AccueilExpressions par MontaigneL’entrepreneuriat numérique en France : quelques constats et perspectivesL'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.24/10/2012L’entrepreneuriat numérique en France : quelques constats et perspectives Régulation TechnologiesImprimerPARTAGERAuteur Frédéric Créplet Le secteur de l’économie numérique est source de création de richesse et d’emploi, mais il rime aussi avec incertitude et prise de risque - l’entrepreneuriat numérique en première ligne. Alors que le gouvernement français s’attache dans le plan "France numérique 2012-2020" à viser la poursuite des leaders du secteur à l’échelon mondial, des contradictions persistent toujours pour les entrepreneurs, sources de nos futures PME et plus généralement moteur d’une dynamique d’innovation. Dès lors, les entrepreneurs doivent consolider l’équilibre fragile de leur fonction afin de se positionner sur les marchés d’avenir et rester accrochés "au wagon du numérique".L’entreprenariat et le numérique en France Selon le rapport de l’Institut Montaigne "Le défi du numérique" publié en 2011, la filière internet représentait en 2010 3,7 % du PIB français et aurait contribué à un quart de sa croissance. Selon une enquête Ernest & Young et Syntec numérique, les éditeurs logiciels en France ont un chiffre d’affaires en croissance (de 6,7 milliards d’euros en 2010 à 7,4 milliards d’euros en 2011) et sont créateurs d’emplois (44 902 emplois crées en 2011 contre 41 895 en 2010). D’autre part, des succès français dans le domaine des réseaux sociaux comme Jamespot ou dans celui des systèmes de gestion de contenus comme Jalios (véritable concurrent de Microsoft SharePoint en France) constituent de bons exemples de la capacité d’innovation et de la compétitivité de l’entreprenariat français dans le domaine du numérique. Dans le cadre du lancement de France Digital (l'association paritaire des start-up et capitaux-risqueurs pour le développement de l’écosystème de l’innovation numérique), Ernest & Young a publié les résultats du premier baromètre des performances des start-up numériques en France. Les chiffres sont assez convaincants : - 33 % de croissance annuelle de chiffre d’affaires ; - 39 % du chiffre d’affaires réalisé à l’international ; - une croissance annuelle des effectifs de 24 % ; - l’âge moyen des salariés est de 32 ans, contre 41 ans dans les grands groupes (INSEE); - 87 % d’embauches en CDI, loin devant la moyenne nationale de 76 % (INSEE). Loin d’être à la traîne, l’entreprenariat numérique français est bien un moteur de croissance ; le poids de l’international dans le chiffre d’affaires de ces entreprises est le signe d’une activité résolument ouverte, dynamique et tournée vers de nouveaux marchés. Cependant, l’entreprenariat numérique en France repose encore sur un équilibre fragile entre les aides de l’Etat, le soutien des capitaux-risqueurs et l’incitation des entrepreneurs à investir.Les tendances La sphère publique commence réellement à prendre conscience de l’importance du numérique pour le développement économique. Sa prise en considération lors de la campagne présidentielle est à ce titre révélateur. Cependant, il reste encore à faire les bons choix. En effet, le gouvernement, avec le projet de loi de finances 2013, s’est illustré par son incompréhension de l’écosystème entrepreneurial. Au lieu d’encourager l’activité, l’imposition des plus-values de cession d’entreprises a engendré le mécontentement des acteurs de l’entreprenariat cristallisé par le mouvement des Pigeons (initié notamment par des créateurs de start-up évoluant dans le numérique). Or, les entrepreneurs et capitaux-risqueurs représentent un réseau important de capacité de financement. Les capitaux-risqueurs financent les start-up mais les entrepreneurs financent aussi des jeunes sociétés et des fonds d’investissement selon un système de recyclage rapide. Il est donc nécessaire que le gouvernement intègre ce mode de financement dans sa politique afin de maintenir et de favoriser les investissements faits dans le domaine numérique. Toutefois, des initiatives "numériques", sources d’innovation et de compétitivité, sont à signaler. A Paris, l'association Silicon Sentier héberge chercheurs, entrepreneurs et étudiants, tous branchés sur le Net et dont le QG est La Cantine (Lacantine.org). Ce regroupement constitue un réseau de talents d’où peut naître l’étincelle novatrice et des entreprises pérennes. D’autre part, des aides ont également été mises en place pour favoriser le développement des start-up et pôles d’activité numérique, comme le statut Jeune Entreprise Innovante, le Crédit Impôt Recherche et le soutien d’Oséo (entreprise publique aidant au financement des PME innovantes).Les défis de demain et perspectives d’avenir Le numérique est encore un domaine émergent en pleine effervescence ; il est vital de pénétrer les nouveaux marchés qui se développent afin de constituer des bases solides. Dans ce sens, les réseaux d’innovateurs sont primordiaux. Il est essentiel de permettre des collaborations pérennes en adaptant par exemple les droits sur la propriété intellectuelle (sur le modèle des "bassins de brevet" où les entreprises partagent leurs brevets). L’Institut Montaigne prônait déjà dans son rapport une proposition "Small Business Act numérique" pour le partage des ressources entre les PME françaises. Si le financement et les ressources constituent un enjeu à part entière, ils vont de pair avec le développement d’un écosystème de la connaissance. Le numérique constitue un véritable réservoir de croissance ; de nombreux champs restent ouverts, notamment dans le domaine de la robotique ou de l’Internet des objets. La France est bien positionnée dans les technologies numériques (RFID par exemple), et il faut encourager les marchés porteurs. Enfin, il faut donner aux (futurs) entrepreneurs une visibilité stratégique (quels sont les marchés porteurs ? Comment adopter un nouveau modèle économique ?) et à une capacité à innover, investir et exporter sur les marchés qui demain bénéficieront d’une forte croissance.Source : Top 250 des éditeurs et créateurs de logiciels français La performance économique et sociale des start-up numériquesImprimerPARTAGER