Le partenariat Europe-Afrique doit être centré sur cinq priorités, répondant aux défis majeurs auquel le continent africain devra faire face afin d’atteindre l’objectif ultime de création d’emplois. Ces défis sont les suivants : l’environnement des affaires, l’industrialisation et l’insertion dans l’économie mondiale, la fiscalité, l’intégration régionale, et la formation professionnelle. Si apporter des réponses à ces enjeux sera bénéfique pour le continent africain, l’Europe aussi en tirera des bénéfices dans le cadre d’une coopération privilégiée.
L’environnement des affaires
Les conditions politiques, légales, institutionnelles et réglementaires des pays africains ne sont aujourd’hui pas optimales pour les entreprises étrangères souhaitant investir sur le continent africain, ce qui entrave l’attractivité de ces pays. Les infrastructures sont un élément clé de l’attractivité - et donc de l’activité économique - d’un pays ou d’un marché. Sans route ou chemin de fer en bon état entre Dakar et Bamako, quelle entreprise étrangère comme locale peut considérer le Sénégal ou le Mali comme un grand marché, dans lequel il est intéressant d’investir ? Or, les besoins en matière d’infrastructures demeurent colossaux dans les pays africains, en quête d’investissements étrangers.
L’industrialisation et l’insertion dans l’économie mondiale
L’Afrique ne représente aujourd’hui que 2 % des chaînes de valeur - c’est-à-dire de l’ensemble des activités amenant un produit de la conception, à la production, jusqu’à la livraison au consommateur final - mondiales. L’industrie du continent, centrée en grande partie sur les matières premières, est insuffisamment compétitive et crée localement peu de valeur ajoutée. Par ailleurs, le continent africain souffre aujourd’hui d’un déficit de chaînes de valeur régionales africaines.
La fiscalité
Pour financer les 600 milliards de dollars par an nécessaires au développement, les Etats africains doivent et ont le potentiel de dégager davantage de ressources domestiques, par la collecte des impôts. Cela aura également un impact sur l’attractivité des pays africains pour les entreprises, notamment européennes, qui ont tendance à être surimposées.
L’intégration régionale
Le commerce intra-africain représente aujourd'hui moins de 18 % des échanges du continent. Si l’entrée en vigueur, en juillet 2019, d’une Zone de libre-échange continentale (ZLEC) signée par 44 pays africains et ratifiée par 22, est une promesse d’amélioration de ce point de vue, celle-ci ne doit pas masquer les défis futurs de l’intégration régionale africaine. Il existe en effet d’importantes différences de revenus entre les pays et les capacités des institutions régionales existantes - UEMOA (Union économique et monétaire ouest africaine), CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), CEEAC (Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale), SADC (Communauté de développement d’Afrique australe), EAC (Communauté d’Afrique de l’Est) - sont aujourd’hui trop faibles.
La formation professionnelle
Environ 30 millions de jeunes africains arrivent sur le marché du travail chaque année. Or, la formation professionnelle n’est pas à la hauteur des besoins du continent africain : elle est trop peu financée et inadaptée aux besoins des entreprises qui doivent souvent supporter des formations de rattrapage, ce qui représente des coûts importants, voire rédhibitoires, pour ces dernières.