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11/07/2024

L’UE, les nationaux-populistes et le RN, un mois après les élections européennes

L’UE, les nationaux-populistes et le RN, un mois après les élections européennes
 Marc Lazar
Auteur
Expert Associé - Démocratie et Populisme, Italie
 Blanche Leridon
Auteur
Directrice Exécutive, éditoriale et Experte Résidente - Démocratie et Institutions

Un mois après les élections européennes du 9 juin, et quelques jours avant la reprise de la session parlementaire et l’élection de la présidence de la Commission, comment les nationaux-populistes se sont-ils recomposés ? Quels invariants demeurent, dans leurs lignes programmatiques et leurs grandes figures ? Comment analyser le rapprochement entre Jordan Bardella et Viktor Orbán, le premier ayant pris la présidence du nouveau groupe qu’a créé le second au sein du Parlement européen, "les Patriotes pour l’Europe" ? Quelle place est faite au RN dans le paysage européen ? Alors que le calendrier national a pu occulter des échéances européennes aux enjeux importants, retour sur l’Europe dans cet entretien avec Marc Lazar et Blanche Leridon, co-auteurs de la note de l’Institut Montaigne : Union européenne : portée et limites des nationaux-populistes.

Un mois après les élections européennes du 9 juin, éclipsées par la dissolution de l’Assemblée nationale en France, quelles sont les principales évolutions survenues à Bruxelles ? Quel état des lieux général pouvez-vous dresser, et quelles sont les prochaines échéances importantes, notamment concernant les top jobs ?

La scène européenne ne s’est pas figée lors de la dissolution française, et en l’espace d’un mois, beaucoup d’avancées ont été réalisées, notamment sur la répartition des postes clés. Ursula von der Leyen devrait être reconduite pour un deuxième mandat en tant que présidente de la Commission, l'ancien Premier ministre socialiste António Costa assurerait la présidence du Conseil européen, la Maltaise Roberta Metsola devrait briguer la présidence du Parlement européen, et l'Estonienne Kaja Kallas, quant à elle, serait choisie comme chef de la diplomatie européenne. Ces décisions ont été prises lors du Conseil européen des 27 et 28 juin dernier. La reconduction d'Ursula von der Leyen a été décidée par six négociateurs, dont Emmanuel Macron, Olaf Scholz, Donald Tusk et Pedro Sanchez, et sans la Hongrie ni l'Italie. La majorité des dirigeants de l'UE appartenant aux groupes du Parti populaire européen (PPE), des Socialistes et Démocrates (S&D) et de Renew, les négociateurs en charge de ces discussions étaient issus de leurs rangs, ce qui explique l'exclusion d'Orban, non inscrit durant la précédente législature, et celle de Giorgia Meloni, affiliée au groupe des Conservateurs et Réformistes (CRE). Il faut bien sûr désormais que le Parlement vote pour officialiser la répartition de ces différents postes, qui a suscité son lot de critiques, notamment du côté italien, nous y reviendrons.

On observe une concordance intéressante des calendriers législatifs français et européens.

On observe une concordance intéressante des calendriers législatifs français et européens, puisque le 18 juillet prochain devraient être élus à la fois le président de la Commission européenne et celui de l’Assemblée nationale. Si l’on reste en Europe, la première session du nouveau Parlement se réunit du 16 au 19 juillet.

C’est un moment clé, qui va fixer les contours et les grands équilibres politiques du Parlement. Si les choses n’évoluent qu’à la marge pour les deux premiers groupes du Parlement européen, le PPE et les S&D qui, toutefois, ont perdu des élus, les configurations se redessinent pour les groupes suivants : des pertes importantes chez Renew, le groupe auquel appartient le parti d’Emmanuel Macron, qui pourrait devenir le quatrième voire le cinquième groupe. Et, surtout, une nouvelle donne à l’extrême droite du spectre, avec la création d’un nouveau groupe par Viktor Orbán, qui vient également de prendre la présidence tournante du Conseil de l’UE.

