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Rencontres
October 2015

Quel enseignement supérieur pour la France en 2020 ?

Thierry Mandon, secrétaire d'État chargé de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, a ouvert l'événement en rappelant les enjeux essentiels du débat. Troisième budget de l'État, le système d'enseignement supérieur français se situe plus que jamais à un moment charnière de son histoire : innovation, mondialisation et démocratisation, sont autant de défis ? structurels et culturels ? que les établissements doivent relever. Dans ce contexte, le mouvement d'autonomie accordée progressivement aux universités doit être accéléré et accentué.

 

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Table ronde 1 : Quelle organisation pour la réussite du système français de l'Enseignement supérieur et de la Recherche ?

Participants : introduction par Sybille Reichert, Chancelière, Friedrich-Alexander-Universität Erlangen-Nürnberg, Vincent Berger, ancien conseiller Enseignement et Recherche de François Hollande, directeur de la recherche fondamentale au CEA, Thierry Coulhon, président de PSL, Research university, Alice Guilhon, directrice générale de Skema, Catherine Paradeise, sociologue, professeur émérite de l’université Paris Est-Marne-la-Vallée, Manuel Tunon de Lara, président de l'université de Bordeaux.
Modérateur : Laurent Daudet, professeur à l’université Paris Diderot et coordinateur du pôle Enseignement Supérieur et Recherche de Terra Nova.

Alors que les derniers classements internationaux des universités ont été publiés le mois dernier – QS World University Rankings ou Times Higher Education –, consacrant une nouvelle fois les universités anglo-saxonnes, une évolution de l’organisation de l’enseignement supérieur français est désormais un préalable indispensable à sa réussite, à commencer par la question de la structuration des universités. Un premier consensus a émergé : celui d’un renforcement nécessaire de l’autonomie des universités, corrélée à une augmentation proportionnelle des moyens qui leur sont accordés. Plusieurs pistes ont tour à tour été abordées : l’augmentation des droits de scolarité pour les étudiants non communautaires ou encore la sollicitation d’investissements privés auprès des entreprises, notamment via le développement de la formation continue au sein des universités. En effet, près de 32 milliards d’euros ont été investis en 2012 dans la formation professionnelle continue et l’apprentissage ; une partie de ces fonds pourrait bénéficier aux universités si elles parviennent à faire évoluer leurs offres de formation. Ces nouvelles ressources pourraient accroître leurs investissements à destination de la recherche, composante indissociable de leur excellence et de leur rayonnement à l’international.
 

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Par ailleurs, le regroupement des établissements en ComUE (Communautés d’universités et d’établissements), initié par la loi du 22 juillet 2013, permet déjà de croiser plusieurs expériences. Une fusion, pensée autour d’un projet cohérent, rassemblant des établissements aux disciplines et programmes pédagogiques complémentaires, pourrait permettre aux établissements d’enseignement supérieur d’être plus compétitifs sur la scène internationale. Certains exemples de fertilisation croisée existent déjà : le cycle pluridisciplinaire d'études supérieures PSL-Henri IV (CPES), qui associe la pédagogie et les enseignements d’une licence universitaire et d’une classe préparatoire, est ainsi intégré à la ComUE PSL Research University et s’inscrit dans un Idex (Initiative d’excellence).

Sybille Reichert, Chancelière de l'université Friedrich Alexander d'Erlangen Nüremberg, a rappelé que La France n’est pas la seule à questionner l’organisation de son système universitaire. Face au modèle anglo-saxon existe aussi celui d’une Europe continentale qui peine à trouver son modèle. La Chancelière affirmant même que l’évolution de ce modèle est aujourd’hui une véritable "question de survie" pour la compétitivité économique allemande.

