Le Baromètre des Territoires est né en octobre 2018, du besoin de comprendre et décrypter les opinions de nos concitoyens en partant de ce qui fait leur quotidien et au plus près de l’endroit où ils vivent. Étude d’ampleur réalisée auprès de 10 000 personnes, avec un échantillon représentatif pour les 12 régions métropolitaines, la 2e édition du Baromètre des Territoires est publiée par Elabe et l’Institut Montaigne, en partenariat avec la SNCF.
Après deux crises aussi majeures qu’inédites et à quelques mois d’une échéance électorale qui occupe déjà tous les débats, comment vont les Français, comment va la France, comment nos concitoyens (re)vivent-ils ensemble ?
Les Français évaluent positivement leur vie personnelle :
- 78 % (+ 5 par rapport à 2018) des Français se disent heureux dont 38 % très heureux (+ 5 par rapport à 2018)
- 70 % (+ 3 par rapport à 2018) font le récit d’un équilibre trouvé entre temps de vie personnelle, familiale, sociale et professionnelle
- 57 % (+ 10 points par rapport à 2018) des Français sont optimistes pour leur avenir personnel.
Dans la plupart des régions, cette vision positive s’étend aussi au territoire local :
- 66 % (= 2018) trouvent qu’il fait "bon vivre" dans leur quartier ou leur commune
- 66 % (+ 7 par rapport à 2018) estiment que l’endroit où ils vivent va plutôt bien
Dès que l’on s’éloigne de la sphère personnelle et locale, les traces du pessimisme se font sentir, même si la situation semble s’améliorer légèrement :
- 68 % (- 10 par rapport à 2018) jugent la société actuelle injuste (dont 28 % très injuste)
- 54 % (- 9 par rapport à 2018) sont convaincus qu’en France la réussite sociale est jouée d’avance et dépend beaucoup des origines des gens
- 60 % en 2021 (- 10 points par rapport à 2019) sont pessimistes sur l’avenir de la société française (dont 26 % très pessimistes).
Il semble donc bien que ce soit dans le "premier cercle" (social - la famille, les proches - et géographique) que les Français aient puisé les ressources de la résilience à la suite de la crise sanitaire.
Si les Français trouvent que la France va - un peu - mieux, la question du pouvoir d’achat reste pour eux un enjeu majeur. Et les fractures demeurent :
Seul un tiers des Français estime que ce qui rassemble les Français est plus fort que ce qui les divise. Environ 7 Français sur 10 ont le sentiment qu’il n’est plus possible de débattre sereinement, et même de débattre tout simplement.
- Si l’étude pointe un recul sensible du sentiment de déclin économique qui s’exprimait dans la plupart des territoires en décembre 2018 (c’est sur la difficulté de retrouver un emploi que l’évolution est la plus nette : si 41 % en font encore le constat, c’est 13 points de moins qu’en 2018), les zones rurales et les petites agglomérations sont en revanche nettement plus fragiles sur le plan économique (seuls 18 % des habitants des zones rurales estiment qu’il y a de plus en plus d’entreprises qui se créent - contre 31 % dans les grandes agglomérations - et 18 % que les commerces qui ferment sont repris et rouvrent rapidement - contre 39 % dans l’agglomération parisienne et 30 % dans les autres grandes agglomérations).
- Le développement du télétravail pourrait être le terreau de nouvelles inégalités sociales et territoriales. Il a ainsi coupé la France en deux : si 4 actifs sur 10 ont un métier "télétravaillable", 76 % des cadres sont concernés, pour 41 % des professions intermédiaires, 37 % des employés et seulement 9 % des ouvriers, et d’un point de vue géographique, si 53 % des habitants de l’agglomération parisienne et 42 % de ceux des autres agglomérations de plus de 100 000 habitants ont fait du télétravail pendant la crise sanitaire, seuls 30 % y ont eu accès dans les agglomérations moyennes et zones rurales.
Risque de désunion de la société, attente forte d’un chemin pour faire face à la menace du dérèglement climatique dont chacun partage le diagnostic, persistance des fractures territoriales entre régions mais surtout entre espaces métropolitains et territoires épars : cette nouvelle édition pointe un certain nombre de défis que les pouvoirs publics devront relever.