Différentes solutions techniques peuvent aider les hôpitaux à utiliser leurs propres données administratives en les rendant exploitables. Par exemple, l'entreprise PSIH propose un outil de business intelligence (BI) qui se connecte aux différentes bases de données des logiciels de l'hôpital afin de regrouper toutes les informations et données relatives aux séjours des patients (la date d'arrivée du patient, la date de son hospitalisation, sa durée, les médicaments qui lui ont été administrés, etc.), le but étant de mettre à disposition des informations plus analytiques à l'hôpital et dans ses différents services. Les outils de BI décrit par Jean-Baptiste Angeloglou peuvent servir à l'identification des services moins efficients, à fournir les indicateurs pertinents pour le suivi des contrats de pôle, ou à pouvoir proposer des outils de management du risque médical et du risque lié à l'absentéisme.
Mais dès lors que l'on parle de données à l'hôpital, cela suppose également l'enjeu de leur sécurisation et de leur protection. On décompte plus de 100 cyberattaques sur la dernière année, soit une augmentation de 270 % en un an avec un coût moyen de 7,1 millions d'euros. À titre d'exemple, en août dernier, le Centre hospitalier sud francilien a été victime d'une attaque paralysant tous les logiciels stockant les données de santé de l’hôpital. À chaque attaque correspond un risque de diffusion des données personnelles des patients, il est donc important de mettre en place des dispositifs de sécurisation, et notamment des solutions d'hébergement des données de santé certifiées. En effet, ces solutions d'hébergement de données de santé (HDS) peuvent protéger du risque de perte d'informations. Il est opportun de protéger dans un premier temps les données des services les plus sensibles pour assurer la continuité des soins, comme par exemple les données relatives aux chimiothérapies. Ces traitements sont très personnalisés or, si l'établissement est hacké, toutes les informations concernant le suivi du traitement par les patients peuvent être perdues.
Au-delà de la sécurisation des données, qui est assurée par un hébergement certifié HDS et souverain, l'exploitation de leur plein potentiel est également un sujet crucial. Cet enjeu peut être adressé par la mise en place d'un Entrepôt de Données de Santé au sein de l'établissement de santé. Les pouvoirs publics ont d'ailleurs décidé de soutenir ces Entrepôts au travers de deux initiatives ; tout d'abord un appel à projets à hauteur de 50 millions d'euros sur les entrepôts de données de santé, et une simplification réglementaire se traduisant par la publication d'un référentiel de la CNIL, où l'entreprise qui remplit les conditions identifiées par ce référentiel peut créer un entrepôt de données de santé sans avoir besoin d’une autorisation accordée au préalable par la CNIL. Ces soutiens politiques et cette incitation forte à utiliser des solutions souveraines répondent également à une attente du grand public et participent à construire la confiance des citoyens dans l'utilisation de leurs données pour améliorer le fonctionnement du système de soins.
Les entreprises interrogées dans le cadre de cet article ne sont pas adhérentes à l'Institut Montaigne et n'entretiennent aucun lien d'intérêt avec le think tank. Elles ont été sollicitées afin d'illustrer des actions concrètes en faveur de la souveraineté sanitaire. Nous remercions par ailleurs le fonds Nov Santé, dédié au développement des filières de santé en France.
Copyright : Jean-Christophe VERHAEGEN / AFP
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