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Politique étrangère américaine : la bascule générationnelle

Politique étrangère américaine : la bascule générationnelle
 Léonie Allard
Auteur
Visiting Fellow au Centre Europe de l'Atlantic Council
 Julian Blum
Auteur
Expert associé à l’observatoire international de la Fondation Jean Jaurès

Si la volonté des États-Unis de réduire leur empreinte à l’international n’est pas nouvelle, l’évolution de l'opinion publique et les décisions de la Maison Blanche présagent de changements durables amenés à redéfinir plus en profondeur le rôle des Américains dans le monde. À l'issue du Sommet de l'OTAN à la Haye, suite aux frappes sur l'Iran, ou après des décisions unilatérales révoquant des livraisons d’armes à l’Ukraine, comment définir la politique étrangère des États-Unis, partagée entre les courants des "restrainers", des "réalistes" et des "prioritizer" ? Comment est-elle façonnée par les dilemmes et arbitrages qu’impose le triple front en Ukraine, en Israël et de dissuasion en Asie ? Quelles leçons les Européens peuvent-ils en déduire ? Une analyse de Léonie Allard et Julian Blum.

Les frappes décidées par le président Donald Trump sur l’Iran en juin 2025 ont suscité un débat sur le potentiel retour de l’interventionnisme américain, contredisant de nombreuses analyses qui présentaient le nouveau président sous les traits d’un isolationniste. Néanmoins, il n’est plus possible d’identifier la trajectoire actuelle des États-Unis uniquement par le biais de taxonomies rigides aux deux extrêmes d’un balancier - soit interventionniste ou isolationniste. Car l’image sous-entend un possible retour en arrière alors que Washington connaît une bascule générationnelle qui affecte l’ensemble de la classe politique américaine. La Stratégie de sécurité nationale, document de cadrage en matière de politique étrangère et de défense publié par la Maison Blanche au début de chaque nouveau mandat, dont la rédaction est en cours, doit refléter cette évolution. 

Ainsi les actions de l’administration actuelle, aussi incohérentes qu’elles puissent paraître, s’apparentent-elles davantage à la recherche d’une synthèse nouvelle, qui doit permettre aux États-Unis de faire face à de réelles tensions budgétaires et capacitaires. La justification de la frappe sur l’Iran de juin 2025 comme émanant de la "doctrine Trump" de paix par la force par J.D. Vance est surtout révélatrice du besoin de cohésion des positions de l’administration. Derrière les coups d’éclat du trumpisme, la question des "priorités" est devenue clé dans l’élaboration d’une stratégie américaine, qu’elle soit républicaine ou démocrate. Si les injonctions à rationaliser la surextension de la puissance américaine ne sont pas nouvelles, en particulier à rééquilibrer les engagements sécuritaires transatlantiques, leur mise en œuvre s’était jusqu’ici avérée incantatoire. Mais face à une nouvelle génération de décideurs à Washington, qui sont déterminés à rentabiliser les alliances, et une opinion publique convertie à ce pessimisme des ressources, les Européens doivent prendre conscience qu'un retour de balancier vers une posture de gendarme du monde n'est pas réaliste, et en tirer toutes les conséquences.

L’influence inédite des réalistes

Il peut être tentant de voir dans les frappes en Iran une victoire idéologique des interventionnistes, devenus particulièrement audibles ces dernières semaines dans le débat à Washington. Pour formuler une analyse à plus long terme, cependant, il ne faut pas perdre de vue un fait essentiel de cette administration : à savoir que les positions favorables à une réduction de l’empreinte américaine n’ont jamais été aussi représentées au sommet de l’État. Contrairement à sa première administration, où la politique étrangère était dominée par des cadres néoconservateurs luttant contre les instincts hétérodoxes de Trump, les premiers mois de ce second mandat ont confirmé une entrée inédite de réalistes, appelés "restrainers", au sein de l’administration, avec le Vice-Président J.D. Vance en figure de proue. Signe particulièrement révélateur de cette bascule républicaine : Marco Rubio, que les commentateurs présentaient comme l’incarnation de l’aile néoconservatrice, s’est révélé être "plus royaliste que le roi" dans son appel à prioriser les questions intérieures et sa défense d’un monde divisé en sphères d’influence. Les nominations au-delà de la Maison Blanche confirment également l’entrisme d’une nouvelle génération de cadres réalistes qui cherchent en priorité à réorienter la puissance américaine vers l’Indopacifique, tels qu’Elbridge Colby et Michael Anton à la tête du Policy Planning des départements de la Défense et de l’État dits "prioritizers". Chargés de produire les feuilles de routes stratégiques de l’administration, ces deux figures incarnent la bascule stratégique des États-Unis. 

