AccueilExpressions par Montaigne2016 : l’année du retour à l’emploi ?L'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.06/01/20162016 : l’année du retour à l’emploi ?ImprimerPARTAGERAuteur Institut Montaigne L'emploi est la priorité des Français pour l'année 2016. C'est ce que révélait, le 31 décembre 2015, une enquête Odoxa pour France info et Le Parisien. En écho, le Président de la République en a fait le thème central de ses v?ux. Formation de 500 000 chômeurs, création de nouvelles aides à l'embauche pour les PME ou soutien massif à l'apprentissage : telles sont les actions voulues par le chef de l'État. Des annonces aux airs de déjà vu, dont il reste à définir les conditions concrètes de mise en ?uvre et le coût.Chômage : baisses ponctuelles, hausse réelleLa baisse du chômage en novembre 2015 (3 574 800 demandeurs d’emploi en catégorie A, soit -0,4 % par rapport au moins d’octobre) ne modifie pas la situation : la question de l’emploi demeure prioritaire. En une année, ce taux a augmenté de 2,5 %. Le nombre de demandeurs d’emploi de catégories B et C croît de 0,9 % et de 1,4 % au mois de novembre. Sur un an, ces taux augmentent respectivement de 6,4 % et 12,8 %. La tendance baissière du mois de novembre ne peut masquer la spirale inflationniste des dernières années : 700 000 chômeurs supplémentaires depuis mai 2012 ; après les 750 000 enregistrés sur la période 2007-2012.De (nouveaux ?) engagements pour la formation professionnelle et l’emploiFace à ce constat d’échec, le Président de la République a déclaré, le 31 décembre dernier, "l’état d’urgence économique et social". On en discerne encore mal le contenu. François Hollande a ainsi promis de former 500 000 demandeurs d’emplois aux "métiers de demain". Si la formation des chômeurs n’est pas, en soi, une mesure nouvelle, c’est son ampleur qui est inédite. 150 000 bénéficiaires étaient en effet annoncés en janvier 2015, puis lors de la conférence sociale d’octobre dernier. L’annonce présidentielle suppose une augmentation massive du nombre de demandeurs d’emploi qui bénéficieraient d’une formation. Comment financer une telle mesure ? Qui en seront les bénéficiaires ? Malgré l’urgence revendiquée, nul ne le sait pour l’instant. Le chef de l’État a également promis de nouvelles aides à l’embauche "dès le début de l’année" dans les PME où "se créent les emplois". Là encore les détails et modalités d’application demeurent flous.Le temps de l’actionAinsi, en sortant des seuls effets d’annonce, il est temps d’agir concrètement sur l’emploi, la formation et l’apprentissage.Agir auprès des jeunes et en faveur de l’enseignement professionnel tout d’abord, en plaçant la région au cœur des politiques d’apprentissage et de formation professionnelle initiale, dont elle doit être le seul pilote. En faisant de l’apprentissage l’unique voie d’accès à la plupart des métiers. En mettant fin aux dispositifs d’emplois aidés dans le secteur non-marchand à destination des jeunes, pour une économie annuelle de l'ordre de 2Md€.Repenser la politique de l’emploi ensuite, en en confiant à Pôle emploi l’entière responsabilité en région et en lui donnant l’autorité et le financement nécessaires. En déconcentrant davantage Pôle emploi, pour adapter les dispositifs aux réalités locales. Et, en diffusant une culture de la performance et du résultat, en évaluant et en récompensant les agences locales et les agents, en fonction de critères objectifs combinant leur capacité à accompagner les chômeurs vers l’emploi.Investir massivement dans le retour à l’emploi des chômeurs de longue durée, enfin, comme nous l’évoquions récemment dans un article consacré à ce fléau qui touche 2,4 millions de personnes en France. Toutes ces propositions figurent dans l’ouvrage de Bertrand Martinot, Pour en finir avec le chômage, publié en septembre 2015.Par Blanche Leridon pour l’Institut MontaigneImprimerPARTAGER