AccueilExpressions par MontaigneIndustrie du futur : la reconquête sera territoriale ou ne sera pasL'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.17/10/2018Industrie du futur : la reconquête sera territoriale ou ne sera pas Villes et territoires Régulation TechnologiesImprimerPARTAGERAuteur Bernard Charlès Vice-président du conseil d'administration de Dassault Systèmes Auteur Jean-Dominique Senard Président du Conseil d’administration du Groupe Renault Bernard Charlès est directeur général et vice-président du conseil d'administration de Dassault Systèmes ; Jean-Dominique Senard est président de Michelin et vice-président de l'Institut Montaigne. Tous deux sont coprésidents du rapport de l'Institut Montaigne Industrie du futur, prêts, partez !Cette tribune est cosignée par Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France ; Pascal Cotte, Senior Partner & Managing Director, Chairman, Western Europe, South America, and Africa du BCG ; Philippe Darmayan, vice-président de France Industrie ; Bruno Grandjean, président de l'Alliance pour l'Industrie du Futur ; Christel Heydemann, présidente-directrice générale de Schneider Electric France ; Alain Rousset, président de la région Nouvelle Aquitaine ; Frédéric Sanchez, président de Fives ; Olivier Scalabre, Senior Partner & Managing Director du BCG. La dynamique de déploiement de l'industrie du futur en France reste trop lente, notamment pour les PME et ETI. D'où l'importance d'ouvrir des centres d'accélération dans les régions, qui associeraient fournisseurs de technologies, start-up, universités et écoles, entreprises de conseil et organismes de financement.Robots collaboratifs, intelligence artificielle, réalité augmentée ...Les nouvelles technologies font parler d'elles. Mais avec quelle réalité industrielle et quel impact sur nos usines ? Trop souvent appréhendée en surface, l'industrie du futur reste relativement méconnue. Elle représente pourtant un puissant levier de productivité (réduction des délais de mise sur le marché et des coûts de fabrication notamment). Socle de nouveaux business models et remettant l'humain au coeur des chaînes de production, son adoption est désormais vitale : alors que nos principaux concurrents déploient des moyens considérables dans ce domaine, cette transformation apparaît stratégique pour le pays.Si plusieurs initiatives récentes vont dans le bon sens - soutien à l'impression 3D et à la robotisation, refonte des rôles de filières avec l'Alliance pour l'Industrie du Futur et dynamique d'accompagnement dans toutes les régions -, la dynamique de déploiement de l'industrie du futur en France reste trop lente, faute de coordination et de mobilisation massive des acteurs (industriels comme pouvoirs publics), notamment pour les PME et ETI. Seuls 13 % de leurs dirigeants considèrent aujourd'hui la transformation digitale comme une priorité stratégique d'après un sondage réalisé en 2017 par bpifrance.Centres d'accélérationPour répondre aux enjeux de ces dirigeants, nous préconisons avec l'Institut Montaigne l'ouverture de centres d'accélération de l'industrie du futur sur l'ensemble du territoire. Industriels et présidents de Régions, nous souhaitons nous engager dès aujourd'hui, en coordination avec toutes les parties prenantes, privées et publiques, afin de développer 15 à 20 centres en trois ans qui mailleront filières industrielles et territoires.De quoi parle-t-on concrètement ? Créé avec le parrainage d'un industriel emblématique de chaque région, afin de répondre aux enjeux des PME et ETI de sa filière, un centre d'accélération consiste à mettre en relation en un lieu unique l'écosystème - fournisseurs de technologies, start-up, universités et écoles, entreprises de conseil, organismes de financement. Certains pourraient aller jusqu'à proposer des espaces d'expérimentation avec des lignes de production pilotes. Leur gouvernance serait assurée par les industriels en relation avec les Régions.Ces centres auraient trois objectifs : innover, former, et accompagner les PME et ETI.Concernant l'innovation, ils leur donneront accès à des solutions prêtes à l'emploi, adaptées à leur secteur, favoriseront la recherche avancée et le développement de cas d'usage opérationnels. En termes de formation, dirigeants et managers pourront appréhender et tester concrètement l'impact de la transformation digitale. En trois ans, 100.000 d'entre eux pourraient y être formés. Enfin, ces centres constitueront un interlocuteur unique regroupant les solutions d'accompagnement à la mise en oeuvre de la transformation (financement, intégration dans les systèmes d'information).Plateformes de référenceSur ces trois dimensions, ces centres pourraient devenir des plateformes de référence, mettant en réseau l'ensemble des acteurs jouant un rôle clé dans le déploiement massif de l'industrie du futur. Ce mode de fonctionnement, à l'échelle nationale d'une part et européenne d'autre part, favoriserait le partage d'informations et de compétences.Industriels, nous nous engageons à fédérer les parties prenantes et à assurer le pilotage technique et économique du projet, de même que sa gestion opérationnelle. Seule une mobilisation de l'ensemble de la chaîne de valeur permettra à tous les acteurs de bénéficier de cette révolution industrielle.Présidents de Région, nous souhaitons contribuer à cette accélération, en mettant en cohérence et en renforçant les initiatives déjà engagées, afin d'en garantir le rayonnement et de redonner à l'industrie ses lettres de noblesse dans nos territoires, et en permettant aux salariés de prendre toute leur place dans ces transformations et de contribuer ainsi au succès de l'industrie du futur.Acteurs du développement économique et des filières, nous nous engageons à participer à l'animation de ces centres et à l'agrégation des offres d'accompagnement, en y orientant les dirigeants.Le financement de ces centres, au-delà des initiatives existantes, est accessible.L'investissement de départ nécessaire - de l'ordre de 45 à 100 millions d'euros pour 15 à 20 centres - pourrait être cofinancé à travers le Programme d'Investissements d'Avenir (PIA) territorial et des fonds européens, dont les objectifs sont en pleine cohérence avec cette initiative. Les industriels contribueraient en apportant les ressources nécessaires au développement des centres et en rationalisant les structures existantes. Le fonctionnement de ces centres pourrait être autofinancé par les services qu'ils rendraient (formation par exemple).Face à la vélocité de nos concurrents - Allemagne et Chine en tête - voici une piste très concrète pour mieux positionner notre pays dans la bataille pour l'industrie du futur, et lui permettre de renouer avec sa tradition manufacturière. N'attendons plus pour la mettre en oeuvre ! Avec l'aimable autorisation du Cercle des Echos (publié le 15/10/18).Crédit photo : KAMARUL AKHIR / AFPImprimerPARTAGERcontenus associés 26/09/2018 Centres d’accélération : dans les starting blocks de l’industrie du futur Timothée Houzel