AccueilExpressions par MontaigneRéformer par temps de crise … mais comment ? Par Natalie Rastoin et Michel GodetL'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.18/06/2012Réformer par temps de crise … mais comment ? Par Natalie Rastoin et Michel Godet Cohésion socialeImprimerPARTAGERAuteur Institut Montaigne Natalie Rastoin ("Se libérer de Colbert, s’inspirer du monde") et Michel Godet ("Comment passer des idées aux actes") concluent l’ouvrage collectif, Réformer par temps de crise, en tentant de répondre à la question du "Comment réformer". Dans son analyse, Natalie Rastoin insiste sur l’existence d’un nouveau cadre démocratique dans lequel, pour pouvoir réformer, le passage d’une communication verticale et colbertiste vers un dialogue continu avec l’ensemble des citoyens est devenu nécessaire.Michel Godet reprend à son compte cette analyse en mettant en avant l’importance de la méthode. Pour lui, ce sont les initiatives locales innovantes et concrètes qui doivent inspirer la réforme : nous possédons les solutions pour affronter nos handicaps et nos erreurs. La priorité doit être donnée à la baisse de la dépense publique et à la recherche d’efficience dans les services publics.Du monde de la technocratie à l’ère de l’e-intelligence, comment la communication peut aider la réforme ? (Natalie Rastoin) L’accès à la connaissance notamment par la démocratisation de l’enseignement supérieur a fait sauter "les verrous de la méconnaissance", l’expertise n’est plus un monopole d’Etat grâce aux associations et à Internet. Le rapport du citoyen à la démocratie est transformé. En parallèle, le citoyen est devenu distant, voire méfiant, face aux élites. Dans ce cadre, "communiquer devient consubstantiel de réformer" et c’est l’emploi même du verbe communiquer qui doit disparaitre. La crise offre une fenêtre d’opportunité pour instaurer ce dialogue continu, qui se réfléchit à trois niveaux : - la compréhension de l’opinion : il faut "sortir de la logique sondagière" pour "partager le pouls de l’opinion … avec elle" : trouver et écouter dès le début les groupes de citoyens les plus impliqués ou encore rendre obligatoire la publication de l’intégralité des sondages ; - la création des conditions de la réforme : réhabiliter la pensée de long-terme ; ouvrir des sites d’information et de participation sur chaque chantier de réforme ; identifier un petit groupe de porteurs de la réforme ; investir dans les outils de communication utilisés par tous ; - la diffusion et la pédagogie de la réforme pour en exprimer les bénéfices collectifs et individuels mais également communiquer au fur et à mesure des évolutions sans se limiter à une communication de crise.Comment passer des idées aux actes ? (Michel Godet) Michel Godet prolonge la réflexion de Natalie Rastoin : "Se libérer de Colbert n’est qu’une première étape : c’est en réalité tous les comportements jacobins qu’il faut chasser de nos esprits." Il faut cesser, nous dit-il, de gouverner d’en haut et s’adapter aux contextes et besoins locaux : "les facteurs de développement des territoires et des entreprises sont d’abord endogènes". Michel Godet parle d’appropriation indispensable en ce qui concerne certaines questions jugées "tabous" dans notre société : le temps de travail : "il faut travailler plus pour travailler tous" ; le coût du travail : "la société française ne veut pas entendre parler du lien entre coût du travail et emploi" ; ou encore la formation : "l’inadéquation d’un système de formation qui conduit à une surabondance des diplômés et à une pénurie de professionnels". Pour Michel Godet, le mal est en nous, les solutions aussi puisqu’elles existent sur le terrain. "Une bonne part de nos difficultés vient de notre incapacité à engager des réformes" alors que le problème de la dette nous y oblige. Pour réussir la réforme et diffuser les bonnes idées, il est nécessaire de s’inspirer des "bonnes nouvelles" au sein des territoires, mais aussi de nos partenaires européens et ne pas hésiter à transposer les bonnes pratiques de réduction des dépenses publiques, de réforme du marché du travail ou encore des systèmes de santé ou de retraite qui ont marché ailleurs en Europe. Pour lui, l’avenir est à la production de services incorporant des biens (le "quaternaire") et à la relocalisation des activités dans le sens de la proximité et de la traçabilité.Aller plus loin - En savoir plus sur l'ouvrage Réformer par temps de criseImprimerPARTAGER