Si l’on s’intéresse aux groupes nationaux-populistes, auxquels vous avez consacré une note parue au mois de mai, quelles sont les principales évolutions ? Quelle lecture faites-vous de la création, par Viktor Orban, de cette nouvelle formation des Patriotes pour l’Europe ?

Viktor Orbán, dont les eurodéputés du Fidesz ont quitté le PPE en 2021 pour s’épargner l'humiliation d’une exclusion formelle, a toujours fait part de ses velléités de constitution d’un large groupe de "Patriotes européens". Il avait d’ailleurs dit, pendant la campagne et dans une interview à l’hebdomadaire Le Point, que l’avenir des droites nationales en Europe dépendrait de deux femmes : Giorgia Meloni et Marine Le Pen. Mais c’est sur la seconde, et non sur la première, qu’il pourra désormais compter. Fort de 84 eurodéputés, le groupe des "Patriotes pour l’Europe" devrait être le troisième groupe du Parlement européen, derrière le PPE et les S&D, mais devant Renew et le groupe de Giorgia Meloni, CRE. Il a pu compter sur le ralliement, en un temps record, d’une quinzaine de partis politiques issus de douze États membres. Au départ, deux autres membres fondateurs se tenaient aux côtés d’Orbán : le FPÖ autrichien et l’ANO tchèque. Dans les jours qui ont suivi, onze autres formations politiques ont rejoint le mouvement : le Rassemblement National (France), la Ligue de Matteo Salvini (Italie), Vox (Espagne), le Vlaams Belang (Belgique), Chega (Portugal), Voix de la raison  (Grèce), le Parti pour la liberté de Geert Wilders (Pays-Bas), Serment & Motoristes (République Tchèque), le Parti du peuple Danois (Danemark) et Lettonie d’abord.

Le groupe Identité et Démocratie (ID), formé lors des élections de 2019 et auquel appartenaient le Rassemblement national, la Ligue de Salvini mais aussi l’Afd allemande, a donc disparu au profit de ce groupe nouvellement formé. Le RN y occupe une place importante et Jordan Bardella en prend la présidence, il est non seulement le parti qui a envoyé le plus gros contingent d’eurodéputés au sein du groupe des Patriotes pour l’Europe, mais aussi l'un des plus importants à l’échelle du Parlement européen. À égalité avec la CDU, ces deux formations ont chacune envoyé 30 eurodéputés à l’issue des élections de juin. Son poids est donc assez considérable, reste désormais à savoir ce que Bardella compte en faire.

Ce nouveau groupe ressemble donc beaucoup au précédent groupe ID, avec le Fidesz en plus et un ralliement significatif côté espagnol avec l’intégration du parti d’extrême droite Vox. Vox appartenait initialement au groupe des Conservateurs et réformistes (CRE), où siègent Fratelli d’Italia de Georgia Meloni et le Pis polonais. Le groupe CRE, qui prétendait occuper la troisième place au Parlement il y a encore une dizaine de jours, perd donc six eurodéputés. Par la voix de son leader Santiago Abascal, Vox a néanmoins rappelé que Meloni resterait"une amie et une alliée" au sein du Parlement. Le parti d’Orbán prend quant à lui de l’ampleur, et son chef accomplit un véritable exploit en ralliant non seulement ses alliés traditionnels de l’ex-Europe centrale et orientale, mais aussi des partis issus de pays fondateurs de l’UE, comme la France, l’Italie, la Belgique et les Pays-Bas.

Sur le plan programmatique, on peut dire que ce nouveau groupe des Patriotes reste une "coalition des contre", à l’image d’Identité et Démocratie dont il est l’héritier ; un groupe profondément eurosceptique qui a pour ambition de peser sur l'avenir de l'Europe en recouvrant davantage d'espace pour les nations, et en s’opposant fermement au "fédéralisme européen". Ses priorités incluent les questions de migration, la préservation de la dimension nationale, l'hostilité au Pacte Vert, et l'affirmation de valeurs conservatrices. Ajoutons enfin que ce groupe manifeste une dimension pro-russe marquée.

