AccueilExpressions par Montaigne"Entreprise et pauvreté" : extraits d'entretiensL'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.05/02/2013"Entreprise et pauvreté" : extraits d'entretiens Régulation SociétéImprimerPARTAGERAuteur Institut Montaigne Retrouvez cette semaine des citations des entretiens retranscrits dans Intérêt général : que peut l’entreprise ?. Découvrez aujourd’hui le chapitre "Entreprise et pauvreté", réalisé avec Antoine Frérot, PDG de Veolia Environnement et Nicole Maestracci, magistrate, ancienne présidente de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (FNARS).ANTOINE FRÉROT : "Si elle ne s’ouvre pas au-delà de son strict objet social, l’entreprise est rapidement contestée. Les grandes entreprises ont toutes compris cela à un moment de leur existence. Si elles sont devenues grandes, c’est qu’elles se sont préoccupées du long terme." (p27) NICOLE MAESTRACCI : "L’intérêt général suppose qu’on se préoccupe de la cohésion sociale sur chaque territoire, de l’égalité devant la loi et d’une répartition équitable des richesses. Cela ne relève pas directement de la logique d’entreprise. Dire l’inverse me paraît relever d’une vision idyllique et utopique." (p28)ANTOINE FRÉROT : "Ce n’est pas (la) mission première (de l’entreprise) que de poursuivre (l’intérêt général), et encore moins de le définir. Sa responsabilité tient dans ses intérêts propres et dans ceux de ses parties prenantes directes. Mais parce qu’elle existe, elle soutient l’intérêt général." (p28)ANTOINE FRÉROT : "Sur le plan des idées, l’intérêt général n’est pas la somme des intérêts particuliers, mais l’intérêt général ne pourrait être assuré si les intérêts particuliers n’étaient pas du tout satisfaits." (p29)NICOLE MAESTRACCI : "Ce qui manque, ce sont des régulations juridiques efficaces pour encadrer les géants économiques. Les grandes entreprises sont en position de force par rapport aux pouvoirs publics." (p29)NICOLE MAESTRACCI : "Certaines entreprises mènent des actions innovantes (…). Mais, en même temps, il s’agit d’expériences qui concernent trop peu de personnes, au regard de l’importance des besoins, pour être significatives." (p29)ANTOINE FRÉROT : "Nous souffrons d’une grande faiblesse des régulations internationales, et les Etats se font une concurrence phénoménale, autorisant les entreprises à jouer avec ces règles. Les entreprises arbitrent alors entre les différents cadres juridiques qui s’offrent à elles." (p30)ANTOINE FRÉROT : "La RSE est compliquée à faire vivre et à faire valoir quand les contraintes de court terme s’accroissent et pèsent sur la soutenabilité des entreprises. Cependant, si les grandes entreprises sont devenues grandes, c’est bien qu’elles ont su regarder, à un moment ou à un autre, le long terme." (p31)NICOLE MAESTRACCI : "Nos dispositifs de lutte contre la pauvreté sont devenus tellement complexes que de nombreuses personnes en difficulté, pourtant éligibles à des aides, ne les demandent pas. (…) Certes, ce n’est pas la responsabilité des entreprises mais des pouvoirs publics. Pour rendre ces aides et dispositifs plus efficaces, il faudrait les simplifier et surtout leur conférer une certaine automaticité. Mais le problème n’est pas seulement celui des dispositifs d’aide, c’est celui du prix des biens de première nécessité (…)." (p33)NICOLE MAESTRACCI : "Bien sûr, beaucoup d’entreprises européennes et américaines font des choses positives dans les pays pauvres et en développement. Cependant, quand il n’y a pas de transfert de technologies, leur action peut s’apparenter à de nouveaux modes de colonialisme plus qu’à de nouveaux modèles économiques." (p35)ANTOINE FRÉROT : "Il faut savoir que 50 % des lits d’hôpitaux dans le monde sont occupés par des gens qui ont consommé une eau insalubre ! Il y a là un gigantesque problème : soit une entreprise comme la nôtre vient proposer ses services ; soit on reste avec ce qui existe, c’est-à-dire avec rien, ou avec des services de piètre qualité qui ne desservent pas une large partie de la population. On peut toujours dire qu’il s’agit d’un colonialisme économique, mais quelles sont les alternatives ?" (p36)NICOLE MAESTRACCI : "La question est toujours la même : le conflit entre deux exigences apparemment contradictoires, celle de la compétitivité des entreprises et celle d’une protection suffisante des travailleurs. En France, la législation du travail protège assez bien les CDI. Elle protège assez mal les travailleurs précaires (…). Il faut accepter de négocier collectivement sur ces questions." (p38) - En savoir plus sur l'ouvrageImprimerPARTAGER