Le système de soins demeure inadapté aux besoins des seniors
Près de 70 % des plus de 85 ans souffrent d’au moins une maladie chronique et l’on compte près de 2 millions de personnes en affection longue durée chez les 70-79 ans.
Ces chiffres révèlent l’urgence de repenser les parcours de soins pour les adapter au vieillissement de la population et à la prise en charge des maladies chroniques. Dans ce panorama, le développement de l’hospitalisation à domicile (HAD) constitue un enjeu important pour les personnes âgées afin de reconfigurer l’offre de soins et de proposer des soins gradués selon les situations, en dehors de l’hôpital.
Par ailleurs, des parcours coordonnés doivent être construits et l’accès aux soins de proximité doit être repensé pour permettre aux personnes âgées souffrant de plusieurs pathologies chroniques de trouver des réponses adaptées à leurs besoins.
Les Pays-Bas et la Norvège, deux cas étudiés dans le rapport, constituent des exemples intéressants dont la France devrait s’inspirer pour cantonner les admissions hospitalières aux cas les plus sévères, et développer de nouveaux parcours de soins adaptés aux seniors et aux pathologies chroniques.
Le "bien-vieillir", un concept plus qu’une réalité tangible en France
Selon l’Observatoire des seniors, le concept de "bien-vieillir" fait référence à la prévention appliquée aux seniors. Il encourage les personnes âgées autonomes à respecter des règles d’hygiène de vie qui permettent de rester en bonne santé le plus longtemps possible : les loisirs, l’activité physique et intellectuelle, l’alimentation, la sociabilisation, les soins ou encore la mobilité.
Pourtant, la prévention demeure le parent pauvre des dépenses courantes de santé en France et c’est d’autant plus le cas s’agissant de la politique de prévention de la perte d’autonomie. Selon la Drees, la prévention sanitaire institutionnelle (actions de prévention organisées ou financées par des fonds ou des programmes nationaux ou départementaux) représente seulement 1,8 % de la dépense courante de santé.
Plusieurs pays dépassent la France dans l’objectif d’un équilibrage entre les dépenses sociales (la prévention) et sanitaires (les soins). On trouve parmi eux les Pays-Bas, le Danemark et la Finlande. Dans ces trois pays, près du tiers des dépenses de soins de longue durée est consacré aux dépenses sociales.
Le numérique, un outil pour maintenir le lien social et assurer la continuité des soins
La France est également en retard dans le recours aux nouvelles technologies qui sont pourtant essentielles au succès des politiques du bien-vieillir. Par exemple, les Pays-Bas ont déployé au domicile des personnes âgées de l’électroménager intelligent et connecté qui enregistre l’activité quotidienne, les semainiers électroniques pour les médicaments, le recours à des tablettes numériques pour réduire l’isolement des personnes, etc.
Par ailleurs, la crise sanitaire a mis en évidence la nécessité d’encourager le déploiement de la télémédecine à travers la téléconsultation, le télésuivi et le télésoin, comme le soulignait l’Institut Montaigne dans le rapport E-santé : augmentons la dose ! (2020).
Contrairement aux préjugés largement répandus, les outils numériques jouent un rôle prépondérant et croissant pour les personnes entre 60 et 80 ans : les deux tiers des seniors utilisent internet au moins une fois par jour. Mais on voit se renforcer une fracture socio-numérique qui maintient isolées de la société les personnes les plus âgées, à la situation socio-économique fragile. Des dispositifs d’accompagnement sont donc indispensables pour rapprocher du numérique les publics les moins initiés ou les moins motivés.