Rechercher un rapport, une publication, un expert...
Rencontres
Juin 2015

Les Barbares attaquent... la politique migratoire !

Imprimer
PARTAGER

{"preview_thumbnail":"/ressources/styles/video_embed_wysiwyg_preview/public/video_thumbnails/1h8RM9aG9kU.jpg?itok=-flUEe5J","video_url":"https://www.youtube.com/watch?v=1h8RM9aG9kU","settings":{"responsive":1,"width":"854","height":"480","autoplay":0},"settings_summary":["Embedded Video (Adaptatif)."]}

 

Retrouvez les temps forts de la séance du 9 juin 2015 avec Luc Derepas, Directeur général des étrangers en France au ministère de l'intérieur ; Patrick Weil, Directeur de recherche au CNRS ; François-Noël Buffet, sénateur du Rhône, rapporteur du projet de loi relatif à la réforme de l'asile ; Jean-Christophe Despres, fondateur de SOPI Communication.

Les flux migratoires sont source de richesses. Le cœur mondial de l’innovation économique, la Silicon Valley, en est une preuve marquante : plus de 50% de ses startups ont été fondées par des immigrés. L’atout puissant qu’ils représentent pour de nombreux secteurs économiques incite d’ailleurs les géants américains du web à se prononcer régulièrement en faveur d’un assouplissement des règles migratoires. La rareté des profils dont elles ont besoin contraint souvent ces entreprises à aller chercher à l’étranger d’une part les meilleurs talents et d’autre part la main-d’œuvre peu qualifiée nécessaire au développement de leurs services (par exemple : chauffeurs Uber, centres d’appels, etc.).

En l’absence de législation favorable à l’immigration, les entrepreneurs du numérique ont donc délocalisé une partie de leurs activités à l’étranger. Ce faisant, ils ont contribué à la hausse du niveau de qualification dans ces pays, ainsi qu’à la création de véritables écosystèmes numériques secondaires, qui complètent ceux des pays développés. La possibilité de suivre en ligne les enseignements académiques des plus grandes universités du monde, américaines en premier lieu, a également mis à la portée de tous des connaissances de très haut niveau.

Cependant, les déplacements d’activité liés au développement de l’économie numérique n’ont pas mis un terme aux déplacements de population. En effet, cette nouvelle économie contribue à la concentration des richesses dans les grandes métropoles et accroît les inégalités entre les territoires. Les quelques écosystèmes numériques très développés (New-York, San Francisco, Londres, etc.) sont par ailleurs en compétition pour attirer les travailleurs qui alimenteront leur croissance.


Comment les Barbares peuvent-ils soutenir les politiques migratoires pour mieux gérer l’immigration et attirer les talents ?

La France, si elle se ferme à ceux qui pourraient l’enrichir, risque l’atrophie. Afin de renforcer l’attractivité de son territoire, elle doit proposer des services et des processus administratifs plus intelligents et mieux intégrés, qui permettront de faciliter l’accueil et l’intégration des travailleurs étrangers. Dans ce domaine, un bon exemple est donné par les services que propose Unshackled aux entreprises afin de fluidifier l’accueil de leurs employés venus de l’étranger.

Les entrepreneurs du numérique peuvent aussi favoriser le co-développement et ainsi réduire les tensions inhérentes aux flux migratoires. En effet, l’une des raisons qui pousse les entrepreneurs au départ est la difficulté à obtenir le capital nécessaire pour créer leurs entreprises. C’est l’investissement dans ces pays d’émigration qui leur permettra d’y réaliser leurs projets. Les nombreuses opportunités que l’économie numérique africaine, par exemple, offre aux entreprises numériques françaises permettraient le développement rapide d’écosystèmes locaux si elles étaient exploitées.

Face à l’importance des flux migratoires, les pouvoirs publics se voient souvent contraints d’imaginer des dispositifs qui leur permettront de sélectionner la migration voulue et souhaitable pour le pays. Dans cette compétition pour les talents qui oppose les pays développés, l’écosystème numérique français a un rôle essentiel à jouer. Pour l’y aider, en complément d’une simplification des procédures administratives, les titres de séjour accordés aux étudiants étrangers en France pourraient être plus simples à obtenir et les allers-retours facilités pour encourager leur mobilité.

Notre économie est de plus en plus mobile. La politique migratoire et la mobilité des travailleurs ne sont pas des enjeux nationaux mais bien européens. Le numérique est un vecteur formidable pour y apporter les meilleures réponses et en tirer tous les avantages ! 

Recevez chaque semaine l’actualité de l’Institut Montaigne
Je m'abonne