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17/01/2011

Faut-il attribuer des trimestres d’assurance vieillesse aux étudiants ?

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 Jacques Bichot
Auteur
Professeur émérite à l'Université Lyon 3

Une vieille revendication refait surface : valider pour la retraite, sous forme de durée d’assurance, tout ou partie des études supérieures. Cette idée est, pour plusieurs raisons, une fausse bonne idée.

  • Les étudiants actuels partiront à la retraite dans plusieurs dizaines d’années. D’ici là, il est fort probable que la durée d’assurance aura cessé de compter pour le calcul de la retraite. Le Conseil d’orientation des retraites, dans un rapport publié en janvier 2010, a commencé à montrer la faisabilité du passage des annuités aux points. Cette formule a fait ses preuves en France dans les régimes complémentaires, et dans de nombreux pays étrangers pour la retraite de base ; et la loi du 9 novembre 2010 a confié à un « comité de pilotage des retraites » le soin de lancer en 2013 un grand débat sur le passage aux points.
  • Attribuer des trimestres gratuits aux personnes aujourd’hui proches de la retraite qui ont fait jadis des études supérieures serait accorder un privilège à une partie de la population dont l’espérance de vie – et donc la durée de perception des pensions – est nettement supérieure à la moyenne. Dans une situation où il est indispensable de faire des économies, va-t-on rogner un peu plus les pensions de ceux qui n’ont pas eu la chance de faire des études supérieures pour donner davantage à ceux qui en ont fait ?
  • Un système de rachat de trimestres correspondant à des périodes d’étude a été mis en place par la loi retraites de 2003. Que vont dire ceux qui ont payé des milliers d’euros pour allonger leur durée d’assurance si d’autres obtiennent la même chose gratuitement ? L’incohérence des décisions successives rend les politiques sociales inéquitables.

Mieux vaut par conséquent accélérer la préparation de la réforme systémique qui fera disparaître du paysage français de la retraite par répartition la notion obsolète de durée d’assurance.

Dans le système que l’Institut Montaigne estime bon pour la France et pour ses habitants, une personne ayant pleinement profité des années d’étude qui lui auront été offertes par le contribuable et par ses parents gagnera bien sa vie et obtiendra un nombre de points suffisant pour disposer d’une bonne retraite, même s’il est entré plus tard que d’autres sur le marché du travail. En revanche, celui qui aura gaspillé les moyens mis à sa disposition ne doit pas pouvoir se prévaloir, pour obtenir une meilleure retraite, des années ainsi passées à musarder aux frais de la princesse.

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