Le rapport que vient de publier la déléguée du Bundestag aux forces armées (Wehrbeauftragte) pointe ces insuffisances et ces retards. Le remplacement à la tête du ministère de la défense de Christine Lambrecht par Boris Pistorius - devenu en quelques semaines la personnalité politique la plus populaire du pays - et la nomination annoncée d’un nouvel inspecteur général à la tête de la Bundeswehr, devraient cependant accélérer le processus. En matière d'assistance bilatérale à l'Ukraine, selon l'Institut pour l'économie mondiale de Kiel, l'Allemagne se situe, en chiffres absolus (avec 6,15 milliards d’euros, soit 0,17 % du PIB), au premier rang des pays d'Europe continentale, devançant la Pologne (avec 3,56 milliards d’euros, soit 0,63 % du PIB), et loin devant la France (avec 1,67 milliards d’euros, soit 0,07 % du PIB).
Une prise de conscience des enjeux de défense par l’opinion
Les enquêtes réalisées en 2021 et 2022 pour le compte de la Fondation Friedrich Ebert (FES), proche du SPD, mettent en évidence l'évolution de l'opinion allemande. Près des deux-tiers des électeurs de la CDU/CSU et du SPD sont désormais favorables à une hausse du budget de la défense. La "culture de la retenue" qui a dominé l’histoire de la RFA reste toutefois ancrée : la part, minoritaire, des Allemands qui considèrent que "leur pays doit, si nécessaire, intervenir militairement dans des conflits" a peu évolué depuis 2021, et elle a même reculé chez les électeurs du FDP et de l'AfD. En termes d'affiliations politiques, le changement le plus net, s'agissant de l'attitude à adopter envers la Russie et la Chine et des crédits de défense, a eu lieu dans la mouvance social-démocrate. Les électeurs des Verts sont en effet les plus enclins à pratiquer une "politique de valeurs", mais restent sceptiques à l'égard des interventions militaires. Les sympathisants du parti libéral FDP sont sensibles aux conséquences économiques négatives du conflit en Ukraine, leurs opinions sont assez éloignées de celles des autres partenaires de la coalition. L'électorat du parti de gauche Die Linke a également évolué sur la Russie, sans pour autant renoncer au pacifisme et à une attitude critique envers l'OTAN et les États-Unis. Les partisans de l'AfD sont les seuls à ne pas avoir changé d'avis.
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