Encore un rapport sur l’Afrique !
Peu de régions du monde suscitent autant de lectures, de commentaires et de fantasmes que l’Afrique. Raisonnés (parfois), fantasques (souvent), passionnés (toujours), les discours et contre-discours sur l’Afrique se suivent et ne se ressemblent pas. De l’afro-pessimisme excessif des années 1960 à l’afro-optimisme démesuré des années 2000, une littérature abondante s’est penchée sur “l’Afrique”, espace géographique indistinct, tantôt appréhendé d’un bloc, tantôt disséqué par les commentateurs les plus avisés.
Alors pourquoi reparler d’Afrique ?
Parce que l’Afrique est traversée par une série de transitions qui la projettent résolument dans l’avenir. Les transformations à l’œuvre sont démographiques, politiques, économiques, sociales, climatiques ; elles dessinent une Afrique en mutation rapide, de plus en plus éloignée des images d’Epinal.
Parce que la France est un partenaire historique du continent. Notre antériorité et la continuité dans la relation avec de nombreux pays africains est incontestée. Pourtant, nous n’avons pas su proposer de stratégie de long terme pour leur développement économique. Concurrencée par les émergents, en premier lieu la Chine, la France peine à bâtir un discours renouvelé, empêtrée dans un passé qu'elle a longtemps refusé d'assumer pleinement pour avancer.
Parce qu’il est possible, enfin, d’en parler autrement. Le prisme politico-institutionnel qui a longtemps prévalu peut céder sa place à une vision qui est celle du terrain. Celle d’entreprises, grandes ou petites ; celle d’entrepreneurs, novices ou aguerris ; celle de startups qui peuvent être aussi idéalistes que pragmatiques. Ce sont ces voix là que nous avons souhaité porter dans notre rapport, à travers près de cinquante entretiens menés auprès d’entreprises de tout secteur et de toute taille.
Que proposons-nous ?
Le quinquennat qui s’ouvre doit être celui de l’afro-réalisme.
En France, il s’agit d’investir davantage et autrement, de multiplier les opportunités pour nos entreprises en nouant des partenariats locaux et de renforcer nos liens dans l’éducation et le capital humain. En Europe, il s’agit de refonder la logique qui a longtemps prévalu : d’une relation “pays-continent” il est temps de muter vers une relation “continent-continent”, bâtie sur des accords renouvelés et des ambitions partagées.