Quelle a été la réaction de la France face à l'IRA ?
Les Français ne cachent pas leur inquiétude vis-à-vis de ce nouveau texte de loi. Lors de sa visite d’État à Washington, Emmanuel Macron a défini l'IRA comme une initiative "super agressive" et considère que ces choix "vont fragmenter l'Occident". Le Ministre chargé des Comptes publics, Gabriel Attal, a déclaré que l’Inflation Reduction Act "pèse aujourd’hui sur nos industries et implantations industrielles" et selon le Ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, le véritable risque pour l’Europe est "le décrochage technologique, industriel et économique, qui laisserait le champ libre aux États-Unis et à la Chine".
Les entreprises sont les premières à avoir sonné l’alarme sur ce dossier, suivies par la Commission qui s'est saisie du sujet lors du discours sur l'état de l'Union prononcée par la présidente Ursula von der Leyen le 14 septembre 2022. Une task force conjointe UE-US dédiée a été créée dans la foulée. À mesure que la date d’entrée en vigueur de l’IRA - prévue pour le 1er janvier 2023 - approche, la tension se fait de plus en plus grande autour de ce texte.
La France souhaite que la réaction de l'Union européenne parvienne à donner "un nouvel élan" à l'industrie du continent par des actions concrètes. L'Elysée souhaite provoquer "une riposte de la part des capitales du Vieux Continent, que ce soit sur le plan fiscal, ou en matière de soutien à l’investissement" et envisage la création d'un dispositif européen d'aide aux entreprises pour faire face aux offensives américaines et chinoises. La France a déjà évoqué la possibilité d’un "Buy European Act" qui permettrait aux Européens d'adopter des dispositions visant à privilégier les produits européens dans le cadre des achats publics. À ce stade, la proposition manque encore de précision.
Quelle a été la réponse des États-Unis face aux préoccupations européennes ?
Les États-Unis ont mis en garde contre une guerre commerciale. Katherine Tai, représentante au Commerce de l'administration Biden, a déclaré au Financial Times que l'UE "devrait introduire davantage de subventions". En même temps, les États-Unis ont également été critiques de certaines mesures prônées par l'Union européenne, tels le Mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (MACF) qu’ils considèrent aussi comme une mesure protectionniste qui vise à désavantager les producteurs externes à l'UE.
À l'occasion de la visite d'État du Président Macron à Washington D.C. fin novembre, le Président Biden a promis d’examiner la possibilité d'exemptions pour l’industrie européenne. Les délibérations entre l'administration américaine et la Commission européenne sont en cours.
Les États-Unis et l'Europe veulent également construire un agenda commun pour renforcer la résilience des chaînes d'approvisionnement. Si les gouvernements des États-Unis et de l'UE veulent devenir moins dépendants des importations chinoises et russes, ils doivent chercher à améliorer le commerce bilatéral, et non le restreindre en adoptant des mesures qui favorisent avant tout la production nationale. "On veut réussir ensemble, pas l’un contre l’autre" ajouta le Président Macron à Washington en décembre 2022.
Ce billet a été rédigé avec l’aide de Camilla De Luca, assistante chargée d’études au programme Europe.
Copyright : Mandel NGAN / AFP
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