Rechercher un rapport, une publication, un expert...
L'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.
11/06/2014

Remettre la médecine généraliste au cœur du système

Imprimer
PARTAGER
 Angèle Malâtre-Lansac
Auteur
Déléguée générale de l'Alliance pour la santé mentale

Si le nombre de médecins en activité en France reste à peu près stable depuis sept ans, la composition des effectifs a changé avec une nette diminution du nombre de médecins généralistes. Alors que les experts du système de santé recommandent un basculement de l'hôpital vers la ville pour améliorer la prise en charge des patients à meilleur coût, ce phénomène est inquiétant.


Une médecine généraliste de moins en moins attractive

L’Ordre des médecins a publié le 5 juin 2014 son Atlas de la démographie médicale pour 2013 qui recense un peu plus de 198 700 médecins en activité. Si depuis quelques années ce nombre reste assez stable, une tendance nette semble se dégager, celle de la perte d’attractivité de la médecine généraliste. En effet, le nombre de généralistes a baissé de 6,6  % au cours des sept dernières années, alors même que les spécialistes ont augmenté de 6% dans le même temps.

Cette tendance, qui devrait se confirmer dans les prochaines années, est encore plus marquée à Paris, département dans lequel le nombre de médecins généralistes a baissé de 21,4 % sur la même période. La région PACA et l’Ile de France, toujours mieux dotées que les autres régions, perdent d’ailleurs des médecins malgré la croissance de leurs populations. 

Le rééquilibrage entre la ville et l’hôpital doit être une priorité

Alors que l’exercice libéral est trop peu attractif et que le nombre de médecins généralistes baisse, le système de soin français reste trop tourné vers l’hôpital. De la formation des médecins (effectuée quasi essentiellement à l’hôpital) à la multiplication des hôpitaux sur le territoire et au faible regroupement des professionnels de santé en ville, les raisons qui expliquent cet état de fait sont nombreuses.

La dépense de soins hospitaliers représente 36 % de la dépense de santé en France contre 29 % en moyenne dans les pays de l’OCDE, alors que la place des soins de ville apparait nettement plus faible (23 % en France contre 33 % en moyenne dans l’OCDE).

Ce recours massif à l’hôpital n’est pas toujours justifié. On estime que 12,5 % des lits d’hospitalisation complète seraient occupés de manière inadéquate et que moins de 3 % des interventions pratiquées dans les services d’urgence représentent une urgence au sens médical du terme.

Réformer la médecine de ville pour rééquilibrer notre système de santé

Pour proposer une alternative crédible à l’hôpital et développer la médecine de proximité, il est urgent de mener une réflexion de fond sur la réforme de notre médecine de ville afin de la rendre plus attractive pour les jeunes médecins et mieux organisée pour les patients.

C’est à travers une approche territoriale que les transferts de l’hôpital vers la ville doivent être envisagés. Les ARS pourraient par exemple piloter ces transferts en gérant des enveloppes fongibles ville-hôpital en fonction des besoins de chaque territoire.

Pour redonner aux médecins le goût de l’exercice libéral, une action doit être menée auprès des futurs professionnels de santé. Ainsi, c’est dès la formation des médecins que l’exercice libéral et la médecine générale doivent être mis en valeur à travers notamment des stages obligatoires qui leur feront connaitre ce mode d’exercice de la médecine.

De plus, l'exercice libéral classique et isolé ne répond plus aux aspirations des jeunes médecins qui plébiscitent les regroupements et orientent leurs choix en fonction de leur qualité de vie. Les pôles et maisons de santé, regroupant généralistes, spécialistes, professions paramédicales, offrent potentiellement un cadre de travail attractif, une mutualisation des frais fixes, une gestion souple des horaires. Pour favoriser ce développement, il existe plusieurs leviers : la mise en place de modes de rémunération mixtes pour encourager les coopérations, l'organisation de transferts de tâches entre professionnels, la simplification des aides administratives, la création de logiciels adaptés, etc.

Pour aller plus loin :

Consulter le rapport Accès aux soins : en finir avec la fracture territoriale

Consulter le site consacré à la Conférence de citoyens sur notre système de santé

Recevez chaque semaine l’actualité de l’Institut Montaigne
Je m'abonne