Ce nouveau groupe ressemble donc beaucoup au précédent groupe ID, avec le Fidesz en plus et un ralliement significatif côté espagnol avec l’intégration du parti d’extrême droite Vox.

Comment interprétez-vous le rapprochement entre le Rassemblement National et Viktor Orban au lendemain des résultats des législatives ? Un axe "pro-Russe" serait-il en train de se reconstituer à votre avis ?

Il n’est pas étonnant que Jordan Bardella ait attendu le lendemain de l’annonce des résultats des élections législatives françaises pour officialiser ce ralliement. Rejoindre une formation politique créée par un pro-russe notoire, peu respectueux des libertés et de l’État de droit, qui s’est rendu, sans mandat officiel, à Kiev puis à Moscou pour tenter de s’ériger en négociateur d’un cessez-le-feu entre les deux pays, n’aurait pas servi la stratégie de "notabilisation" du RN, ni sa volonté de s’éloigner de l’influence russe. Durant toute la campagne des européennes puis des législatives, le RN a essayé de se débarrasser de l’encombrante image d’un parti allié de la Russie. Avec ce ralliement, il fait le mouvement inverse. Comment l’expliquer ? Plusieurs éléments. Le premier est purement numérique : suite à l'exclusion de l'AfD allemande, le groupe ID risquait de disparaître ou de se marginaliser fortement, il fallait donc trouver d’autres alliés, pour remplir les conditions de création d’un groupe et, au-delà, pour suffisamment peser dans l’enceinte européenne. Deuxième élément, d’ordre idéologique et programmatique cette fois, en s’associant au groupe d’Orban, le RN se retrouve dans un groupe très critique à l’égard de l’UE, ce qui a toujours été la position du parti, de Marine Le Pen à Jordan Bardella, ils renouent donc avec leurs fondamentaux, les exacerbent. Le Rassemblement National pense ainsi pouvoir déployer sa stratégie de "changer l'Europe de l'intérieur" et de porter son projet  "d'Alliance des Nations européennes".

La décision d’adhérer à ce groupe l’expose néanmoins à de fortes critiques. Le vice-président du groupe, le général Roberto Vannacci, présenté par la Ligue, a suscité de vives polémiques en Italie en raison de ses propos controversés sur les questions raciales et sur les minorités sexuelles. Ses propos xénophobes, homophobes, islamophobes en font un bien encombrant allié et Jordan Bardella devra justifier ce choix de ralliement, alors qu’il avait déclaré, quelques jours plus tôt seulement, entendre exclure des rangs du parti tous candidats ayant des propos similaires, lors des élections législatives. Notons également que le RN ne partage pas les valeurs les plus conservatrices du Fidesz, largement diffusées dans les autres partis qui composent ce groupe des Patriotes. Le choix du RN suscite, semble-t-il, un certain embarras dans ses rangs. Ainsi Jean-Philippe Tanguy a rejeté la responsabilité de la désignation de Roberto Vannacci et demandé à la Ligue de reconsidérer sa position. Or, c’est à l'unanimité que les eurodéputés du RN ont approuvé cette désignation.

Le vice-président du groupe, le général Roberto Vannacci, présenté par la Ligue, a suscité de vives polémiques en Italie en raison de ses propos controversés sur les questions raciales et sur les minorités sexuelles.

Autre élément qui pourrait poser problème : l’application, à l'égard de ce nouveau groupe, d’un cordon sanitaire. Déjà en vigueur à l'égard du groupe ID lors de la mandature précédente, il semblerait que le PPE, les S&D et Renew entendent maintenir le cordon sanitaire à l'égard du nouveau groupe d'Orbán. Cela limiterait l'accès des députés du groupe à des postes stratégiques dans les prochaines commissions parlementaires. Toutefois, si ce cordon s’appliquait assez facilement contre ID, qui n’était que le sixième groupe du Parlement européen, la situation est beaucoup plus complexe maintenant que les Patriotes occupent la troisième position.

