[Sondage] - État de l’opinion, une semaine avant le scrutin européen

Participation : l’indifférence mesurée des Français

Alors que, selon l’Eurobaromètre publié le 17 avril, 71 % des Européens se rendraient probablement aux urnes en juin 2024, et qu’on escompte une participation en hausse dans la plupart des États d’Europe, la France manifeste pour le scrutin une indifférence cordiale, malgré les débats médiatiques et les enjeux de l’élection. 47 % des Français déclarent qu’ils se rendront aux urnes dimanche prochain (+2 % par rapport au sondage réalisé en avril). En 2019, la participation avait atteint un niveau plus élevé qu’attendu, avec des records européens et un taux de participation en France relativement satisfaisant, à un peu plus de 50 %. Les électeurs les plus mobilisés sont ceux se positionnant "de droite radicale", dont 57 % se déclarent certains d’aller voter. 68 % des électeurs ont définitivement arrêté leur choix et là encore, 87 % des électeurs de droite radicale estiment que leur choix est définitif.

Intentions de vote : la stabilité des électeurs

Les intentions de vote sont restées relativement stables. 33 % des électeurs donneront leur bulletin de vote au RN, Valérie Hayer conserve sa deuxième place mais son avance est de moins en moins confortable (15 % d’intentions de vote, contre 17 % en avril et 18 % en mars). Le candidat PS place publique, Raphaël Glucksmann poursuit sa progression, passant de 11,5 % des intentions de vote en mars à 14 % en avril et 14,5 % en mai. Si l’on s’attarde sur le vote des jeunes, on constate qu’il s’adressera majoritairement au RN : 28 % des moins de 35 ans sûrs d’aller voter voteront pour Jordan Bardella.

Immigration, pouvoir d’achat : les principaux déterminants du vote

Parmi les sujets dont les électeurs tiendront le plus compte au moment de choisir leur candidat, le pouvoir d’achat arrive en tête (20 % des électeurs le placent en préoccupation principale), puis l’immigration (18 % des électeurs en font leur préoccupation principale).  L’environnement n’est le déterminant principal du vote que pour 11 % des électeurs. Si on élargit aux sujets qui figurent dans le trio de tête des électeurs, on trouve le pouvoir d’achat (47 % des électeurs le font figurer dans les trois sujets principaux), l’immigration (38 %, sujet qui est là encore le plus clivant parmi les électeurs, il importe pour 10 % des électeurs de gauche, 30 % des électeurs du centre, 57 % des électeurs de droite et 73 % de droite radicale) et enfin la santé (29 %).

Autre sujet fortement différenciant parmi ceux à partir desquels les électeurs se détermineront, celui de la guerre à Gaza : il figure parmi les trois sujets de préoccupation majeure pour 6 % des électeurs en moyenne, mais 13,5 % des électeurs de gauche, 6 % des électeurs centristes et seulement 4 % des électeurs de droite ou 1 % de droite radicale. Enfin, le déficit public inquiète 9 % des électeurs, parmi lesquels 17 % des électeurs de droite, mais seulement 8 % des électeurs de droite radicale et 6 % des électeurs de gauche (les sondages ont été réalisés avant la dégradation de la note de la France par Standard & Poor's ce 31 mai).

Plus généralement, 12 % des électeurs se rendront aux urnes avant tout pour manifester leur soutien à l’égard du gouvernement, 38 % pour montrer leur opposition, le reste votera en fonction d’autres motifs. On note une prépondérance des enjeux nationaux parmi les déterminants du vote,  53 % des électeurs les prennent en compte en priorité.

La campagne dans le paysage médiatique

La campagne qui s’achève n’a pas semblé faire beaucoup bouger les lignes. 77 % des électeurs estiment qu’elle ne leur a pas appris grand-chose sur les programmes et les personnalités des têtes de listes.

87 % des électeurs déclarent qu’ils se décideront principalement en fonction des idées et propositions des élus. Viennent ensuite la présence et l’action des élus du parti au Parlement européen (73 %), la personnalité de la tête de liste (pour 67 % des électeurs, mais 81 % chez les électeurs de droite radicale) et enfin seulement les débats télévisés (pour 36 % des électeurs, 44 % pour les électeurs de droite radicale). Les débats télévisés ont donc été assez peu influents au regard de la forte attention médiatique qu’ils ont suscitée.

Les électeurs ont eu recours, pour s'informer, principalement aux chaînes d’information en continu (17 % en moyenne, 29 % pour les électeurs de droite radicale), aux journaux télévisés (30 %), à la radio (12,5 %), aux réseaux sociaux (9 %) et en dernière position seulement, à la presse écrite nationale (4 %). Les élections n’ont toutefois pas été prioritaires dans leurs sujets de discussions :  la campagne européenne est quatrième dans l'ordre des thèmes de conversation. Elle a fait l’objet de discussions pour 50 % des électeurs, derrière les événements en Nouvelle-Calédonie (65 %), l'attaque du fourgon pénitentiaire dans l'Eure  (64 %) et les Jeux Olympiques (60  %).

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