AccueilExpressions par MontaigneLa tyrannie du court terme bat de l’aileL'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.11/12/2009La tyrannie du court terme bat de l’aile Régulation Cohésion socialeImprimerPARTAGERAuteur François Rachline Directeur général de l'Institut Montaigne de 2009 à 2010 La crise financière a démontré à quel point le capitalisme est envahi par le court terme : évaluation permanente d’un actif à partir de sa valeur instantanée sur le marché, actionnariat volatil (titres conservés par des investisseurs quelques mois ou parfois quelques jours voire quelques heures...), bonus des opérateurs (traders) déterminés par une opération et non par le résultat global d’une activité, etc.Cette tendance accentue la perception d’un monde coupé en deux : celui de la finance, agité, fulgurant parfois, juteux aussi, plus ou moins déconnecté de celui des biens et des services, calme, plutôt lent, de moins en moins profitable. Le premier se nourrit du "court-termisme", le second en souffre.Dans ce contexte émergent des réactions de plus en plus vives. Au cœur même de la City, poumon du capitalisme bancaire, le régulateur britannique, Lord Turner, a contesté il y a quelques mois l’utilité d’une certaine finance de marché (trading). Le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Alistair Darling, s’est déclaré favorable à la Taxe Tobin, ce prélèvement sur les transactions de capitaux que proposait feu le professeur de Yale, prix Nobel en 1981. Ce sont aujourd’hui les bonus bancaires qu’après les Britanniques les Français vont taxer. L’Europe pourrait suivre dans la foulée, en dépit de la prudence allemande.Ce mouvement témoigne d’une remise en cause, timide encore, certes, mais réelle, de la dictature du court terme. Il ne suffit pourtant pas de combattre ce dernier en lui mettant des bâtons dans les roues, il faut aussi passer au côté positif et promouvoir le long terme en soi. Favoriser les investisseurs stables. Mieux rémunérer les actionnaires permanents. Etaler dans le temps les bonus. Substituer à la mesure de l’immédiat une quantification dans la durée. Bref, réintroduire cette dimension temporelle dans l’âme du capitalisme.ImprimerPARTAGER