrat jamais signé", garantissant la fourniture de 10,35 milliards de mètres cubes (Gm³) de GNL par an entre 2028 et 2048, sur la base des livraisons "départ usine" (DES). Évalué à 78 milliards de dollars, cet accord devrait faire économiser environ 6 milliards de dollars à l’Inde sur toute la durée de son effectivité. Au-delà des économies, cet accord sécurise environ 35 % des besoins en GNL de l’Inde. Le pays sécurise ainsi ses volumes, gagne de la visibilité de long terme et se prémunit contre la volatilité du marché au comptant qui a pénalisé l’industrie indienne en 2022–2023, après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Qatar Energy et Petronet LNG Limited [...] ont signé ce que Reuters a qualifié de "plus gros contrat jamais signé".

Entre 2013 et 2023, les importations indiennes de GNL ont augmenté de 70 % pour atteindre 36 Gm³ en 2024, ce qui hisse l’Inde au rang de 4ᵉ importateur mondial. Si l’on se fie au rapport 2025 que l’IEA (International Energy Agency) consacre au marché indien du gaz, la demande devrait atteindre environ 64 Gm³/an d’ici 2030. Comme la production nationale de gaz augmente lentement, l’Inde devra plus que doubler ses importations de GNL : les contrats d’approvisionnement à long terme en sont d’autant plus cruciaux. 

"Le marché gazier de l’Inde entre dans une nouvelle phase de croissance. Il est soutenu par un développement important des infrastructures et une orientation politique claire", a déclaré Keisuke Sadamori, directeur du Bureau des marchés énergétiques et de la sécurité de l’IEA.

Le portefeuille d’approvisionnement de l’Inde repose sur des contrats d’approvisionnement à long terme avec le Qatar, son plus grand fournisseur. Les contrats avec Doha assurent à Delhi environ 11,7 Gm³/an via des accords avec Petronet et la Gas Authority of India Limited (GAIL), qui courent jusqu’à 2040. Depuis les États-Unis, l’Inde reçoit environ 3,2 Gm³/anvia Cove Point (Berkshire Hathaway) et 4,8 Gm³/an via Sabine Pass (Cheniere). ADNOC (Émirats arabes unis) fournit environ 2,37 Gm³/an via des contrats de 10 ans avec Indian Oil Corporation Limited (IOCL) et GAIL. GAIL a également soumis une offre pour une participation de 26 % dans un nouveau projet américain de GNL, lié à un contrat de 15 ans portant sur 1,4 Gm³/an à partir de 2029–2030.

Total LNG import and value under long-term contracts by source and by calendar year in indai 2015-2030

Importations totales de GNL et valeur des contrats à long terme par source et par année civile en Inde, 2015 - 2030

Néanmoins, les engagements actuels et futurs de l’Inde restent bien inférieurs à ce qui est projeté pour ses besoins d’importation et cela risque de mettre le marché mondial du GNL sous pression, faisant grimper les prix du spot lors des pics de demande. Si des initiatives telles que les prises de participation au capital d’entreprises américaines du secteur apportent une certaine prévisibilité, elles ne couvrent qu’une fraction des besoins futurs. Le reste dépendra de nouveaux contrats, de renégociations ou d’achats comptant, qui feront de  l’Inde un acheteur pivot sur le marché mondial.

Les infrastructures et les politiques publiques renforcent cette trajectoire. Petronet construit une usine terrestre de regazéification au gaz naturel liquéfié en Odisha, d’une capacité de 6,9 Gm³/an pour un coût de 698 millions d’euros, avec une mise en service prévue en 2028. Ces projets sont soutenus par le National Infrastructure Pipeline, et financés par divers moyens : Petronet négocie des prêts de 1,32 milliard d’euros avec des banques indiennes et a également obtenu un prêt de 150 millions de dollars auprès de la Banque asiatique de développement. Bien que l’UE n’apporte guère de financements pour des projets liés au GNL, elle collabore via le Partenariat UE-Inde pour l’énergie propre et le climat, et la Banque européenne d’investissement (BEI) a déjà soutenu des projets d’énergie propre et de transport urbain à hauteur de 3,4 milliards d’euros.

