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02/01/2014

Pour un "État stratège" : le plaidoyer de Jean-Louis Beffa pour le redressement industriel français

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L'Institut Montaigne a réalisé, en mai 2013, le Bilan de la première année du quinquennat de François Hollande. Ce bilan comparait le cadrage macro-économique du projet présidentiel du candidat Hollande avec les résultats de son action, après un an passé à la tête de l'État. Dans son dernier ouvrage, La France doit agir !(1) , Jean-Louis Beffa se livre également à cet examen.

Ainsi, s’il reconnaît des avancées telles que l’accord national interprofessionnel sur la compétitivité et l’emploi, le maintien du crédit d’impôt recherche ou encore la création d’un pacte de compétitivité autour du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, il s’inquiète de la politique énergétique menée par le gouvernement.

Mais son propos ne se limite pas à ce constat. Il préconise également de grandes réformes afin d’orienter une action gouvernementale de redressement économique. La relance d’une industrie exportatrice est la réforme pour laquelle il plaide avec le plus de vigueur. Il défend ainsi l’arrêt du recul industriel français – deuxième pan de notre déficit commercial –, par une baisse des charges sociales, qui serait compensée par l’augmentation de la CSG et de la TVA.

Il préconise également d’améliorer la capacité d’innovation française par l’association des grands groupes, la mise en place d’instruments pour renforcer l’investissement à long terme et une véritable protection des entreprises exposées aux assauts d’investisseurs spéculatifs.

Ensuite, dans le prolongement de l’accord national interprofessionnel, il suggère d’accroître la participation des représentants du personnel au Conseil d’Administration (un tiers des sièges) et d’élargir cette présence à des représentants issus des grandes centrales syndicales (modèle allemand).

Jean-Louis Beffa rappelle également une idée qui lui est chère : pour relancer l’innovation privée, il convient de créer de vastes programmes mobilisateurs, pilotés par une grande entreprise et non par la puissance publique… en contrepartie les grands groupes s’engageraient à implanter en France leurs centres de recherche et les sites de production.

Pour orienter une action gouvernementale de redressement économique il préconise certaines lignes directrices :

- le rétablissement du rôle du producteur par rapport au consommateur, comme c’est le cas dans les pays qui conduisent une politique industrielle conquérante, tels l’Allemagne ou la Corée du Sud. Jean-Louis Beffa illustre ses propos par la tarification de l’électricité en France et en Allemagne ;

- remettre l’entreprise au cœur des débats économiques et sociaux : "Dans le nouvel environnement international d’économie ouverte et concurrentielle les entreprises sont même devenues le fer de lance de la compétition entre États".

Enfin, dans le chapitre consacré à l’Europe, Jean-Louis Beffa préconise une Europe à deux vitesses et dégage deux idées stratégiques :

1) promouvoir un compromis entre l’industrie franco-allemande et la finance britannique, analogue au compromis historique entre la France agricole et l’Allemagne industrielle ;

2) définir une "euro-Europe" dont l’axe franco-allemand serait la colonne vertébrale, mais il souligne avec réalisme "que la poursuite de l’intégration européenne dépend largement du redressement français" et esquisse ce qui pourrait être une relance de l’Europe industrielle.

La réforme industrielle qu’il appelle de ses vœux s’inscrirait enfin dans une cohésion inédite entre l’école et l’entreprise – principe cher à l’Institut Montaigne –, capable d’initier une ouverture de notre système éducatif au monde du travail, en repensant notamment notre système de formation professionnelle.

L’ouvrage de Jean-Louis Beffa plaide donc pour une politique de redressement industrielle, menée par un État véritablement "stratège", une politique industrielle conquérante s’appuyant sur les positions mondiales de grands groupes français.

(1) Jean-Louis Beffa, La France doit agir, Seuil, octobre 2013.

Pour aller plus loin sur ces questions :

Commerce extérieur : refuser le déclin. Propositions pour renforcer notre présence dans les échanges internationaux, Juillet 2013.

Remettre la formation professionnelle au service de l’emploi et de la compétitivité, Mars 2013.

Formation professionnelle : en finir avec les réformes inabouties, 2011.

Entre stratégie industrielle et politique de concurrence, quelle voie pour l'Europe ?, Février 2008.

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