De nombreuses entreprises occidentales ont quitté le pays, la demande en hydrocarbures russes a baissé et un découplage semble émerger entre Moscou et la province sur le soutien à la guerre. Alors que la démographie russe est stagnante, voire déclinante, la mise en place des sanctions occidentales a accentué l’exode d’une partie de la population russe plus aisée et formée, au détriment de l’innovation et donc de la productivité russes. La faible croissance de la productivité russe devrait de surcroît pâtir du départ des forces vives russes au front ou à l’étranger. Le secteur de l'automobile est déjà fortement affecté : la production de voitures a chuté de 66 % en 2022, sous le double effet du manque en composants occidentaux et de la chute de la demande des ménages.
Quelles leçons tirer de cette expérience des sanctions européennes contre la Russie en contexte de guerre ?
La mise en place de ces mesures contre la Russie démontre bien que les sanctions ne sont pas un instrument magique, et ne sont d'ailleurs pas conçues comme telles. Il faut avoir des attentes réalistes sur ce qu’elles peuvent nous apporter. Ce que cette année de sanction démontre également, c'est qu’il est absolument nécessaire de définir des objectifs clairs pour les sanctions, ainsi que les conditions nécessaires pour qu’elles soient levées. Depuis le début de la guerre, il y a énormément de confusion autour des objectifs visés. Pourtant, l'analyse empirique nous montre bien que les sanctions les plus efficaces sont celles qui ont les objectifs les plus clairs, avec des conditions de levée des sanctions précisément définies. On peut ici penser aux sanctions américaines prises contre la Turquie en 2018, dans le but d’obtenir la libération du pasteur américain Andrew Brunson : la Turquie savait exactement comment elle devait se comporter pour que les sanctions soient levées. À l'inverse, les déclarations américaines contradictoires de 2018 sur le retrait du JCPOA ont alimenté la confusion la plus totale pour les responsables iraniens et européens.
Autre leçon importante : l’unité transatlantique a été quasiment parfaite depuis le début des sanctions. Une unité d’autant plus remarquable que les États-Unis et les Européens ont derrière eux une longue histoire de désaccords sur des sujets en lien avec la Russie, comme l’ont montré les controverses autour du projet de gazoduc Nord Stream 2, qui a fait l’objet de lourdes sanctions américaines afin d'empêcher sa construction.
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