L’accord avec le Qatar sert aussi les objectifs plus larges de politique économique indienne. L’Inde applique aujourd’hui un droit de douane de base de 2,5 % et une taxe sociale supplémentaire de 0,25 % sur le GNL, mais les fournitures en provenance des Émirats arabes unis et de l’Australie sont exonérées en vertu d’accords bilatéraux. New Delhi envisage de supprimer également les taxes sur le GNL américain, en parallèle d’un engagement d’achats supplémentaires d’énergie américaine à hauteur de 10 à 25 milliards de dollars, et d’un objectif de commerce bilatéral de 500 milliards. À l’opposé de la Chine, qui a fait le choix de riposter aux droits de douane américains en imposant 15 % de taxes sur le GNL américain, l’Inde accroît sa marge de manoeuvre pour exploiter le fret Atlantique, tout en conservant son ancrage stratégique avec le Qatar.

Les approvisionnements européens sous pression de la guerre commerciale

Le slogan de Donald Trump, "achetez de l’énergie américaine", lors de son premier mandat a préparé les acheteurs européens à se tourner vers le GNL américain ; la guerre lancée par la Russie en 2022 n’a plus laissé le choix. En 2023, les États-Unis sont devenus le premier fournisseur de GNL de l’UE, et la part des cargaisons américaines vers l’Europe a doublé par rapport à avant la crise.

Le second mandat de Donald Trump est marqué par une pression croissante : il a exigé que Bruxelles achète 750 milliards de dollars d’énergie américaine. Il s’agit, selon le Wall Street Journal, d’un message "politiquement lourd de sens et pragmatiquement irréaliste". Le Financial Times a quant à lui reformulé ce "deal" comme un "si vous n’achetez pas de pétrole et de gaz américains, préparez-vous au scénario du pire en matière de droits de douane". Les capitales européennes, déjà dépendantes du GNL américain, ont accepté des achats supplémentaires pour atténuer les tensions commerciales. Toutes les déclarations allaient dans le même sens : plus vous achetez d’énergie américaine, moins vous encourez de sanctions commerciales.

En 2024, l’UE a importé plus de 100 Gm³ de GNL, dont environ 45 en provenance des États-Unis, qui constituent donc le premier partenaire des Européens pour le GNL. Début 2025, les importations de GNL ont dépassé celles de gaz par pipeline, avec une hausse de 12 % par rapport à l'année précédente. Depuis la crise du gaz de 2022, la part du gaz domestique et des contrats d’approvisionnement à long terme dans l’approvisionnement européen est tombée de plus de 85 % en 2021 à environ 50 %, rendant l’UE plus vulnérable aux fluctuations des marchés mondiaux.

L’Europe a mis en place des mesures pour se protéger de ces fluctuations du marché : les acheteurs européens ont signé des LTC de 15 ans avec le Qatar, y compris via ConocoPhillips, pour acheminer du gaz vers l’Allemagne dès 2026. Mais la directive européenne sur le marché du gaz impose que les contrats prennent fin en 2049, ce qui génère des tensions structurelles, notamment en Allemagne.

L’Inde tire deux leçons de cette expérience :

  • La dépendance au marché spot est un risque lorsque la fièvre s’empare des principaux acheteurs qui surenchérissent dans un mouvement de panique
  • Mieux vaut un portefeuille profond que beaucoup de flexibilité.

 Elle reconnaît implicitement par là qu’en matière de marché, le réalisme prime sur les positions de principe.

L’Europe, bien qu’opposée aux LTC, a tiré les leçons de sa dépendance au fournisseur russe : elle a fini par signer des contrats à terme avec le Qatar et les États-Unis. Elle reconnaît implicitement par là qu’en matière de marché, le réalisme prime sur les positions de principe. L’Inde suit une logique similaire, ajustée à ses contraintes budgétaires.

Stratégie GNL 2025 : entre pression tarifaire et demande européenne

La hausse des droits de douane américains sur les produits indiens à 50 % en août 2025 a confirmé l’importance que revêt pour New Delhi l’accessibilité énergétique et l’équilibre commercial. L’Inde a riposté en augmentant ses importations de pétrole russe à prix réduit tout en maintenant la possibilité d’acheter davantage de GNL américain si cela améliore son bilan commercial.