François Fillon, intervenant à l’issue de cette première table ronde, a appelé au parachèvement et à l’amplification de l’autonomie des universités, amorcée par la loi de 2007. Ces deux mouvements s’insèrent, selon lui, dans une réflexion plus globale sur le système éducatif français. La réussite de notre modèle universitaire ne pourrait donc s’envisager sans une refonte totale de ce système. La réforme du baccalauréat (dont il faut impérativement revaloriser le contenu), le transfert de la formation professionnelle de l’État vers les régions, l’augmentation du nombre de doctorants et la revalorisation du salaire des maîtres de conférences sont autant d’objectifs qui devraient participer du mouvement de réforme de l’Enseignement supérieur.

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Table ronde 2 : Quel "new deal" universitaire à l’horizon 2020 ?

Participants : Sophie Béjean, présidente du comité pour la Stratégie nationale de l’Enseignement supérieur, Bernard Belloc, ancien conseiller Enseignement supérieur et Recherche de Nicolas Sarkozy, Jean-René Fourtou, président d’Honneur du Conseil de surveillance de Vivendi, Anne Fraïsse, présidente de l’université Paul Valéry, Montpellier, Jean-Marc Schlenker, professeur à l’université du Luxembourg, ancien président du comité de suivi de la LRU, Alain Trannoy, directeur d’études à l’EHESS-Marseille, Anne-Lucie Wack, présidente de la Conférence des Grandes Ecoles.
Modérateur : Jean-Michel Catin, directeur de la rédaction Recherche et Enseignement supérieur AEF.

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Après la question de l’autonomie des universités, se pose immanquablement celle des moyens nécessaires à sa mise en œuvre. La hausse du nombre d’étudiants, corrélée à la stagnation des dotations de l’État, impose en effet de repenser tout leur système de financement. Si les frais de scolarité peuvent apparaître comme une variable permettant d’accroître les ressources des établissements, ils ne peuvent à eux seuls résoudre la complexe équation du budget de l’université. Les intervenants ont rappelé avec force que l’Enseignement supérieur est, aussi et avant tout, un investissement et qu’il doit être envisagé et géré comme tel. La valorisation de l’existant, le mécénat et, bien sûr, les frais d’inscription apparaissent dès lors comme des paramètres essentiels de la relance budgétaire. Les droits d’inscription demeurent néanmoins un point clivant, et la question de leur augmentation anime de façon récurrente le débat public. Jugée dissuasive et élitiste pour les uns, cette augmentation est, pour d’autres, une réforme nécessaire qui ne remet pas en question la démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur, puisque les boursiers (35% des étudiants) en seront toujours dispensés. Si les partisans du contre y voient le prélude du retrait financier de l’État, les "pro" réfléchissent déjà à son financement, notamment par la mise en place de prêts étudiants, remboursables sous forme d’impôt.

Le second levier de financement est le mécénat. Modèle déjà adopté par les grandes écoles et certains pôles universitaires (l’université de Bordeaux par exemple), le mécénat d’entreprise reste, pour l’heure, encore assez marginal.

Enfin, avant même de songer à la mise en place d’un nouvel écosystème financier, peut-être faudrait-il optimiser et pérenniser les structures existantes. C’est le point de vue défendu par Anne Fraïsse, présidente de l’université Paul Valéry. Selon elle le système actuel, fondé sur l’égalité et la justice sociale, ne serait pas en cause, c’est son fonctionnement qui serait mauvais. Dès lors, le préalable à un véritable "new deal universitaire" serait la rationalisation, la mise en avant des réussites et la valorisation de l’existant.

Jean-Loup Salzmann, président de la Conférence des présidents d’université, a clos l’après-midi en évoquant, lui aussi, l’importance de l’autonomie des établissements. Celle-ci ne pourra s’effectuer, selon lui, sans le retrait progressif de l’État-stratège et la reprise en mains, par l’université, de ses emplois et de ses effectifs. L’autonomie, doublée d’un investissement conséquent en faveur de l’enseignement supérieur, pourrait alors ouvrir la voie à une réelle compétitivité universitaire française rayonnant au-delà de nos frontières.

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