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03/08/2009

Vous avez dit indépendance ?

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Vous avez dit indépendance ?
 Claude Bébéar
Auteur
Président d'honneur, Fondateur

La presse française se passionne pour la gouvernance des entreprises et particulièrement pour le salaire des patrons. Après avoir dénoncé la carence des Etats, les défauts des réglementations et la faiblesse des contrôles, elle pointe du doigt les entreprises, ou mieux encore leurs dirigeants mal gouvernés par des conseils trop consanguins. Pour éviter tout dysfonctionnement elle a la solution : les administrateurs indépendants. Quelle erreur !

Le moins que l’on puisse dire est que la notion d’administrateur "indépendant" n’est pas claire. Il s’agit, en gros, d’une personnalité qui n’entretient a priori aucun rapport avec l’entreprise. Or, ce que l’on attend d’un administrateur, c’est la compréhension du métier de l’entreprise, la capacité de juger une stratégie puis d’en suivre l’exécution, l’art de choisir les dirigeants, d’être capable de les soutenir mais aussi de leur résister voire de s’en séparer si nécessaire. On lui demande aussi et surtout de se passionner pour l’entreprise, son rôle économique, ses hommes, ses clients, ses fournisseurs, etc. Car c’est cette affectio societatis qui dynamisera le conseil, donc l’entreprise.

Et ce n’est pas le fait d’être indépendant qui garantit l’existence de ces qualités. Avant l’indépendance, c’est le courage qu’il faut rechercher. Le courage de prendre des décisions difficiles, en particulier celle, cruciale, de contredire et d’éventuellement changer un patron déficient avec lequel on aura tissé, au long des séances du conseil, des liens humains qui facilitent toutes les lâchetés.

Gérer une entreprise est une aventure à risque. Ce n’est pas seulement une gestion qui coule comme "un long fleuve tranquille". Compétence, disponibilité, affectio societatis et courage, voilà les (seules ?) qualités indispensables.

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