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24/04/2008

Nicolas Sarkozy face aux téléspectateurs

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 Philippe Manière
Auteur
Président-fondateur de Footprint > consultants

Nicolas Sarkozy intervient ce jeudi en direct à la télévision. A la recherche d'un second souffle, il répondra pendant 90 minutes aux questions de 5 journalistes. On a beaucoup parlé du format de l'émission, mais sur le fond, il n'est pas certain que nous soyons surpris.

Faire du neuf avec du vieux

On nous a dit « vous allez voir ce que vous allez voir », « on va faire du jamais vu » etc. Et il est certain que le Président a ces temps-ci intérêt à reprendre la main. Cela dit, ce n’est pas facile d’innover et il faut se souvenir de la dernière intervention télévisée de ce type de N. Sarkozy, en novembre dernier. On en avait fait des tonnes avant l’émission, et pourtant tout avait été on ne peut plus classique – d’ailleurs les commentaires étaient ensuite plutôt acerbes... Pour ce jeudi, on nous a parlé d’un format nouveau avec cinq journalistes plutôt que deux, mais outre que Chirac avait déjà été interrogé par un duo de journalistes complété par des personnalités de la télévision (E.Chain, MO Fogiel, ou JL Delarue), on avait un peu l’impression avant l’émission que l’on allait assister au revival de l’Heure de Vérité, émission d’ailleurs remarquable mais… des années 80.

Eviter les effets d’annonce

Côté forme, il ne faut jamais se faire de souci pour Nicolas Sarkozy. C’est typiquement le genre d’exercice où il est franchement bon. Sur le fond, le Président devait avoir à coeur d’éviter les effets d’annonce, les parlementaires l’ont mis en garde depuis des semaines : faire des annonces nouvelles par bribes (comme il l’avait fait lors de sa conférence de presse début janvier) nuit à la lisibilité de l’action du gouvernement et donne l’impression que l’on confond les grandes réformes et les petites réformes, l’essentiel et l’accessoire, en les situant sur un même plan. L’idée pour Nicolas Sarkozy est donc plutôt de réaffirmer sa volonté de tenir le cap de la réforme pour les 4 ans à venir et bien sûr de faire de la pédagogie sur tout ce qui a été fait depuis un an et n’a apparemment pas été bien compris ou bien admis par les Français.

Changement de style, mais encore ?

D’ailleurs, on le voit dans les sondages : les Français sont pour la réforme ! Symptomatique : celui qui l’incarne le mieux à leurs yeux, c’est bizarrement le Premier ministre, François Fillon. Il y a encore 18 mois, personne n’aurait imaginé qu’il puisse passer pour un radical ou un révolutionnaire… Mais le fait est là, François Fillon caracole dans les sondages tandis que Nicolas Sarkozy est à un plus bas historique pour un Président en poste depuis un an seulement. Visiblement, son style, dont on nous a tant parlé, est toujours en cause - pas assez présidentiel aux yeux des Français. Mais le problème résidait aussi en une assez mauvaise communication de l’action gouvernementale. On sait qu’un véritable changement de style est en cours, une sorte de lissage du président et de son image. Le Président a aussi voulu réagir côté communication en nommant Thierry Saussez à la tête d’un super service de communication, combinant à la fois le SIG et la toute nouvelle Délégation interministérielle à la communication. Et c’est important : il faut que le contenant soit attirant pour que le contenu soit désirable ! Mais il y a plus : la communication doit être associée à tout le travail du réformateur.

Mieux communiquer la réforme

L’Institut Montaigne publiera dans quelques semaines un rapport intitulé « Mieux communiquer la réforme ». Il s’applique parfaitement à la problématique du moment : la com, comme on dit, a longtemps été cantonnée à une sorte de « service après-vente » de l’action politique. Ce que montrent les exemples français et étrangers qui y sont évoqués, c’est que la bonne réforme s’appuie sur la bonne communication dès sa conception et jusqu’à sa mise en œuvre.

La communication est utile en aval de l’action politique, mais aussi en amont, dans la genèse même des réformes !

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