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12/06/2015

Tourisme : des mesures pour rester leader

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Tourisme : des mesures pour rester leader
 Alexia de Monterno
Auteur
Directrice adjointe de l'Institut Montaigne


Première destination touristique mondiale avec 84 millions de visiteurs en 2014, la France perd chaque année des parts de marché. Les très (trop ?) nombreux atouts naturels de notre pays et une concurrence supposée faible n'ont jamais incité les pouvoirs publics à investir dans cette industrie d'avenir, en constante expansion, qui représente 7 % de notre richesse nationale et près d'un million d'emplois.

Si elle souhaite conserver sa place de leader, la France doit aujourd’hui définir une véritable stratégie marketing, promouvoir sa marque, développer son attractivité, renforcer ses actifs (infrastructures, qualité de service), structurer ses filières de formation et faire de notre pays un lieu d’innovation numérique.

Cette vision de long terme requiert un portage politique fort et une gouvernance territoriale rationalisée. Le gouvernement semble en avoir pris la mesure : par la voix de Laurent Fabius, il vient de présenter une série de nouvelles mesures destinées à renforcer notablement la filière du tourisme en France. Quatre thèmes structurent ce plan d’action : le numérique, l'accueil, la formation, enfin l'investissement. Nombre de leurs propositions ont été portées par l’Institut Montaigne dans son rapport Rester le leader mondial du tourisme : un enjeu vital pour la France, publié en 2014.


Numérique : il s’agirait de promouvoir la marque France grâce à un portail internet unique. Cette démarche, associerait également des acteurs privés. Dans son rapport, l’Institut Montaigne invite les pouvoirs publics à  définir des politiques de marques et à concentrer les moyens de promotion et ce, par trois actions principales :

- mettre l’accent sur quelques "marques ombrelle" de forte notoriété, notamment pour les clientèles lointaines : Paris, French Riviera, French Alps & Mont Blanc, Bordeaux & the Wine regions, Normandy, Loire Valley ;

- développer d’autres marques régionales plus spécifiques, notamment pour les clientèles européennes proches et une approche thématique par "envies" ;

- promouvoir les marques françaises online de manière systématique et structurée, avec des équipes dédiées possédant les bonnes compétences (référencement, présence sur les réseaux sociaux, gestion des sites de contenu généré par les utilisateurs…).


Investissement : la Caisse des Dépôts et Consignations serait en charge de créer un fonds d'investissement tourisme (FIT) afin de financer les travaux de construction ou de rénovation, dans l'hôtellerie, le tourisme fluvial et maritime. La stratégie de promotion des marques ne sera effectivement pas suffisante si un plan d’investissement important dans les infrastructures n’est pas lancé en parallèle, ne serait-ce que pour capter la part naturelle des volumes croissants de visiteurs dans les 15 prochaines années. Le gouvernement vise d’ailleurs 100 millions de visiteurs internationaux à horizon 2020 contre 84 millions aujourd’hui. Il s’agit donc d’étendre et de moderniser les infrastructures touristiques françaises, notamment dans l’hébergement, tant les capacités hôtelières sont insuffisantes en nombre, en diversité et en qualité.


Accueil. Déjà appliqué à certains pays - Chine, Inde, Afrique du Sud, certains Etats du Golfe -, le dispositif de délivrance des visas en moins de 48 heures va être déployé en Turquie, en Indonésie et à Singapour d'ici à la fin de l'année. En outre, le gouvernement a décidé de dématérialiser les dossiers de demande à partir de 2017.
La facilité d’obtention d’un visa constitue en effet un élément important dans la première impression que laisse le pays de destination et la France a tout intérêt à redéfinir la politique de visas (mise en place de visas électroniques, sur un modèle de type ESTA et augmentation du prix des visas, afin de financer les campagnes de promotion de notre territoire).


Formation : une "conférence des formations d'excellence du tourisme" (CFET) doit être constituée afin de renforcer la visibilité de la formation française sur nos points d’excellence - gastronomie, hôtellerie, tourisme - à l'international. Si l’accent mis sur la visibilité de nos formations est important, il ne doit pas occulter la nécessité de redéfinir en profondeur les différentes filières de formation des acteurs du tourisme et ce, du baccalauréat professionnel jusqu’au doctorat. Les emplois dans le tourisme souffrent en effet d’un déficit d’image qui les rend peu attractifs (saisonnalité, horaires décalés, rémunération faible, absence de carrière). En outre, ils sont souvent considérés comme ne justifiant pas ou peu de qualifications. Une refondation de la formation aux métiers du tourisme doit s’appuyer sur les caractéristiques, atouts géographiques et économiques des régions pour créer des filières de formation d’excellence ; redéfinir les compétences des métiers du tourisme (langues étrangères, service, culture générale, numérique) et favoriser l’alternance dans les formations post-bac.

Consulter le rapport Rester le leader mondial du tourisme : un enjeu vital pour la France

Découvrez une infographie inédite sur les propositions formulées dans ce rapport

Lire la tribune parue dans ''Les Echos'', le 19 juin 2014, signée par Jean-Yves Durance et Nicolas Petrovic, co-présidents du groupe de travail de l'Institut Montaigne sur le tourisme.

Plan tourisme : quelles actions prioritaires ? Par Jean-Yves Durance - (Vidéo)



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