[Nouveau rapport] - Le numérique pour réussir dès l’école primaire

Depuis 2000, les résultats des enquêtes PISA sont sans appel : notre pays ne parvient ni à corriger les travers d'un système scolaire de plus en plus inégalitaire, ni à enrayer la dégradation de ses performances. 80% des 140 000 élèves qui, chaque année, quittent le système scolaire français sans diplôme étaient déjà en difficulté à l'école élémentaire . Face à ce constat, l'Institut Montaigne publie, en partenariat avec le Boston Consulting Group, un nouveau rapport intitulé Le numérique pour réussir dès l'école primaire, dans lequel 18 propositions concrètes sont développées pour faire du numérique un outil efficace pour lutter, dès la maternelle, contre l'échec scolaire en permettant une meilleure acquisition des savoirs fondamentaux.

"Trop souvent encore, la révolution numérique en marche est perçue comme une menace pour notre système éducatif. J’espère que ce travail saura convaincre des formidables opportunités qu’elle peut au contraire offrir et proposer des solutions pratiques pour donner au corps enseignant un accompagnement et des moyens à la mesure de son engagement.", déclare Henri de Castries, Président de l’Institut Montaigne, et pilote du groupe de travail qui a produit ce rapport.

L’école primaire, priorité du numérique éducatif

L’école primaire est la source des difficultés qui affectent le système éducatif français. La recherche montre que 95% des enfants peuvent réussir, lorsque des méthodes d’enseignement appropriées sont déployées très tôt. Une étude du prix Nobel d’économie J. Heckman révèle que plus les investissements se font tôt dans la scolarité, plus ils seront efficaces.



L’école primaire apparaît donc comme la priorité vers laquelle il faut concentrer les efforts. Les avancées de la révolution numérique se diffusent largement et profondément. Et si ces évolutions portaient en elles une partie de la solution ? Comment faire du numérique un levier pour la réussite scolaire ? Comment la France peut-elle se saisir des opportunités d’apprentissage inédites offertes par le numérique ? Notre conviction : une utilisation ciblée de différents outils et usages numériques pourrait porter remède aux grandes défaillances de notre système scolaire.

• Jusqu’au CE2, le numérique peut accroître le temps d’apprentissage et réduire l’échec scolaire, par une acquisition plus efficace des savoirs fondamentaux : parler, lire, écrire et compter. Sans jamais remplacer les interactions absolument indispensables entre enseignants et élèves, le numérique est un levier pour disposer d’un temps d’engagement individuel plus important, ainsi que pour répliquer et diffuser les méthodes pédagogiques les plus efficaces. Il rend possible une adaptation à chaque élève selon son niveau, une détection plus précoce des difficultés et un pilotage fin grâce à une évaluation continue.

• A partir du CM1, le numérique peut être considéré comme un nouveau savoir fondamental, au même titre que "parler, lire, écrire et compter", qui restent les savoirs de base pour un enfant et dont l'apprentissage doit être effectué durant les cycles 1 et 2 (maternelle-CP-CE1-CE2).

Pour Nicolas Harlé, Directeur Associé du Boston Consulting Group et co-auteur du rapport, "c’est à l’école primaire que l’apport des outils numériques peut faire une vraie différence. Lors de nos rencontres, nous avons constaté une très forte envie du corps enseignant. Certains mènent déjà des initiatives intéressantes, mais elles ne sont pas encore suffisamment évaluées ni reprises quand elles sont efficaces. Notre priorité, c’est de permettre une large diffusion de ce qui a fait ses preuves."

Des propositions concrètes, fruits d’une très large consultation



Huit mois d'analyses et de rencontres avec une centaine d’experts de l’éducation et du numérique ont permis à l’Institut Montaigne, en partenariat avec le Boston Consulting Group, de se forger des convictions fortes et de formuler 18 propositions pour faire du numérique un moyen de réduire l’échec scolaire. Afin d’accompagner les maires dans le rôle clé qui est le leur dans ce dispositif, nous avons notamment développé une charte de bonnes pratiques qui les aide à déployer efficacement le numérique dans les écoles primaires.

Parmi ces propositions :

• Promouvoir la création d’une "Fondation pour l’Éducation", à la gouvernance collégiale, s’appuyant sur les travaux de chercheurs reconnus et publiant dans les revues les plus exigeantes. Cette fondation pour la recherche, à but non lucratif, sera en charge de l’expérimentation et de la diffusion des bonnes pratiques labellisées.

• Distribuer aux maires une charte de bonnes pratiques pour une gestion communale efficace du numérique éducatif. L’un des objectifs clé de ce rapport est de permettre aux maires des mettre en œuvre des initiatives du numérique éducatif qui fonctionnent dans leur commune.

• Augmenter le temps d'apprentissage en utilisant le temps hors école notamment en transformant une partie du temps passé à la maison devant les écrans, en temps de consolidation des savoirs, via des applications ludo-éducatives validées et prescrites par les enseignants aux parents.

• Assurer une formation initiale et continue des enseignants au numérique, comme outil et savoir, aux sciences cognitives et aux méthodologies d'expérimentation.

• Donner aux enseignants les moyens de mesurer les progrès des élèves et d’établir des diagnostics précoces des difficultés individuelles ainsi qu’à tous les acteurs les moyens d'évaluer les progrès.

• Inciter les enseignants à innover et à développer leur créativité en facilitant leur ouverture à la recherche et au monde de l’entreprise notamment en leur permettant d’effectuer des stages.

• Encourager la production de technique pédagogiques, ressources et dispositifs conformes aux standards internationaux, les évaluer et favoriser leur diffusion.