Les positions favorables à une réduction de l’empreinte américaine n’ont jamais été aussi représentées au sommet de l’État.

D’obédience réaliste, les adhérents au trumpisme souhaitent mettre en œuvre la promesse du "Make America Great Again" (MAGA, Rendre sa grandeur à l’Amérique). Il va sans dire que dans la galaxie très hétéroclite du mouvement MAGA, où se côtoient figures du parti républicain, influenceurs, personnalités médiatiques, figures de la tech et hommes d’affaires, Donald Trump reste l’ultime arbitre.

S’il s’agit d’un groupe aux motivations hétérogènes et aux priorités parfois divergentes, ce courant auto-proclamé réaliste peut désormais s’appuyer sur des fondamentaux doctrinaux incubé au sein de think tanks anti-establishment comme la Heritage Foundation, l’America First Policy Institute, American Compass ou le Claremont Institute. 

Selon les stratèges de la nouvelle administration, il est évident que l’approche héritée de l’après-guerre est devenue à la fois superflue et contre-productive - un des concepteurs de cette doctrine fut au département de la défense et est maintenant conseiller spécial auprès d’Elbridge Colby. Face à des ressources limitées, les États-Unis doivent entièrement repenser les "politiques expansives et incohérentes en Europe, au Moyen-Orient et dans l’Indopacifique", dont les objectifs ont été au service d’un "libéralisme global" plutôt que des intérêts américains et une stratégie priorisant le territoire américain et sa population ("homeland"). Les réalistes se fondent essentiellement sur une vision pessimiste des capacités américaines, considérant qu’il est impossible de dissuader à la fois la Russie et la Chine ("two peer challenge"). Si la logique de l’interconnexion des théâtres européen et indopacifique permettait à la précédente administration de justifier le maintien d’une empreinte à travers le continent eurasiatique, ce prisme est aujourd’hui entièrement abandonné par les stratèges de l’administration. 

Après six mois, l’on constate que cette faction réaliste au sein de la coalition MAGA a déjà pu imprimer sa marque au niveau institutionnel, en participant à une importante reconfiguration de l’appareil bureaucratique hérité de la Guerre froide. Le démantèlement du National Security Council, les purges au sein du Pentagone, le dégraissage du Département d’État, sans parler de la suppression de USAID et de toute l’infrastructure de promotion des valeurs démocratiques procèdent tous d’une volonté de répondre à cette perception d’une puissance devenue inefficace. L’administration Trump II s’est en grande partie définie par cette lutte contre un État profond ("deep state") discrédité par sa défense de ces guerres éternelles ("forever wars") et d’une surextension coûteuse des capacités américaines. Du point de vue des alliés des États-Unis, ces différents outils constituaient des leviers essentiels pour la politique partenariale du pays qu’ils ne pourront réactiver de sitôt. La dé-titularisation de milliers de fonctionnaires de carrière participe également de l’affaiblissement de la continuité institutionnelle permise par l’État bureaucratique, et ne fera qu’accentuer la volatilité de la politique étrangère de Washington

