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16/07/2013

Cours en ligne et enseignement supérieur: les MOOCs ou "la fin de l’Université que nous connaissions"

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Tandis que la nouvelle loi sur l'enseignement supérieur et la recherche (ESR) prévoit de "faire entrer l'université dans l'ère du numérique", l'enseignement supérieur connaît depuis quelques années une révolution dont les universités françaises n'ont pas encore pris la mesure : les MOOCs. Cet acronyme désigne les "massive open online courses" ou cours en ligne ouverts et massifs, c'est-à-dire une formation ouverte et à distance ayant recours au télé-enseignement.

Cette révolution est née il y a quelques années aux Etats-Unis, dans l’université de Stanford (Californie) quand un cours sur l’intelligence artificielle, dispensé habituellement à une centaine d’étudiants, reçoit un succès inattendu : une fois ce cours proposé en ligne, sur les 100 000 personnes qui s’y sont inscrites, 23 000 d’entre elles le valident.

Les trois grandes plateformes historiques de MOOCs sont nées des établissements les plus prestigieux de la Californie et du Massachusetts : Udacity (février 2012), puis Coursera (avril 2012) qui regroupe plus de 30 établissements d’enseignement supérieur et enfin edX, que le MIT et Harvard fondent en avril 2012. Néanmoins, les initiatives de MOOCs se multiplient et gagnent la France, notamment Centrale Nantes et Télécom Bretagne, tandis que Polytechnique a rejoint Coursera.

Nathan Harden a publié dans la revue Commentaire[1] une analyse de l’impact des technologies de l’information sur l’enseignement supérieur, décrivant une "nouvelle ère de destruction créative" sur les schémas établis en matière d’enseignement supérieur et relativisant ainsi les débats qui agitent le paysage français de l’enseignement supérieur :

"La technologie offrira également aux étudiants de l’avenir un éventail de choix nouveaux leur permettant de concevoir et de personnaliser leurs études. Les responsables des admissions dans les universités sélectives sont en train de perdre le pouvoir au profit des consommateurs de l’enseignement qui ne tarderont pas à avoir la possibilité de suivre les cours en ligne de presque toutes les universités du monde."

Cependant, quelle valeur auront les cours délivrés par ces plateformes ? L’auteur souligne que "le MIT est la première université d’élite à offrir une certification aux étudiants qui suivent jusqu’au bout ses cours en ligne gratuits et en open source. (…) Pour la première fois, les étudiants peuvent ne pas se contenter d’assister à des cours gratuits ; ils peuvent obtenir un diplôme ayant de la valeur sur le marché – il peut les aider à obtenir une augmentation ou un meilleur emploi. Si edX n’offre pas d’unités de valeur traditionnelles, Harvard et le MIT ont annoncé que des "certificats de maîtrise" seraient disponibles pour ceux qui auront entièrement suivi les cours en ligne et seront capables de prouver qu’ils maîtrisent le contenu du cours."

Et de conclure sur les impacts des MOOCs sur les modèles de gouvernance et de financement des universités : "une sérieuse contraction financière du secteur de l’enseignement supérieur est en marche, ce qui signifie que beaucoup de gens connaîtront des périodes difficiles sur le plan tant financier que personnel. Mais, si notre objectif est d’éduquer autant d’étudiants que possible, aussi bien que possible, à un coût aussi abordable que possible, la fin de l’université telle que nous la connaissions ne doit pas nous faire peur. Elle devrait en fait nous réjouir."

Pour aller plus loin : Pour un "New Deal" numérique, février 2013

Note

[1] Nathan Harden, "La fin de l’Université que nous connaissions", Commentaire, n°142, été 2013.

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