AccueilSantéUn virus clarificateur – l’impact du Covid-19 sur la politique étrangère de la FranceNote JUIN 2020Un virus clarificateur L’impact du Covid-19 sur la politique étrangère de la France SantéPARTAGERAuteur Michel Duclos Expert Résident principal et Conseiller spécial - Géopolitique et Diplomatie Michel Duclos est Conseiller spécial et Resident Senior Fellow en Géopolitique et diplomatie. Mahaut de Fougières Responsable du programme Politique internationale Mahaut de Fougières était responsable du programme Politique internationale jusqu'à Février 2023. Dans ce cadre, elle pilote les travaux de l'Institut Montaigne sur la défense, la politique étrangère, l'Afrique et le Moyen-Orient, et mène des projets transversaux au sein du pôle international. Auparavant, elle était chargée d'études sur les questions internationales, depuis 2018.Diplômée de King's College London et de University College London (UCL) en relations internationales, elle a également étudié à l'université américaine de Beyrouth (AUB).
Dans ce contexte, il y a quelque paradoxe dans l’image qui s’est imposée au cours de ces dernières semaines : celle d’un cran supplémentaire dans la "guerre froide sino-américaine". Ce sont en effet les Chinois qui ont été pour l’essentiel à l’offensive – Donald Trump et le Secrétaire d’État Pompeo enchérissant certes dans l’agressivité verbale, mais se montrant en fait peu fermes sur le fond (contre-exemple : restrictions supplémentaires sur Huawei). D’ailleurs, la "percée chinoise" s’explique en partie au moins par la fuite sans précédent du Président américain devant les responsabilités globales de son pays dans cette crise.
L’idée de résilience – des sociétés comme des économies – prend du fait du Covid-19 une résonance nouvelle.
Puis l’image d’une "gestion somnambulique" de la crise a été corrigée quand la Commission, sur le plan budgétaire, et la BCE, sur le plan monétaire, ont annoncé des décisions très fortes. La rapidité avec laquelle ces décisions ont été prises montre que les leçons des crises précédentes (2008, 2012) ont été tirées.
L’adhésion des opinions à l’Europe est maintenant liée au succès du plan de relance encore en cours de négociation entre les capitales (et dont le dénouement reste par conséquent incertain).
C’est le cas en particulier pour les pays en développement : le dernier rapport de la Banque mondiale indique que la "contraction économique massive" résultant du Covid-19 aura sur ces pays des effets en profondeur et durables (d’autant plus durables en fonction de la pauvreté des pays considérés). Nous ne pouvons d’autant moins les mesurer que le virus n’a pas fini sa course qui le porte désormais dans les pays du Sud, y compris peut-être en Afrique. Nous ignorons aussi l’impact à long terme de la crise sur la balance entre les régimes illibéraux et les démocraties.
Le Covid-19 constitue une "épreuve de faiblesse" et non une épreuve de force : aucune puissance ne sortira renforcée de la crise, mais certaines seront plus affaiblies que d’autres.
Mais la crise a aussi cruellement exposé nos faiblesses. Certes, nous avons pu marquer des points sur la dette des pays à bas revenu dans le cadre du G20 et du Club de Paris, ou avec l’initiative ACT-A autour de l’OMS. Un succès important a été l’initiative Macron-Merkel du 20 mai préparant le plan de relance européen. Mais nos efforts pour susciter une réponse internationale au G20, dans le cadre du G7 ou du P5, ou encore au Conseil de sécurité des Nations Unies sont restés vains.
Il ne s’agit donc pas pour les responsables français de substituer une carte mentale (géoéconomique) à une autre (géopolitique) mais de superposer les deux grilles de lecture.