Par-delà les factions, une ligne "America First" se dessine

Dans la perspective de comprendre les futurs visages de la politique américaine vis-à-vis de ses alliés, l’opération "Midnight Hammer" est intéressante car elle est présentée par l’administration actuelle comme l’exemple le plus abouti de la méthode trumpienne. Au lendemain des frappes sur l’Iran, le vice-président J.D. Vance s’est en effet félicité de l’émergence d’une "doctrine Trump", fondée sur la défense stricte des intérêts américains et la menace d’employer la "force de frappe écrasante" des États-Unis à cet effet. Plus qu’une concession aux néoconservateurs de l’ère Bush, il s’agirait donc plutôt d’une nouvelle synthèse réaliste, reposant sur une utilisation de l'outil militaire centrée sur des objectifs étroits, atteignables et définis avec précision. Dans le cas qui nous occupe : l’élimination du programme nucléaire iranien tout en préservant les ressources américaines d’une guerre d’usure régionale ("protracted war"). Dans cette configuration, Washington peut s’appuyer sur un allié - Israël - prêt à endosser l’essentiel des risques et des coûts.

Ni isolationniste, ni interventionniste, la méthode Trump ressemble donc davantage à un jeu d’équilibrisme que résume le slogan "paix par la force".

Ni isolationniste, ni interventionniste, la méthode Trump ressemble donc davantage à un jeu d’équilibrisme que résume le slogan "paix par la force" ("peace through strength"). Il reste difficile d’anticiper les tendances précises, tant les clans sont divers : thuriféraires de Netanyahou, faucons d’une ligne dure sur la Chine, hérauts des droits de douane, défenseurs ou opposants de la fermeté face à Poutine etc.

Mais l’on peut anticiper a minima que les tendances de long terme sont celles où les différentes factions de l’agenda "America First" peuvent converger : à savoir, en premier lieu, l’impératif de réduire les coûts de la politique étrangère par la rentabilisation les alliances tout en opérant un recentrage des ressources vers la concurrence avec la Chine. Cette dernière reste la seule puissance globale à même de représenter une menace de par sa puissance économique, sa capacité à étendre son influence aux abords des États-Unis et de remettre aussi en question la possibilité d’un monde divisé en sphères d’influence, du fait de sa vision stratégique globale. Ainsi trouve-t-on dans les analyses des réalistes une priorité placée sur la défense du territoire national, suivie par celle d’empêcher tout adversaire de "prépositionner des forces" dans l’hémisphère Ouest. Si jusqu’à présent l’approche de Trump vis-à-vis de la Chine s’est avant tout exprimée par le biais de droits de douane, un outil brutal et unilatéral, les objectifs géostratégiques demeurent prioritaires pour l’ensemble de l’administration, et déterminants pour l’approche américaine vis-à-vis des autres théâtres.

Dans une perspective d’économie des ressources et de rivalité structurelle, il n’est que logique que l’unilatéralisme soit le nouveau modus operandi des États-Unis. Le rejet et le mépris de Trump pour le multilatéralisme sont au cœur de sa vision des relations internationales comme un jeu à somme nulle, où l’action collective s’efface devant une logique de gains constants. Au-delà des sphères d’influence définies ou négociées avec les États-Unis, il semble inévitable que les zones non réclamées deviennent le lieu de contestations entre puissances, et non plus de coopération. Dans cette vision en sphères d’influence, les alliances deviennent avant tout des outils de rentabilisation pour maximiser la puissance américaine dans un nouveau contexte, comme le montre la politique commerciale agressive de Donald Trump vis-à-vis des plus proches partenaires de Washington.

L’Europe devient inévitablement un enjeu secondaire dans cette configuration, grosse du risque que la sécurité européenne, indissociable de celle de l’Ukraine, ne devienne périphérique dans la stratégie d’engagement de la Russie. La Maison Blanche détermine la relation transatlantique non plus par le biais des normes et valeurs communes, mais par son utilité stratégique pour les États-Unis. Néanmoins, les républicains demeurent très clivés au sujet de la Russie. Pour les observateurs les plus optimistes, la séquence iranienne pourrait indiquer la voie vers une potentielle politique à la fois plus ferme vis-à-vis de la Russie et s’inscrivant en parallèle dans la logique de transfert plutôt que de partage du fardeau ("burden-shifting") vers des Européens davantage coordonnés. Le Sommet de l’OTAN 2025de La Haye paraît à cet égard acter un tournant "générationnel", par l’engagement des alliées à dépenser 5 % de leur PIB en faveur de la défense, une évolution que les réalistes revendiquent d’ores et déjà comme une victoire. En parallèle, l’absence de consensus sur la place de l’Ukraine dans l’architecture de sécurité européenne et l’absence de langage condamnant l’agression russe - pour la première fois au cours des dernières années - laisse ouverte la voie de la stratégie d’engagement russe par les États-Unis.

