Au travail !

Le premier gouvernement du quinquennat d'Emmanuel Macron a été nommé hier et il tient aujourd'hui son premier Conseil des ministres. Chacun d'entre eux définira dans les prochains jours ce qui sera la feuille de route de son action ministérielle.

Prenons les devants et rappelons quelques enjeux majeurs identifiés par l'Institut Montaigne à mettre au premier rang des priorités d'action.

Éducation et enseignement supérieur

• Concentrer les efforts budgétaires sur l’enseignement primaire.

• Donner aux régions le rôle de chef de file en matière d’apprentissage.

• Conférer une autonomie pédagogique et de fonctionnement la plus complète possible aux établissements d’enseignement supérieur.

Marché du travail et formation professionnelle

• Dynamiser le dialogue social en donnant plus de poids à la négociation d’entreprise et plus de flexibilité dans l’organisation du travail.

• Clarifier les rôles et les responsabilités des partenaires sociaux et de l’État dans la gestion des organismes paritaires, en distinguant notamment ce qui relève de la logique assistantielle et ce qui relève de la logique assurantielle.

• Poursuivre l’attachement des droits et des protections aux personnes plutôt qu’aux contrats en faisant évoluer le Compte personnel d’activité (CPA).

• Réformer le droit du travail pour simplifier l’environnement réglementaire tout en préservant les protections pour les individus. L’objectif poursuivi doit être triple : libérer les initiatives, organiser le travail et protéger les salariés.

Économie et compétitivité

• Baisser les prélèvements obligatoires sur l’investissement productif et le travail qualifié et remplacer le CICE par un allègement pérenne de charges (barémisation).

• Simplifier la fiscalité du capital en mettant en place un prélèvement libératoire à taux unique aligné sur la moyenne européenne.

• Permettre aux startups, aux PME de croissance et aux ETI de croître par une politique fiscale attractive pour les investisseurs et une réforme profonde de notre système d’innovation (par exemple en consolidant et en élargissant le CIR).

Budget et dépenses publiques

• Développer de nouveaux outils pour un meilleur pilotage des finances publiques, comme le vote d’un budget alternatif qui entrerait en vigueur en cas de dégradation de la conjoncture ou la mise en place d’un mécanisme de péremption automatique pour les dépenses publiques.

• Permettre une meilleure maîtrise des dépenses de fonctionnement, de la masse salariale et des dépenses d’investissement de l’État ; y associer les collectivités locales, notamment en modulant les dotations de l’État en fonction de critères de bonne gestion.

• Engager une réforme durable du système de retraite français, en faveur d’une meilleure lisibilité et d’une plus grande équité ; en particulier, prévoir des mécanismes d’ajustement des paramètres adaptés aux évolutions démographiques et préparer l’alignement des régimes public et privé.

Santé

• Faire le pari de l’innovation en santé : le monde de la santé est bouleversé par les changements technologiques et les progrès techniques. Ces transformations doivent être au coeur de l’action et de la réflexion du prochain gouvernement à travers un engagement fort sur la numérisation du système de soins et la promotion d’un écosystème favorable aux innovations biomédicales et organisationnelles en santé.

• S’engager dans une réflexion de long terme sur l’offre de soins sur le territoire en lançant des réformes structurelles pour moderniser et structurer la médecine de ville, réformer la carte hospitalière et développer massivement les maisons de santé pluridisciplinaires afin de lutter contre les déserts médicaux.

• Retrouver des marges budgétaires en luttant contre les gaspillages qui représentent entre 20 et 30 % des dépenses de santé : en donnant la priorité au développement de bases de données, à la publication d’indicateurs sur la pertinence des actes comme sur leur qualité, à l’information des patients comme des professionnels de santé.

• Ouvrir l’accès aux données de santé pour améliorer la qualité et la transparence du système de santé.

Environnement et énergie

• Favoriser l’implication des entreprises dans l’action en faveur du climat afin de respecter les engagements forts pris lors de l’Accord de Paris, notamment afin qu'émerge en Europe et à l'échelle internationale un prix du carbone réaliste.

• Poursuivre la restructuration de la filière nucléaire et définir clairement le calendrier de renouvellement du parc existant.

• Accélérer la transition vers une économie circulaire, tant au niveau européen qu’au niveau français, en actionnant notamment le levier de la commande publique.

Sécurité nationale

• Doter la France d’une stratégie globale de sécurité qui s’inscrive dans une logique interministérielle. Cette stratégie ne doit pas uniquement concerner les moyens, mais également les principes, les doctrines et les organisations.

• Renforcer l’effort budgétaire de défense pour reconstituer le potentiel militaire français, moderniser et remplacer les matériels, renouveler la dissuasion nucléaire, investir dans la recherche dans les technologies d’avenir.

Europe

• Renforcer la zone euro en la dotant d’une gouvernance plus efficace pour coordonner les politiques nationales et répondre aux chocs économiques.

• Mettre la prospérité au cœur du projet européen en réformant la politique commerciale commune et la politique de la concurrence, en achevant le marché intérieur dans certains secteurs clés comme l’énergie et les services financiers, et en favorisant le développement du secteur du numérique dans chaque État membre et à l’échelle européenne.

• Donner corps à la politique étrangère de l’UE et assurer la protection des citoyens européens. Les États membres européens doivent s’assurer de la cohérence de leurs politiques étrangères et renforcer la coopération de leur appareil de défense et de sécurité.

Politique étrangère

• Contribuer activement à la construction d’une position européenne qui permette à la France d’exprimer sa voix dans le dossier syrien face à la menace terroriste et aux crimes commis par le régime de Bachar el-Assad.

• Maintenir un niveau d’ambition élevé dans la foulée de l’accord de Paris pour le climat, notamment dans un contexte où certains pays comme les États-Unis souhaitent faire machine arrière.

• Accompagner les stratégies de co-développement entre l’Afrique et la France en favorisant l’investissement privé et l’action des entreprises.

• Poursuivre les négociations commerciales internationales afin que la France et l’Europe défendent leurs intérêts et que les entreprises du continent affirment leurs positions hors de nos frontières.