En parallèle, l’Europe a fortement augmenté ses importations de GNL américain (hausse de 61 % entre janvier et août 2025), pour faire montre de bonne volonté dans le contexte de guerre commerciale avec les États-Unis et en raison de la faible production hydroélectrique et éolienne. Cette ruée européenne réduit la disponibilité des cargaisons à court terme, d’où l’urgence pour l’Inde de diversifier ses sources et de réduire son exposition aux fluctuations de prix.  

Dans ce contexte, la stratégie indienne en matière de GNL repose sur trois piliers :

  1. Alignement tarifaire : demander la suppression des droits sur le GNL américain afin de réduire les coûts de livraison et de renforcer sa sécurité énergétique.
  2. Diversification des fournisseurs : augmenter les flux en provenance d’Australie et d’Afrique afin d'améliorer sa résilience géopolitique en diminuant sa dépendance aux États-Unis et au Qatar.
  3. Équilibre contractuel : combiner d’approvisionnement à long terme et achats ponctuels pour stabiliser les coûts dans des secteurs clés (engrais, acier, gaz urbain, transport).

Les avantages d’une telle approche pour le marché intérieur sont clairs : passer du charbon au gaz dans les secteurs de l’électricité, de l’acier et des engrais pourrait réduire de 20 à 25 % les émissions. Ces secteurs représentent 40 % des émissions industrielles de l’Inde : une telle stratégie va donc dans le sens de l’objectif 2030 de réduire de 45 % les émissions de gaz à effet de serre indiennes.  Le recours au GNL représente aussi une amélioration de la qualité de l’air dans les zones urbaines et, compte tenu du CBAM, préserve la compétitivité des exportations indiennes vers l'Europe. En effet, l'objectif actuel de réduction des émissions devrait quasi être atteint d’ici 2035, et devenir la norme d’ici 2040.

Le transport est un autre secteur riche d’opportunités pour le GNL. Alors que le fret routier devrait passer en Inde de 4 à 17 millions de camions d’ici 2050, le GNL offre une solution facile à mettre en oeuvre pour décarboner le fret long-courrier : si 20 % des camions neufs utilisaient le GNL, cela représenterait 520 000 camions d’ici 2030, soit une demande supplémentaire de 7 à 11 Gm³/an – c’est-à-dire 15 à 24 % en plus par rapport aux importations actuelles. Il ne s’agit pas seulement de mener à bien la transition énergétique, ou de préserver la compétitivité industrielle dans le cadre de Make in India, mais aussi de réduire la dépendance au gazole dans un secteur en croissance rapide.

Il ne faut pas non plus négliger l’impact fiscal : selon les prévisions de l’IEA, l’International Energy Agency, la facture des importations indiennes d’énergies fossiles pourrait tripler d'ici 2045, si l’on en croit le scénario STEPS (Stated Policies Scenario). À elles seules, les importations de GNL pourraient dépasser 25 milliards de dollars par an dès 2030, tandis que celles prévues par les contrats d’approvisionnement à long terme devraient parvenir à échéance après 2028. Le maintien et l’expansion des LTC seront donc essentiels pour stabiliser les coûts, réduire l'exposition aux fluctuations du marché et préserver une marge de manœuvre budgétaire.

Le GNL sert le double objectif d’offrir un carburant intermédiaire sur la voie de la décarbonation et d’être un levier stratégique pour la transition indienne : il va dans le sens de l’ambition du gouvernement de porter la part du gaz dans le mix énergétique de 6 % à 15 % d’ici 2030, tout en allant dans le sens de la neutralité carbone prévue pour 2070. C’est aussi conforme à la vision "Viksit Bharat 2047" du Premier ministre Modi, qui vise à sécuriser la transition énergétique tout en favorisant la transition. Consciente des limites des énergies fossiles, l’Inde investit massivement dans l’hydrogène vert via la National Green Hydrogen Mission. Elle considère cette ressource comme une solution neutre en carbone de long terme.

La nécessité de déployer rapidement l’hydrogène vert et les technologies complémentaires pour faire du GNL un pas supplémentaire, et pas un goulot d'étranglement, dans la route de la décarbonation

La dépendance prolongée au GNL comporte néanmoins des risques : la concurrence mondiale, de l’Europe à la Chine, maintient les prix élevés, et une dépendance accrue pourrait retarder la transition vers les énergies renouvelables. D’où la nécessité de déployer rapidement l’hydrogène vert et les technologies complémentaires pour faire du GNL un pas supplémentaire, et pas un goulot d'étranglement, dans la route de la décarbonation.