La coalition centriste pourrait être accusée de déni de démocratie vis-à-vis des électeurs ayant porté ces représentants au Parlement d’autant que, globalement, les nationaux-populistes ont progressé en nombre de voix et d’élus.

Jordan Bardella est-il crédible en tant que président de groupe, malgré ses absences remarquées lors de la précédente législature ?

Jordan Bardella assurera la présidence de ce groupe pour des raisons avant tout arithmétiques : c’est lui qui est à la tête du plus gros contingent d’eurodéputés, c’est donc naturellement que la présidence lui échoit. En revanche, le RN n’a pas réussi à obtenir le secrétariat général du groupe. À ce stade, on peut se demander si Bardella sera actif au Parlement puisqu’il ne l’était guère durant la précédente législature et qu’il a en outre de nombreux problèmes à régler au sein de son parti en France. Il pourra néanmoins bénéficier du capital politique issu de son succès aux élections européennes et de la crédibilité conférée par la progression du RN lors des élections législatives françaises. Il pourrait espérer renforcer sa stature à l’international en tant qu’allié du parti d’Orban, lequel assume la présidence tournante du Conseil de l’UE depuis le 1er juillet et jusqu’à décembre. Le président hongrois est l’artisan de la création de ce groupe et est également très proche de l’ancien président Donald Trump, qui pourrait emporter à nouveau l’élection américaine de novembre. Dans ce cas, le chef du gouvernement hongrois serait l’un des interlocuteurs de la nouvelle administration américaine et l’importance de ce rôle pourrait, d’une façon ou d’une autre, bénéficier à Bardella. Enfin, il est peu probable que le ralliement Orban / Bardella ait le moindre impact sur l’adhésion des électeurs du RN, qui sont essentiellement motivés par des préoccupations économiques, sociales, politiques et culturelles franco-françaises.

Quelle est votre lecture de la situation de Giorgia Meloni et de son groupe CRE ? Est-ce un revers ou une opportunité pour sa stratégie de "normalisation" ? Quelle est la position de l'Alternative für Deutschland (AfD) dans ce nouveau paysage politique européen ?

Giorgia Meloni a vivement protesté contre les décisions prises concernant les nominations aux postes clés ("top jobs"). Elle a voté contre António Costa et Kaja Kallas, et s’est abstenue sur Ursula von der Leyen. Elle a également dénoncé ce qu'elle qualifie de "marginalisation" de l'Italie, qui est pourtant l'un des pays fondateurs de l'UE en jouant ainsi sur le sentiment national des Italiens. CRE étant, au lendemain de l’élection, la troisième formation du Parlement européen (avant la création des Patriotes d’Orban), elle revendiquait d’obtenir des responsabilités importantes, sans parler de la désignation d’un Italien à un poste important de Commissaire. Ces désignations du Conseil ont démontré un certain isolement de Meloni. La création des Patriotes la met dans une situation très compliquée. A priori, Fratelli d’Italia, qui pourtant partage de nombreuses valeurs communes avec le Fidesz d’Orban, ne rejoindra pas ce groupe, notamment du fait de son caractère pro-russe, Meloni étant fermement aux côtés de Kiev. Par ailleurs, elle a besoin de continuer à démontrer une relative modération au niveau européen pour continuer à bénéficier des financements de Next Generation EU. Dans sa démarche de notabilisation à l’échelle européenne, elle ne voudrait pas subir non plus l’isolement du cordon sanitaire. Sa stratégie est bien l’inverse : chercher des points d’accords avec le PPE sur les questions d’immigration et du Pacte Vert. Le Président du PPE, Manfred Weber, a d’ailleurs dit que le cordon sanitaire ne concernerait pas les CRE. Mais au sein de son gouvernement, les tensions s’accroissent puisque le parti de Matteo Salvini a rejoint Les Patriotes et met la pression sur Giorgia Meloni en s’opposant à la reconduction d’Ursula von der Leyen à la tête de la Commission. Il n’y aura sans doute pas de chute du gouvernement mais celui-ci entre dans une zone de turbulences. Ce ne serait d’ailleurs pas la première fois en Italie que les suites d’un vote au Parlement européen provoquent des secousses dans la politique italienne. Ce qui est certain c’est que le projet d’Orban de rassembler Marine Le Pen et Giorgia Meloni ne se réalisera pas.

