AccueilExpressions par MontaigneEnseignement : pourquoi une troisième grève ?L'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.15/05/2008Enseignement : pourquoi une troisième grève ? ÉducationImprimerPARTAGERAuteur Institut Montaigne L’actualité aujourd’hui, c’est la grève de l’Education nationale. Le mécontentement porte cette fois sur les rémunérations et les suppressions de postes. Un mouvement justifié? Des suppressions de postesSur 22 900 postes de fonctionnaires supprimés cette année, 11 200 le seront dans l'Education nationale, mais ce n’est ni une surprise ni un scandale dès lors que l’on sait que l’Education représente le plus gros bataillon de la fonction publique avec plus d’un million d’agents de l’Etat sur 2,5 millions au total. Deuxième argument en défense de ces suppressions de poste, même si les profs trouvent que ce n’est pas une raison : la diminution du nombre d’élèves. On ne voit pas bien pourquoi on garderait immuable le nombre d’enseignants, sinon, on finira par ressusciter un ministère de la marine à voile…Mieux payer les institsLa grogne vient aussi en partie du pouvoir d’achat. Si ce problème ne concerne pas forcément tous les enseignants, les situations sont variées et je crois que c’est au niveau des débutants, et en particuliers des professeurs des écoles que les efforts doivent être faits. Mais s’agissant des rémunérations, les syndicats veulent un peu le beurre et l’argent du beurre. Ils s’opposent aux suppressions de postes (qui ne font aucune casse sociale puisqu’il s’agit surtout de ne pas remplacer tous les fonctionnaires qui partent à la retraite) et réclament en même temps l’augmentation des traitements. Or, la seule solution pour que la fonction publique gagne en pouvoir d’achat sans peser plus encore sur le déficit, c’est précisément de réduire les effectifs, en ajustant là où c’est possible et en allégeant là où les besoins ont diminué.Effectifs contre rémunérationLe gouvernement a déjà entrepris cette diminution des troupes de fonctionnaires, mais à un rythme qui n’a rien de délirant… Actuellement, un fonctionnaire sur trois qui part à la retraite n’est pas remplacé. A cette vitesse, nous resterons longtemps celui des grands pays développés dont l’administration est la plus nombreuse. Et pour reprendre mon raisonnement "effectifs contre rémunération", les fonctionnaires risquent d’attendre encore longtemps avant d’être augmentés...Engagés et motivésNous, à l’Institut Montaigne, nous pensons qu’il ne faut pas se contenter de revoir les effectifs, mais qu’il faut remettre à plat l’organisation de l’administration, réinventer son management, réinventer les carrières, aussi ! Par exemple, nous plaidons depuis longtemps pour la mise en place dans la fonction publique d’un système de rémunération qui tiendrait compte pour une partie non négligeable des résultats de chacun sur la base d’une évaluation. Ces évaluations manquent aujourd’hui cruellement à la gestion des fonctionnaires et peuvent avoir des conséquences majeures en termes d’efficacité collective, mais aussi en termes de motivation individuelle, et même d’épanouissement. Car les gens sont malheureux quand leur degré d’engagement n’a aucune conséquence !Un entretien annuel pour chacunMais tout cela doit être mis en place à l’aide de méthodes précises, comme par exemple un « vrai » entretien annuel dans la totalité de la fonction publique, pour chaque fonctionnaire, avec une discussion sur ses performances, sur sa carrière, sur ses envies. Tant que nous ne le ferons pas, nous ne donnerons tout simplement pas le minimum auquel ont droit nos fonctionnaires, les enseignants et les autres !ImprimerPARTAGER