Un "réalisme d’atmosphère" à Washington

L’évolution des autres éléments du débat public mérite aussi notre attention, et devrait signaler aux Européens qu’ils ne peuvent pas compter sur un effet de balancier en réaction à l’agenda "America First", comme lors de la première administration Trump. En témoigne, de manière symptomatique, la montée en puissance d’un nouveau front "restrainer" au sein du paysage des think tanks, traditionnellement acquis à une vision internationaliste. Désormais, les défenseurs du désengagement américain peuvent s’appuyer sur tout un écosystème d’institutions généreusement financées, comme le Cato Institute libertarien, le Quincy Institute, le Stimson Center ou le Center for International Policy, où s’exprime une nouvelle génération de figures anti-interventionnistes des deux bords.

L’absence de consensus sur la place de l’Ukraine dans l’architecture de sécurité européenne et l’absence de langage condamnant l’agression russe - pour la première fois au cours des dernières années - laisse ouverte la voie de la stratégie d’engagement russe par les États-Unis. 

Plus généralement, les événements de ces dernières années, de la guerre en Ukraine au conflit au Moyen-Orient, ont forcé l’establishment américain à regarder avec davantage de lucidité les dilemmes capacitaires avec lesquels il doit composer. L’élection de Donald Trump a ainsi accéléré une tendance de fond qui la précédait. Il est utile de rappeler que, quelques mois avant son retour au pouvoir, la Commission mixte sur les forces armées du Congrès publiait un rapport alarmiste déplorant l’impréparation militaire des États-Unis face à la Chine.

Le rapport préconisait un plancher minimum de 5 % du PIB, soit 1 200 milliards de dollars, recommandant de tailler dans les dépenses de sécurité sociale pour compenser ces augmentations. Cela avait alors provoqué un vif débat au sein du milieu stratégique de la capitale américaine, mis face à la réalité d’un appareil de sécurité mobilisé sur trois fronts. En novembre de la même année, l’amiral Paparo, commandant du commandement de l’Indopacifique au sein du Pentagone, s’alarmait encore une fois sur l’épuisement des réserves de missiles américaines en Ukraine, au détriment de la dissuasion en Asie. L’intervention au côté d’Israël, coûteuse en missiles intercepteurs, n’a que renforcé cette inquiétude. Or, dans un contexte où la dette est devenue un problème politique majeur et face à une conjoncture économique qui pourrait se dégrader, ces dilemmes ne deviendront que plus aigus. 

Pour ce qui est des Démocrates, force est de constater que ceux-ci ont depuis 2017 - voire même dès l’administration Obama - œuvré de manière opportuniste à intégrer certains de ces changements de cap dans leur politique étrangère. La continuité de la stratégie Indopacifique de Trump sous la présidence Biden en est un exemple clair. Pour ce qui est du désengagement progressif de l’Europe, les Démocrates sont donc susceptibles de s’illustrer dans l’exercice de "l’évitement du blâme" (théorisé par le politiste R. Kent Weaver) qui consiste à faire porter le coût politique d’une décision difficile à son adversaire sans pour autant revenir dessus. Il est également peu probable que les Démocrates inversent la tendance de manière significative vers un réinvestissement au sein de l’OTAN. Les stratèges démocrates appellent d’ores et déjà à se préparer à un "ordre mondial post-Trump", où une refonte totale de la stratégie américaine sera inévitable

