AccueilExpressions par MontaigneRetraites : laisser la liberté aux FrançaisL'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.31/12/2010Retraites : laisser la liberté aux Français Cohésion socialeImprimerPARTAGERAuteur Gunilla Björner Ancienne responsable des relations institutionnelles de l'Institut Montaigne La récente réforme des retraites en France, et notamment le relèvement de l’âge légal de départ à la retraite de 60 ans à 62 ans, a suscité beaucoup de critiques. Chez notre voisin outre-Rhin, l’âge légal passera progressivement de 65 ans à 67 ans entre 2012 et 2029. Le premier rapport sur l’emploi des seniors en Allemagne semble conforter ce choix : le taux d’emploi des 60-65 ans a plus que doublé en dix ans, passant de 20% en 2000 à 41,1% en 2010 (1). Ces chiffres semblent donc montrer qu’un relèvement de l’âge légal de départ à la retraite à 67 ans est une solution tout à fait réaliste. Fallait-il pour autant aller dans ce sens en France ? Pas forcément.Il existe une autre solution, qui permettrait à la fois de garantir la pérennité de notre système de retraites par répartition, de rendre ce système plus compréhensible et plus équitable et, en plus, de laisser à nos concitoyens le choix de l’âge auquel ils souhaitent partir à la retraite. Après tout, qui pourrait être mieux placé que la personne concernée pour dire quel est le bon moment pour cesser son activité professionnelle ?L’Institut Montaigne propose de mettre en place un régime national de retraite par répartition "unique, à la carte avec neutralité actuarielle, et à cotisations définies". Qu’est-ce que cela veut dire ?Un régime national unique fonctionnant par pointsLe système français comporte actuellement une quarantaine de régimes de retraite : une vingtaine de régimes "de base", et autant de complémentaires. Au nom de l’égalité de tous et de la clarté du système, nous proposons de fusionner tous les régimes de retraites par répartition au sein d’un régime national unique fonctionnant par points. En effet, la retraite par répartition n’a pas vocation à être organisée de façon catégorielle. Il n’existe aucune raison valable pour qu’un fonctionnaire ou un cheminot soit favorisé par rapport à un salarié du privé, un exploitant agricole ou un commerçant.Un système à cotisations définiesAfin d’éviter un accroissement du déficit du système de retraites par répartition, celui-ci doit fonctionner "à cotisations définies", c’est-à-dire distribuer des pensions aux retraités qui proviennent d’un fonds alimenté par les cotisations prélevées sur les actifs d’aujourd’hui, à un taux raisonnable.Passer d’un système "à prestations définies" à un système "à cotisations définies", permet également de ne pas "sacrifier" les générations futures. Il s’agit là d’une démarche politique courageuse, puisqu’elle consiste à protéger les intérêts de personnes trop jeunes pour être des électeurs, ou qui ne sont pas encore nées.Une retraite à la carte avec neutralité actuarielleEn instaurant une retraite "à la carte avec neutralité actuarielle", on permet au salarié de choisir l’âge auquel il souhaite prendre sa retraite, sans que cela ne nuise ni à ses concitoyens, ni au système de retraite dans son ensemble. Pour schématiser, plus une personne partira tard, plus elle aura cotisé pour sa retraite, et donc plus sa pension sera importante.L’Institut Montaigne propose également de mettre en place une pension minimale garantie (inspirée du modèle suédois et du RSA français) pour les personnes à faibles niveaux de retraite.N’est-il pas temps de traiter les Français comme des adultes responsables et libres, capables de prendre leur destin en mains, comme cela est le cas chez nos voisins européens ?En savoir plus :- Réformer les retraites : pourquoi et comment, Institut Montaigne, juin 2010.- Réforme des retraites : vers un big-bang ?, Institut Montaigne, mai 2009.(1) "Malgré les critiques, Berlin défend la retraite à 67 ans", Karl de Meyer, Les Echos, 18 novembre 2010.ImprimerPARTAGER