Une impulsion des pouvoirs publics
Au cours de la décennie 2010, la France met en œuvre une stratégie de rattrapage pour accélérer l’innovation, et surtout sa dimension entrepreneuriale, à travers une mobilisation exceptionnelle de fonds publics.
En 2012, la création de la Banque publique d’investissement (Bpifrance) rassemble divers fonds publics de soutien à la recherche et à l’investissement. Sous forme de subventions, d’investissements matériels ou immobiliers, ou de fonds propres, le soutien financier offert par Bpifrance permet d’en faire l’acteur central du financement et de l’accompagnement des start-up. Véritable fondement dans la construction d’un écosystème de financement de ces "jeunes pousses", l’ensemble des moyens d’intervention de Bpifrance a presque doublé en 7 ans, passant de de 17,3 milliards d’euros en 2013 a près de 30 milliards d’euros en 2020.
Un an après la création de Bpifrance, en 2013, était lancé le label "French Tech" afin de structurer l'écosystème français de start-up et promouvoir ses entrepreneurs. La labellisation de hubs French Tech permet aux investisseurs potentiels, ainsi qu’aux pouvoirs publics, d’identifier les environnements favorables à la création et au développement des start-up françaises.
Cette initiative de labellisation s'est accompagnée de dispositifs de financement publics, comme la Bourse French Tech ou le fonds French Tech Accélération. Le lancement, en 2019, des programmes French Tech Next 40 et French Tech 120, rassemblant chaque année les 40 et 120 scale-up (start-up en hyper croissance) les plus prometteuses, a permis de donner de la visibilité aux start-up avec le plus fort potentiel de croissance à l’international et de développer un réseau d’investisseurs, de clients et de partenaires.
Cette structuration de l'écosystème a favorisé le développement d’initiatives d’agglomération locales, publiques et/ou privées. La France compte ainsi, en 2021, plus d’une centaine d’accélérateurs et incubateurs dont Station F, ouverte à Paris en 2017, plus grand incubateur du monde et vitrine de la French Tech, contre une trentaine seulement en 2012.
Un environnement favorable pour les fonds privés
L’engagement de ressources publiques a eu un effet de levier déterminant sur le développement du financement privé de l’innovation en France.
Les subventions, co-financements et garanties publiques ont contribué à inciter les banques commerciales à davantage s’engager dans le financement de start-up innovantes, notamment en développant des pôles d'expertise dédiées au financement des start-up, ainsi que des accélérateurs.
Le soutien financier public a également été déterminant pour le développement du capital-risque. Le Fonds national d’amorçage (FNA), fonds de fonds géré par Bpifrance, avec pour objectif d’investir dans des fonds privés d’amorçage, est aujourd’hui considéré comme un élément clef du développement du capital-risque en France. Il a permis d’investir dans 29 fonds privés de capital-risque, d’un montant moyen de 43,4 millions d’euros, qui ont plus soutenu 483 entreprises au total en 2019.
L’impulsion des pouvoirs publics s’est aussi manifestée à travers des réformes de la fiscalité favorables aux start-up, destinées à rediriger l’épargne des Français vers l’investissement. Des mesures fiscales ambitieuses ont été prises pour inciter à rediriger l’épargne des Français, historiquement haute, vers l’investissement en actions et parts sociales d’entreprises : réduction du coût de l’investissement des entreprises dans l’innovation et transformation de l'impôt sur la fortune (ISF). Au total, de 2008 à 2018, le montant annuel des aides fiscales directement orientées vers l’innovation est passé de 4,1 milliards d’euros à 6,7 milliards d’euros.
En 2020, les start-up françaises ont levé 5,4 milliards d’euros, un montant jamais atteint. Mais cette stratégie de financement ne peut pleinement porter ses fruits sans un investissement complémentaire dans le capital humain et la recherche.