À la suite de sa défaite aux élections de 2024, le parti démocrate peine encore à faire émerger une nouvelle ligne ainsi qu’une nouvelle génération de dirigeants - malgré certains signes positifs comme l’élection, le 24 juin dernier, de Zohran Mamdani à la primaire démocrate pour les élections municipales de New-York - dans la perspective des midterms (élections de mi-mandat) et de la prochaine présidentielle. Encore plus que lors du premier mandat de Donald Trump, les Démocrates sont amenés à se focaliser sur les questions intérieures et leur politique économique. Particulièrement secoués par les effets de l’inflation sous Biden et les critiques envers l’ampleur du soutien à l’Ukraine et, surtout, à Israël, ils chercheront à démontrer avant tout leur loyauté aux électeurs. Or, une telle vision ne paraît que peu compatible avec une politique partenariale ambitieuse. De surcroît, l’ampleur des changements provoqués par l’administration Trump en six mois laisse imaginer qu’après quatre ans, les Démocrates feraient face à des préoccupations autrement plus pressantes. Si Joe Biden pouvait annoncer au monde "l’Amérique est de retour" en 2020, la reconstitution d’un ordre mondial fondé sur des règles et des institutions ne sera vraisemblablement pas la première des priorités politiques

Tendances structurelles de l’opinion

La classe dirigeante américaine dans son ensemble s’est adaptée aux évolutions de l’opinion qui s’oriente toujours plus vers le désengagement. Comme le montrent les sondages menés par le Chicago Council on Global Affairs, la proportion d’Américains souhaitant voir les États-Unis "jouer un rôle actif" dans les affaires du monde atteint un niveau historiquement bas depuis 50 ans, malgré quelques variations au cours des dernières années. Même dans les années 1970, au sommet de la détente avec l’URSS et en plein "syndrome du Viêt Nam", près de 70 % de l’opinion publique se disait favorable à une présence internationale forte. Seuls 56 % des Américains y sont favorables aujourd’hui. 

La classe dirigeante américaine dans son ensemble s’est adaptée aux évolutions de l’opinion qui s’oriente toujours plus vers le désengagement.

On note qu’au début de la première présidence Trump, les enquêtes avaient enregistré un pic de soutien populaire pour un plus fort engagement au sein de l’OTAN, en réaction à ses premières mesures jugées contraires à la tradition américaine.

Il est trop tôt pour savoir si les mesures de l’administration actuelle provoqueront une contre-réaction comparable, mais il est permis d’en douter. On peut toutefois relever qu’un autre sondage Gallup montre plutôt que de toutes les dimensions de la politique étrangère, la coopération avec les alliés est la seule qui ait perdu de l’importance aux yeux des Américains depuis 2017. Du côté de l’électorat démocrate, si le soutien à l’Ukraine bénéficie encore d’un consensus clair, il est toutefois notable que celui-ci est plus faible chez les tranches d’âge plus jeunes, comme le montre un récent sondage du Pew Research Center. Concernant le Moyen-Orient, il convient de se rappeler que près de 71 % de la population américaine se rangeait derrière George W. Bush lorsque celui-ci annonçait l’invasion de l’Irak dans le but explicite de renverser Saddam Hussein. La situation ne pourrait être plus différente aujourd’hui, où une majorité de la population se dit opposée aux frappes aériennes menées par Donald Trump, une opération pourtant de moindre envergure qu’une invasion terrestre visant un changement de régime. 

Enfin, un autre sondage mené par l’Eurasia group montre également que l’impératif de la paix a désormais dépassé celui de la défense de valeurs telles que la démocratie et les droits de l’homme. Au-delà des variations au sommet de l’État, la demande d’une politique étrangère réaliste, au détriment de la coopération, est donc désormais un facteur structurel de l’opinion américaine, peu importe le bord politique. On ne peut qu’anticiper que la posture américaine dans le monde sera le reflet de ses limites bien réelles, ouvrant la voie à un monde plus multipolaire, dans lequel l’Europe doit trouver sa voix.


Copyright image : Robin van Lonkhuijsen / ANP / AFP
Donald Trump lors du Sommet de l’OTAN à la Haye.

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