Principale conclusion : les extrêmes droites européennes demeurent désunies ! Peut être même plus désunies encore qu’elles ne l’étaient sous la précédente législature, puisqu’elles pourraient être réparties non plus en deux mais en trois groupes. Les Patriotes pour l’Europe d’un côté, les CRE de l’autre et, probablement, un nouveau groupe, L’Europe des nations souveraines, clairement d’extrême droite, que souhaite créer l’AfD avec Konfederacja en Pologne et les Hongrois de Notre Patrie. Pour le moment, 25 députés eurodéputés pourraient composer ce nouveau groupe, dont l’unique représentante du parti Reconquête, Sarah Knafo.

Au sein de son gouvernement, les tensions s’accroissent puisque le parti de Matteo Salvini a rejoint Les Patriotes et met la pression sur Giorgia Meloni en s’opposant à la reconduction d’Ursula von der Leyen à la tête de la Commission.

Quel impact ce nouvel équilibre politique pourrait-il avoir sur le soutien à l'Ukraine ? Comment ces changements pourraient-ils influencer l'agenda du Parlement européen et de la Commission européenne dans les prochains mois ?

Pour le moment, on ne devrait pas assister à un renversement radical de la politique concernant l’Ukraine. Les 27 - ou plutôt, les 26 - avaient bien veillé à ce que toutes les échéances importantes concernant l’adhésion de l’Ukraine aient lieu avant la présidence tournante hongroise. En matière de politique étrangère et de sécurité commune (PESC), la voix du Conseil prime par ailleurs sur celle du Parlement. La PESC est en effet décidée dans le cadre d’une procédure spéciale, qui requiert notamment un vote à l’unanimité, plutôt qu’à la majorité qualifiée au Conseil. Or au Conseil, l’équilibre politique reste peu ou proue similaire, le groupe Les patriotes ne compte qu’un seul de ses membres à la tête de l’un des exécutifs des 27 : la Hongrie, comme c’était déjà le cas au cours de la précédente législature. A cela s'ajoutent deux chefs d’Etats issus de CRE : Giorgia Meloni, et Petr Fiala pour la République Tchèque. Cela étant, à l’automne, auront lieu d’importantes élections en Autriche et le FPO, membre des Patriotes, un parti national-populiste, pourrait obtenir un très bon résultat. Par ailleurs, les initiatives prises par Orban, président du Conseil de l’Union européenne, notamment son voyage à Moscou dans le cadre de sa "mission de paix", démontrent qu'il entend jouer un grand rôle pour déstabiliser l’UE. Un rôle qu’il continuera d’exercer après sa Présidence grâce, précisément, au groupe qu’il a réussi à  mettre sur pied. On l'a vu lors de la précédente mandature avec le vote sur le fonds de soutien pour l’Ukraine (50 milliards d'euros), la Hongrie bloquait ce vote pour des raisons de posture, prétendant qu’elle ne se rallierait au Conseil qu'à la condition que les fonds européens, gelés en raison du non-respect de l'État de droit, lui soient débloqués. Orban s'est finalement ravisé, faute de levier au sein du Conseil, grâce à un habile stratagème. En effet, Orban n’a pas voté favorablement, mais est sorti de la salle au moment du vote, permettant à Giorgia Meloni de lui éviter "l'humiliation" d'un vote favorable. Cette manœuvre avait également été mise en évidence lors de nos auditions.

Certes, les leviers institutionnels dont disposent les partis nationaux-populistes demeurent à ce stade limités, afin de mettre en œuvre leur agenda. Mais leur capacité à imposer les termes du débat ne doit pas être sous-estimée, comme leur capacité de nuisance au sein des institutions. Car, au-delà de leurs divergences et de leur appartenance à différents groupes, ils poursuivent un objectif commun, celui de recouvrer le plus de souveraineté nationale possible.

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