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04/01/2024

[Sondage] - Les Français et les perspectives économiques

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[Sondage] - Les Français et les perspectives économiques
 Institut Montaigne
Auteur
Institut Montaigne
 Lisa Thomas-Darbois
Auteur
Directrice des études France, Experte Résidente

Tous les mois, l'Institut Elabe interroge les Français pour Les Échos et l'Institut Montaigne. Ce mois-ci, la question posée porte sur les Français et les perspectives économiques.

Le sondage en quelques mots :
Les dernières prévisions publiées par la Banque de France sont en faveur d’une légère amélioration de notre situation économique pour l’année à venir : +0,9 % de croissance en 2024 (contre 0,8 % en 2023) et une diminution notable de l’inflation de 5,7 % en 2023 à 2,5 % l’année prochaine. D’après les résultats de ce sondage, une majorité de Français ne partage toutefois pas cet enthousiasme : près de 58 % d’entre eux estiment que la situation de l’économie va se dégrader et plus de 60 % que leur pouvoir d’achat va encore diminuer cette année.
  
Ils sont toutefois plus optimistes s’agissant du marché du travail et de l’emploi, un terrain de politiques publiques fortement investi par le gouvernement au cours des derniers mois. La création de "France Travail" et des mesures qui y sont associées sont ainsi jugées convaincantes par les Français. Ils sont respectivement 64 % et 62 % d’entre eux à penser que l’inscription obligatoire à France Travail à partir de 2025 pour les allocataires du RSA et le renforcement des contrôles de recherche d'emploi seront efficaces pour résorber le chômage.

Des perspectives économiques moroses

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Pour une majorité de Français, la situation de l’économie (58 %) et de l’emploi (46 %) en France vont se dégrader en 2024 par rapport à la situation actuelle. Un pessimisme qui s’observe également du côté de la sphère privée : une majorité d’entre eux (61 %) estime que leur pouvoir d’achat va diminuer cette année. Cependant, la situation pour son propre emploi semble plus préservée, "seuls" 3 actifs sur 10 pensent que la situation de leur emploi va se détériorer (28 % contre 52 % stable et 20 % s’améliorer).

Les moins de 35 ans constituent la catégorie d’âge la moins inquiète quant à l’évolution de la situation de la France pour 2024 : près d’un tiers d’entre eux pensent que l’économie du pays et l’emploi en France vont s’améliorer (respectivement 31 % et 29 %). Ils sont aussi plus confiants que la moyenne quant à leur situation personnelle concernant leur pouvoir d’achat et leur emploi (respectivement 27 % et 34 %). Les personnes devant se restreindre pour boucler leurs fins de mois sont particulièrement pessimistes concernant l’évolution de la situation du pays et de leur situation personnelle. Ainsi, une nette majorité d’entre eux projettent un avenir qui se dégrade pour le pays (69 % économie, 57 % emploi) et pour eux-mêmes (77 % pouvoir d’achat, 37 % son emploi).

D’un point de vue politique, l’opinion selon laquelle la situation de la France va se dégrader est particulièrement marquée chez les électeurs de M. Le Pen (75 % situation économique et 62 % emploi) et de J-L. Mélenchon (68 % et 51 %) tandis que ceux d’E. Macron sont bien plus optimistes sur l’avenir économique du pays (45 % vas’améliorer). Une dynamique similaire concernant sa situation personnelle et plus particulièrement celle de son pouvoir d’achat : les électeurs de M. Le Pen (74 %) et J-L. Mélenchon (68 %) sont nombreux à redouter une dégradation tandis que les électeurs d’E. Macron (40 %) sont plus partagés sur le sujet (40 % va s’améliorer, 31 % se dégrader, 29 % stable).
 
L’optimisme sur la situation de son propre emploi est plus fort chez les électeurs d’E. Macron (37 % va s’améliorer), contre 9 % à 19 % seulement dans les autres électorats. 

France Travail : les nouvelles mesures sont jugées plutôt efficaces pour faire baisser le chômage

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Les nouvelles mesures instaurées à l’occasion de la transformation de "Pôle emploi", devenu "France Travail" depuis le 1e janvier 2024, sont jugées convaincantes par les Français pour faire baisser le chômage à l’avenir :

  • 64 % pour l'inscription obligatoire à France Travail à partir de 2025 pour les allocataires du RSA (dont 27 % tout à fait)
  • 62 % pour le renforcement des contrôles de recherche d'emploi (dont 28 %)
  • 61 % pour la coordination des différents acteurs de l'emploi (dont 20 %)
  • 60 % pour l'obligation de consacrer 15 heures par semaine à des activités dédiées à leur insertion comme des formations, des stages ou la rédaction de CV, sous peine d'avoir son allocation suspendue pour les allocataires du RSA (dont 27 %)
  • 53 % pour la suppression des allocations chômage si un salarié en CDD ou intérim refuse 2 propositions de CDI de son entreprise (dont 24 %)

Ces mesures remportent l’adhésion dans la plupart des catégories de population, et particulièrement chez les plus de 65 ans (+7 à +10 points de plus que la moyenne des Français). En revanche, les personnes moins aisées se montrent beaucoup plus réservées (entre 54 % et 66 % non).

D’un point de vue politique, les électeurs d’E. Macron et de V. Pécresse sont largement convaincus (entre 73 % et 85 % selon les mesures), ainsi que dans une moindre mesure ceux de M. Le Pen (entre 56 % et 66 %). À contrario, les électeurs de J-L. Mélenchon sont plus sceptiques sur l’efficacité possible des mesures (entre 50 % et 71 % non) ; à l’exception près de la coordination des acteurs de l’emploi qui est approuvée par l’ensemble des électorats (entre 57 % à 78 %). 

Niveau de chômage : pour l’opinion, il s’explique par des salaires trop bas, un système "trop généreux" et des charges trop importantes pour les entreprises

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Pour expliquer le niveau actuel du chômage en France, les Français pointent notamment du doigt le niveau trop faible des salaires (49 %, + 7 points depuis le 3 août 2022) désormais en 1e place comme facteur explicatif du chômage devant le manque d’incitation du système d’assurance-chômage à reprendre un emploi (45 %, -11). Les charges qui pèsent sur les entreprises (42 %, +5) sont également évoquées à niveau élevé et complètent le trio de tête.
 
Les niveaux bas des salaires sont particulièrement cités par les 25-49ans (59 %, +12) et les ouvriers (63 %, +12), tandis que le manque d’incitation de l’Assurance chômage et les charges des entreprises sont évoqués par une majorité des plus de 65 ans (respectivement 54 %, -6 et 48 %, +15)
 
D’un point de vue politique, deux camps s’opposent : le manque d’incitation de l’assurance-chômage est le 1e motif pour les électeurs de V. Pécresse (70 %), d’E. Macron (58 %) et de M. Le Pen (53 %) contre moins d’un tiers de ceux de J-L Mélenchon ; tandis que c’est la question des bas salaires qui est mise en avant par ces derniers (65 %, contre 51 % pour l’électorat Le Pen, 32 % celui de Macron et 28 % celui de Pécresse).
 
Au-delà, 32 % (-1) évoquent le manque d’adaptation des formations au marché du travail (notamment chez les retraités à 42 %) et 28 % (+4) le manque d’embauche des entreprises (notamment chez les plus jeunes, 44 % des 18-24 ans). 

[Sondage] - Les Français et les perspectives économiques (17 pages)Télécharger
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