AccueilExpressions par MontaigneLe cinéma monte les marches, la télévision les descend ?L'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.19/05/2017Le cinéma monte les marches, la télévision les descend ?ImprimerPARTAGERAuteur Blanche Leridon Directrice Exécutive, éditoriale et Experte Résidente - Démocratie et Institutions Le Festival de Cannes, qui célèbre ses 70 ans cette année, s'ouvre dans un contexte toujours très favorable pour le secteur. Le nombre de séances (8 millions en 2016), les recettes en guichets (1,4 Md' en 2016) et la fréquentation des salles (213 millions d'entrées en 2016 sur les 994 millions enregistrées sur toute l'Europe) sont historiquement élevés, comme le rappelle le bilan 2016 du CNC. Un secteur dynamique mais néanmoins bouleversé par l'apparition de nouveaux acteurs : pour la première fois de son histoire, le Jury a sélectionné deux films financés par Netflix dans sa sélection officielle. Un bouleversement que semble avoir intégré le nouveau président de la République, qui souhaite mettre en place les conditions propices à l'émergence d'un ?Netflix européen'. Si notre cinéma se porte bien, les performances de l’audiovisuel français - télévision, radio, productions audiovisuelles - sont beaucoup plus fragiles. Les difficultés du secteur - public ou privé - animent le débat public de façon récurrente. Faible internationalisation des contenus audiovisuels et retard dans la prise en compte des nouveaux usages, montant de la redevance, remise en cause régulière des procédures de nomination des dirigeants de chaînes publiques, crise de Radio France sont autant de sujets qui interrogent le modèle français. Quelles réponses le nouvel exécutif envisage-t-il d’y apporter ? Comment compte-t-il revaloriser l’audiovisuel en France ? On fait le point. La refonte de France Télévisions Emmanuel Macron souhaite tout d’abord stabiliser et garantir l’indépendance de la gouvernance de France Télévisions. Ce ne sera donc plus au CSA de désigner ses présidents mais à un conseil d’administration constitué de personnalités indépendantes de les élire. Il estime également que le modèle économique actuel de France Télévisions n’est pas adapté à un environnement ouvert et concurrentiel. Ainsi, il veut "concentrer les moyens sur des chaînes moins nombreuses" en réduisant le périmètre du groupe, ce qui pourrait impliquer la fusion ou la suppression de certaines chaînes. France 4, souvent pointée du doigt pour ses faibles audiences, pourrait en faire les frais.Enfin, il se montre favorable à un rapprochement des groupes publics : France Télévisions, Radio France et France Médias Monde. Une proposition qui va dans le sens de la démarche initiée par Delphine Ernotte, lors de la création de la chaîne d’info en continu Franceinfo.La libéralisation du secteur Dans son programme, le candidat Emmanuel Macron expliquait vouloir "simplifier la réglementation audiovisuelle en matière de publicité, de financement et de diffusion pour lever les freins à la croissance de la production et de la diffusion audiovisuelles". Cette volonté semble laisser la porte ouverte à un retour de la publicité après 20 heures sur les chaînes de France Télévisions. Questionner le financement des médias, c’est aussi poser la question de leurs propriétaires. C’est pourquoi Emmanuel Macron souhaite la création d’un nouveau statut des entreprises de presse. Selon lui, la présence d’actionnaires industriels et financiers au capital de groupes de médias constitue le moyen le plus efficace pour surmonter les difficultés économiques du secteur. Néanmoins, elle peut attiser les soupçons de conflits d’intérêts. Pour réduire ce risque, il propose d’inscrire des garanties d’indépendance éditoriale et journalistique dans le nouveau statut des entreprises de presse qu’il appelle de ses vœux. Le numérique, une composante désormais inévitable du paysage audiovisuel Dans son rapport de 2016 Rallumer la télévision: 10 propositions pour faire rayonner l’audiovisuel français, l’Institut Montaigne identifiait les maux dont souffre la télévision française, et notamment la difficulté qu’elle rencontre à s’adapter au bouleversement numérique. Dans un contexte où les modes de diffusion des produits audiovisuels sont de plus en plus délinéarisés, ces changements n’ont jamais semblé aussi importants. Bien qu’Emmanuel Macron ait insisté sur l'accélération de la transformation numérique de l’audiovisuel pendant sa campagne, son gouvernement devra construire un plan d’action concret pour être à la hauteur de ce défi.Par Manon de la Selle et Blanche Leridon pour l'Institut MontaigneImprimerPARTAGER