Vers une coopération Inde–Europe sur le GNL ?

La stratégie indienne diverge structurellement de celle de l’Europe. En sécurisant sur le long-terme ses approvisionnements en gaz auprès du Qatar tout en gardant la porte ouverte vers les importations américaines, l’Inde réduit son exposition au marché et renforce son poids dans les négociations. Ceci reflète plus largement le contexte géopolitique, et s’inscrit dans la lignée des négociations entre Trump et Ursula von der Leyen sur le sujet qui ont incité Bruxelles à se tourner vers les importations de GNL américain.

Ce décalage souligne la capacité de l’Inde à maîtriser les coûts pour son industrie et pour les particuliers tout en gardant de la flexibilité alors que le marché européen, qui dépend fortement de ses fournisseurs et des cargaisons spot pour compenser la fourniture de gaz russe depuis 2022, doit faire face à la hausse des prix et s’acquitter d’une "prime de sécurité" via des contrats de long terme passés avec le Qatar et les États-Unis pour assurer ses approvisionnements.

En 2024, l’UE a dépensé environ 41 milliards d’euros en importations de GNL (13 % de ses importations énergétiques). Une grande partie de cette somme s’explique parce que le gaz américain est plus cher que celui des autres pays. Si l’UE respecte son engagement d’acheter de l’énergie américaine à hauteur de 250 milliards de dollars par an, cela signifie qu’elle doit importer 70 % de son énergie depuis les États-Unis. Ces tendances reconfigureraient le marché mondial du GNL.

En effet, en périodes de pénurie d'approvisionnement, la demande de livraisons de GNL américains est l’objet d’une concurrence intense, qui représente à la fois un défi au moment des négociations et une rivalité structurelle entre des acheteurs agiles et soucieux des coûts, comme l’Inde, et des marchés fortement dépendants, tels que l’Union européenne.

Dans le même temps, cette divergence ouvre la voie à une collaboration structurée. Le réseau croissant de terminaux indiens pour regazéification, associé à l’expertise européenne en matière de financement et d’exploitation des infrastructures de GNL, offre des opportunités d’investissements conjoints dans des unités flottantes de stockage et de regazéification (ou FSRU, pour Floating Storage and Regasification Unit), des infrastructures portuaires ou la logistique maritime. Des achats coordonnés et des investissements communs peuvent améliorer l'efficacité et la force d’adaptation de la chaîne d'approvisionnement, au bénéfice à la fois de l’Inde et de l’Europe, contribuant ainsi à une plus grande stabilité des prix mondiaux du GNL.

La Banque européenne d’investissement (BEI) dispose de 600 millions d’euros de financements non alloués qui pourraient être utilisés pour soutenir des projets d’infrastructure de GNL en Inde, y compris des unités de regazéification et des installations de stockage stratégique. Présentés comme des mesures temporaires, ces investissements peuvent accompagner la transition de l’Inde vers une énergie à plus faible teneur en carbone, par exemple en veillant à l’intégration du GNL avec du biométhane ou de l’hydrogène. Les associer à des initiatives européennes en matière d’énergie verte garantirait que les investissements de l’UE à l’étranger restent alignés avec ses objectifs climatiques, en compensant les émissions liées au GNL tout en soutenant la trajectoire de décarbonation de l’Inde. Le renforcement de la capacité de l’Inde à gérer les fluctuations des prix du GNL réduit également la concurrence pour les cargaisons à court terme et contribue à atténuer la hausse des coûts d’importation de l’UE provoquée par les récents engagements d’approvisionnement à l’égard des États-Unis.

Ainsi, la stratégie à long terme de l’Inde en matière de GNL façonne non seulement sa propre sécurité énergétique, mais aussi les dynamiques concurrentielles et coopératives du corridor énergétique Inde–Europe.

Conversion : 1 MMT de GNL = 1,38 Gm³ de gaz naturel (valeur calorifique moyenne de 21 MMBtu/tonne).


Copyright image : Punit PARANJPE / AFP
Terminal méthanier Dhamra LNG Terminal Private Limited (DLTPL) près du port de Dhamra, dans le district de Bhadrak, dans l'État indien d'Odisha, le 16 octobre 2024.

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